Monday, December 27, 2010

Côte d’Ivoire: requiem pour un caïd

Alexis de Tocqueville disait que l’histoire est une galérie de tableaux où il y’a peu d’originaux mais beaucoup de copies. Comme dans un jeu de dominos, de proche en proche les violences post-électorales risquent, si on n’y prend garde, de s’étendre à d’autres pays du continent. Ce qui annihilerait tout effort de progrès démocratique auquel nous nous sommes attelés au cours des vingts dernières années. Après les sinistres précédents du Kenya en décembre 2007 où Mwai Kibaki a spolié le pouvoir de Raila Odinga après la décision des urnes et du Zimbabwé en mars 2008 où le sénile Robert Mugabé a refusé de passer le relais à Morgan Tsvangirai, la guerre de dévolution du pouvoir en Côte d’Ivoire continue de ternir l’image de notre continent et d’endeuiller des familles entières. Le refus obsessionnel, maniaco-dépressif de Laurent Gbagbo à céder le pouvoir à Alassane Ouattara constitue un sevère soufflet reçu par les démocrates africains, une prise en otage regrettable de la démocratie. Il serait difficile à ceux des illuminés authentiques qui soutiennent encore Laurent Gbagbo dans ses errements de convaincre du bien –fondé de son entêtement vicieux à refuser de lâcher du lest . Nous ne prendrons pas le parti de ce qui est contre ce qui sera. Au contraire de Ponce Pilate, nous ne saurons nous en laver les mains. Conjuguons nos voix et nos forces pour enrayer l’invasion de la république par l’anarchie. Le cas de figure actuel de la Côte d'Ivoire ne saurait être encouragé car ce faisant, il risquerait de faire des émules. Attention aux effets de domino !

La nouvelle Côte d’Ivoire bicéphale inquiète et trouble nos sommeils, à l’allure où les événements se déploient. Le pays est au bord du chaos. Le spectre d’une guerre civile tient de la probabilité, à moins que la vraie sagesse n’habite Laurent Gbagbo. Ce qui tient de l’improbable. En fait, l’homme est loin d’être fou.” La folie est de toujours se comporter de la même manière et de s’attendre à un résultat différent.” disait Albert Einstein. Laurent Gbagbo, le boulanger, a toujours usé avec un art consommé les mêmes techniques pour “rouler dans la farine” ses adversaires politiques, pour justifier ses crimes en nous disant invariablement ceci: ” je suis innocent du sang de mon peuple bien aimé”. Connaissant Laurent Gbagbo car l'ayant admiré avant d’en être déçu, suivi de bonne heure dépuis son retour de l'exil, je peux dire qu'il est un fin animal politique , très doué, possédant à ravir une capacité manoeuvrière machiavélique hors du commun, il serait naïf de croire qu'il va céder son fauteuil facilement. Il est téméraire. Avec un front et un coeur d’airain , il ne recule devant rien. Les supplices, les exactions perpétrés indifferemment contre les dioulas, les musulmans et tous les sympathisants d’ADO font de lui un poncife du crime hideux. Il devient le plus sanguinaire des princes au grand damn de Néron et d’ Henri VIII. Le malheureux peuple ivoirien n’a que trop souffert des jours de sang, des charniers, des escadrons de la mort et de calamités.
La démesure de l’ego de ce bandit l’aveugle, le fait accrocher au pouvoir contre vents et marées. En cela, il est suivi par une horde de somnambules, d’ouailles en proie à une fascination mystico-réligieuse du héro anti-impérialiste qui ne réalise pas qu’il les embarque dans une aventure incertaine et suicidaire. Les socialistes français ont refusé de jouer les thérapeutes peu scrupuleux de “son syndrome du justicier-victime”. La question qui se pose est de savoir à quel moment précis le caïd va essuyer la bourrasque. Rien ne saurait défaire ici bas un homme vicieux que son propre vice. Il faut pendre cet animal sanguinaire dans son pré carré pour attiédir les velléités d’autres pas loin de nous. Ils sont à nos portes. On ne saurait faire d'omelettes sans casser d'oeufs, la solution est militaire: ivoirienne, africaine ou internationale, peu importe. A un ami j’ai exprimé ma crainte de voir un coût humain élevé que la Côte d’Ivoire payerait à une expédition militaire expéditive. Il m’a gratifié de cette formule poétique: une fin tragique est préférable à une tragédie sans fin.

La vigoureuse levée de boucliers conjuguée avec la forte pression tous azimut achevera de briser sa résistance et de fondre son orgueil qui se refuse à se dédommager. Son obsession à renoncer à la vanité, à la concupiscence, à la mégalomanie et au nombrilisme lui fait accrocher désespérement au pouvoir. En criant au complot et en jouant la carte de la victimisation il se livre de façon paranoìaque à un divertissement ridicule. Le temps, qui n’est pas non plus son meilleur allié, joue contre lui car le tout risquera de se jouer à l’usure. Dans sa crise hallucinatoire, derrière les murs épais de son bunker volontaire du quartier chic de Cocody, il semble entendre retentir le chant funèbre de sa mort politique et physique certaines. Dans les jours à venir, il ne faudrait pas s'attendre à voir le ciel ivoirien peuplé de jolies étoiles, les nuits seront longues, les journées aussi.
Si l’ONU, les américains et les occidentaux dans leurs condamnations nous ont prouvé qu’il ont le sens de l’histoire car ne voulant plus souffrir d’une certaine culpabilité du silence devant le crime (cas du génocide rwandais), les chefs d’Etats africains, aphones, excepté le Kenya, nous avaient laissé perplexes. Et brusquement, ils sortent de leurs torpeurs et nous surprennent agréablement pour une fois par “leur courage et leur prise de position ferme”. Une franc-maçonnerie composée des Abdoulaye Wade, Comapaoré, Faure… aura t-il le courage d’envoyer un contingent militaire en Côte d’Ivoire pour la sauver? Faudrait-il voir en filigrane une certaine diplomatie souterraine de la France, marrionnettiste? Ne serait-il pas un exercice mal aisé pour ces nouveaux Dons Quichottes de l’arbitraire du pouvoir de nous prouver qu’ils sont plus sages que Laurent Gbagbo? En se regardant dans une glace, au lieu de voir Laurent Gbagbo, ne se verront –ils pas eux mêmes?
L’hypothèse la plus plausible me paraît la prise en charge de son destin par le peuple ivoirien lui même comme a su le faire vaillamment le peuple nigérien pour chasser cet autre avide du pouvoir, Mamadou Tanja. S’il y’a des causes justes, il n’y a pas d’armées justes. Donc l’armée ivoirienne a “un devoir historique de violence” à jouer. Si Michelle Alliot Marie dit qu’il n’est pas trop tard pour Gbagbo de sortir honorablement, il ferait mieux de sortir de sa rêvasserie pour méditer sur la profondeur et le sérieux de cette reflexion de Pierre Marivaux:” En général, il faut se redresser pour être grand: il n'y a qu'à rester comme on est pour être petit.”

Fatogoma Mohamed Ouattara
Orange, New Jersey
USA
Fouattara2@comcast.net
http://fouattara.blogspot.com

Tuesday, December 14, 2010

Remaniement présidentiel

Au cours de l’année écoulée, la machine gouvernementale était si grippée que la presse malienne a appelé à cor et à cri un remaniement ministériel qui a fini par devenir une espèce de fixation ridicule. Le chien a aboyé et la caravane a passé. Nous voilà à quelques encablures des échéances de 2012. Je voudrais entreprendre une audacieuse voltige résultant de la souffrance de mon patriotisme, de mon coeur et de celle de tout un peuple devant une certaine gestion de la politique au Mali. Je préfère entretenir, sans m’accommoder aux goûts des bien-pensants pour plaîre, d’un sujet qui est un tantinet iconoclaste: le remaniement présidentiel. Notre amour de la patrie malienne et la volonté réelle de la servir nous astreint à un devoir sacré de dire et d’imaginer des belles et jolies choses. Au rebours des patriotes de clocher qui se soucient de leur postes, de leurs douces situations matérielles aisées, nous nous préoccupons du bonheur de tous, de l’image et du rang de notre pays sur l’échiquier mondial.
En politique, c’est une forfaiture grave que de regarder dans le retroviseur pour contempler béatement le chemin parcouru en portant ses couronnes de lauriers pour cacher sa calvitie. Les lauriers doivent a contrario empêcher de dormir. Il tient de la sagesse de regarder l’avenir en face. Cet avenir, c’est notre présent à mettre en ordre pour paraphraser Antoine de Saint -Exupery. Pendant les deux mandats d’ATT, il y’a eu des acquis mais aussi des imperfections qu’il convient de corriger. Le pouvoir étant rupture et continuité, nous osons croire que le choix du nouveau président sera le noeud gordien. Pour le dénouer, il appartient au peuple malien de trancher le noeud pour réconquerir son autorité: la démocratie (pouvoir du peuple par le peuple). Selon la légende, quiconque aurait tranché le noeud deviendrait le maître. Se voulant le maître incontesté de la situation, le peuple malien souverain n’a pas le droit de se tromper sur le choix de son prochain Président de la République. Ce peuple blasé et désabusé ne s’est pas senti concerné par la chose politique, d’où une certaine apathie. C’est ce peuple, cocufié, de mauvaise humeur qui doit prendre son destin en main en faisant preuve de maturité en sanctionnant les politiciens qui ont sacrifié l’intérêt national sur l’autel de leurs ambitions personnelles égoïstes. La démocratie consensuelle a causé plus de tort que de biens à notre pays. Les intellectuels ont démissionné en refusant de jouer le rôle qui est le leur. La presse aussi.
Je mets alors les pieds dans les plats: d’abord, il s’impose de briser cette conception monarchique du pouvoir. Pendant les deux mandats de Amadou Touré, nous n’avons pas eu le sentiment d’être dans une République mais dans une monarchie moderée où tous les pouvoirs furent concentrés dans la main d’un seul homme qui aura exercé le pouvoir et aura fait ce qu’il a voulu. Il faudra une évolution dialectique de la personnification du pouvoir vers la République accompagnée par une consolidation des concepts de séparation et d’indépendance des pouvoirs: l’exécutif, le légistatif, le judiciaire et…..la presse. Un contre-pouvoir incarné par une opposition digne de ce nom qui conférera au pouvoir politique toute sa légitimité.
Ensuite, je me provoque la juste indignation des dieux, leurs panégyristes et leur sot bétail électoral en jetant le pavé dans la mare: je propose de conférer à notre paysage politique toute sa superbe en l’expurgeant de ses caciques, de ses mandarins, ces potentats et notables puissants. C’est un poncif que d’alléguer que le pouvoir use et émousse ceux qui l’exercent durablement. Nos mastodontes politiques possédant d’énormes défenses au propre et au figuré ont usé leur jeunesse, leur génie et talent pour servir ce pays, usé leurs yeux à force de lire les piles de dossiers administatifs, détérioré leur fond de pantalons, leurs corps robustes, connu leurs grandeurs et décadences accepteront-ils de sacrifier leur santé décadente, leurs prestiges passés, leurs étoiles pâlissant à l’apothéose d’être Président de la République?. Ayant blanchi sous le harnais, ces colosses n’ont plus rien à nous prouver si ce n’est leur silence affecté, leur gaucherie perfide, leur allégeance souterraine et subreptice qu’ils ont magistralement joué en maintes occasions lorsqu’il s’est agi de se prononcer sur les grands dossiers du pays. N’ayant pas encore perdu leurs illusions, fatigués, amoindris et avachis par l’âge, devenus stériles et budgétivores pour nos maigres ressources, nos dinosaures, ces personnages -institutions obsolescents de notre landerneau politique dont la gloire d’antan les fait accrocher à la politique malgré tout, aideraient royalement le Mali en s’éclipsant de l’univers politique. Certains hommes affidés et sbires du Général Moussa Traoré sont toujours là, insatisfaits. D’autres ont servi depuis l’avénément de la démocratie jusqu’à ce jour, insatiables aussi. Suivez mon regard ! Scrutons autour de nous pour nous rendre compte que de par le monde le pouvoir fait une salutaire cure de jouvence.
Avec une certaine ironie piquante qui est souvent une espèce de retour sur soi et qui traduit la mesure du malheur de notre façon d’avoir conçu la politique pendant ces dix dernières années, je plaisante tout en étant sérieux comme l’était Socrate dans les fameuses ironies qui portent son nom. Je propose qu’on mette en avant, qu’on discute et réflechisse sur l’idée de la présence d’une femme à la magistrature suprême, car les hommes ont démissionné. Nos hommes politiques, aphones, timides et timorés ont déçu sur toute la ligne. A la veille de l’année électorale, ils vont commencer à bruire de toutes parts pour nous ébranler les tympans avec leurs bruits de bottes et leurs déclarations incendiaires en nous promettant monts et merveilles. Triste tragédie de nos hommes politiques ridicules!
“ L’hymne de l’empire du Wassoulou proclame :
- Si tu ne peux organiser, diriger et défendre le pays de tes pères, fais appels aux hommes les plus valeureux ;
- Si tu ne peux dire la vérité en tout lieu et en tout temps, fais appel aux hommes les plus courageux ;
- Si tu ne peux être impartial, cèdes le trône aux hommes justes ;
- Si tu ne peux protéger le fer pour braver l’ennemi, donnes ton sabre de guerre aux femmes qui t’indiqueront le chemin de l’honneur ;…..………” (Regard sur le passé: Bembeya National de Guinée). Ayant lamentablement échoué, la queue entre les jambes, les hommes peuvent s’éclipser pour céder la place aux femmes qui tiendront le haut du pavé devant la médiocrité des hommes en nous emmenant vers des avenirs radieux. Louis Napoléon Bonaparte disait que: "Gouverner, ce n'est plus dominer les peuples par la force et la violence ; c'est les conduire vers un meilleur avenir, en faisant appel à leur raison et à leur cœur." Oui, les femmes, de par leur nature intrinsèque, pleines de bonté comme des agnelles ont les armes nécessaires pour toucher nos raisons et nos coeurs tout en nous embarquant vers des havres de paix , de prospérité et de bonheurs auxquels nous rêvons.
Sans être un féministe fieffé, je soutiens mordicus qu’ il serait intéressant de faire confiance aux femmes pour la Magistrature Suprême dans le Mali post ATT. N’en déplaise aux phallocrates invetérés. J’ose espérer ne pas me tromper. Ne dit on pas que l’erreur peut être exacte si la personne qui la commet se soit trompée? Si aujourd’hui on peut continuer à les appeler poétiquement le “doux sexe”, il n’en demeure pas moins inexact de les affubler du vocable de “sexe faible” tant leur présence et prouesse sur la scène politique de par le monde sont des plus impressionnantes. Avec un génie et un art incontestés somme toute féminins, Ellen Johnson-Sirleaf du Libéria, Dilma Roussef au Brésil, Michelle Bachelet du Chili, Cristina Kristner en Argentine, Angela Merkel en Allemagne, Tarja Halonen en Finlande, Corazon Aquino et Gloria Macapagal-Arroyo des Philippines, Chandrika Kumaratunga du Sri Lanka, Benazir Bhutto au Pakistan, Indira Ghandhi en Inde, Michaelle Jean au Canada ……ont fait voler en éclats une certaine conception négative de la femme quant à sa capacité de mener les affaires de l’Etat. Cette conception n’a d’ailleurs aucun fondement solide ni dans la logique ni dans la raison. Elles ont marqué et continuent de marquer de leurs empreintes indélébiles la gestion de leurs pays respectifs. Margarett Thatcher, Golda Meir, Simone Veil, Margarett Allbright, Condoleezza Rice, Hilary R Clinton…… ….nous confortent dans l’idée que les femmes peuvent être une bouffée d’oxygène quand les hommes étalant leurs limites dans la gestion du pouvoir.
Un adage italien dit qu’il faut corriger les moeurs en riant: ”castigat ridendo mores”. J’ai délibérement utilisé l’ironie qui, au contraire de la critique dont nos compatriotes sont allergiques, est l’ introspection qui cristallise les déboires et les déceptions nées de la façon de faire la politique que les politiciens nous ont imposée. Elle a le mérite de faire réfléchir et de prendre position ceux qui ont l’intelligence subtile de la saisir. Faisons attention aux aventuriers et aux opportunistes à la moralité douteuse qui ont perdu leur crédibilité aux yeux des maliens. Les femmes, symboles de la franchise, porteuses de l’instinct maternel, peuvent être, à mon goût une solution de réchange valable pour nous extirper de cette situation de méli-mélo politique au goût fort fade. Acceptons dans nos subconscients puis dans nos consciences, la venue des femmes d’Etat qui viendront nous gouverner au contraire de ces hommes véreux, gloutons, qui périssent presque tous dans les travers de la petitesse en osant s’essayer au pouvoir à vie, à la mégalomanie, au narcissisme et à l’égocentrisme.
Je n’ai qu’une prière: fasse ALLAH qu’une femme patriote, ambitieuse et visionnaire trône sur Koulouba en 2012. Il appartient aux femmes de le vouloir. Ce que femme veut, Dieu le veut. Au peuple malien de le vouloir aussi.


Bonne année à toutes et à tous,
Que la nouvelle année qui va commencer soit synonyme de paix sociale, de réussite , de bonheur partagé et nous éloigne des démons de la division. Par délà nos divergences idéologiques et politiques, soyons unis dans un Mali uni et prospère.


Fatogoma Mohamed ouattara
Fouattara2@comcast.net
http://fouattara.blogspot.com
Orange, New Jersey
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