Sunday, March 27, 2011

Mars 1991-Mars 2011


Mars 1991-Mars 2011
Vingt ans après: révolution ou involution?





Ante scriptum: cette réflexion a été originellement offerte au journal “info-matin” à l’occasion du vingtième anniversaire de mars 1991



Mon credo est qu'en politique, c'est une forfaiture que de regarder dans le rétroviseur. Je le crois, parce que c’est absurde (Credo quia absurdum). Cependant, il tient de la sagesse, en un moment ou à un autre de la vie, que de s'arrêter pour faire le point du trajet parcouru. Dresser une espèce de bilan résumant les acquis et les tares, les comptes d’actif et de passif tient de la rationalité. Après une bonne vingtaine d'années d'exercice démocratique, n’étant pas honnêtement à même d’offrir un portrait idyllique et paradisiaque, j’aurais aimé pour une fois, ne pas offrir une image kafkaïenne de la situation d’ensemble de l’évolution de notre pays. Il m’est cependant difficile de me départir de la fresque cauchemardesque et sinistre de notre société malienne actuelle où de nouveaux bourgeois bureaucratico-compradores ont fait main basse sur le Mali. Cette” objectivité extrêmement étrange” m’amène à offrir ma réflexion, de façon alambiquée, sous une forme interrogative. A chacun de la répondre avec sa propre sensibilité ou selon qu’on se place derrière une oeillère ou une grille. La façon atypique qu’est la mienne de célébrer la messe risque de me faire paraître comme un rabat -joie. Que me soit permis de poser quelques vastes interrogations qui m’écrabouillent la tête. Ces vingt ans, seront ils consacrés à solenniser nos fragiles et timides acquis suffisants pour mériter la grâce divine ou à commémorer la mémoire de ceux-là qui sont vaillamment morts sur les champs d’honneur? Les beaux cantiques des panégyristes, des crapauds des marais chantés à la gloire de leurs idoles (Konaré et Touré) vont ils se mêler inextricablement aux pleurs de tristesse qui célèbreront nos martyrs morts? Allons nous couronner d’applaudissements, de discours dithyrambiques et laudatifs le héros de mars 1991 pour qui, certaines ouailles soumises à une fascination mystico-religieuse sont prêtes à mourir? (ATT anbé sa ino fè: ATT nous mourons pour toi). Allons nous tresser des couronnes de lauriers pour Alpha Oumar Konaré et ses compagnons dont le passage à la magistrature suprême de notre pays ne fut pas des plus catholiques? Allons nous nous interroger sur le scrupule de ceux qui ont dirigé la transition et les convier dans un prétoire ? Ou célébrerons nous la mémoire de ceux qui ont disparu sous la charge de la dictature de Moussa Traoré? Ou après un sage exercice d'introspection, allons nous prendre du recul à seule fin de corriger nos lacunes?
Dans la vie des hommes ou des peuples, il est des événements qui méritent d’être célébrés. Soit on les célèbre dans la joie et l’allégresse dans une atmosphère purement ludique ou on les fête dans une espèce d’introspection qui est une période de réflexion, et d’autocritique par un retour vers soi même. Notre choix de l’une ou l’autre manière dépendrait de l’acception qu’on aurait volontiers donné aux vocables de révolution et d’involution.
Sur le plan politique, les mêmes acteurs omnipotents sont toujours là, faisant et défaisant la vie politique de la nation à souhaits. Ceux qui ont été les compagnons fidèles du Général Moussa Traoré sont aujourd'hui les maîtres d'oeuvre de la vie politique malienne si bien que l'âge venant , on se trouve en face de gérontocrates qui croient toujours à leur destin national. Cette sénescence politique révèle notre incapacité à renouveller notre classe politique alors que tout autour de nous dans le monde la classe politique prend un salutaire bain de jouvence. Les intérêts particuliers des politiciens ont pris le pas sur l’intérêt national, ce qui n’a pas manqué d’engendrer une effroyable coupure sociale. La richesse ostentatoire et insolente d’une nouvelle classe malhonnêtement enrichie nargue cyniquement le bas peuple qui ne sait plus à quel saint se vouer. D’où une certaine apathie et une crise de confiance. La faillite morale et éthique des hommes politiques a dramatiquement pris les allures de problème insoluble telles la trisection de l’angle, la construction de l’heptagone régulier, ces problèmes de géométrie sans issue dans l’Antiquité grecque. La corruption et son corollaire, le saccage des déniers publics sont restés au travers de la gorge des maliens telles des arêtes de poisson.
Le multipartisme débridé a été un échec cuissant pour notre pays. Il est ridicule pour un petit pays de 13 millions d’âmes, sans ressources véritables, d’avoir une escarcelle garnie de plus de 130 partis politiques. Le besoin de revoir notre copie s’impose.
En 1997, en butte à sa premiere crise instituionnelle, notre démocratie a failli être victime de sa maladie infantile. Ce qu’on avait perçu comme la manifestation de mauvaise humeur d’un petit merdeux est malheureusement présent comme maladie d’adolescence. Chacun de nous a conscience des imperfections de notre code électoral. Au lieu de le raboter pour lui en donner de nouvelles moulures agréables, on préfère attendre la dernière minutes pour nous offrir un travail bâclé. A la présentation du rapport de Daba sur la réforme institutionnelle, il s’est imposé au bon sens de mettre la râpe sur le sabot du cheval de troie qu’on nous avait présenté. Une espèce de nébuleuse semblait étrangement planer sur ce texte. A quelques encablures des consultations présidentielles, rien n’a été fait comme si les dirigeants se plaisaient à maintenir le flou et la confusion. Quelle approximation! Ce texte imparfait va –t-il être un autre cri de douleur pour les maliens?

Sur le plan social, le tableau n’est guère reluisant. Le panier de la ménagère est dramatiquement vide. Les retraités volontaires de la fonction publique sont venus grossir le nombre des jeunes chômeurs sortis de nos écoles, véritables fabriques en la matière. Tant de familles assises sur de véritables malles aux trésors, tirant le diable par la queue, obérées de dettes, affaiblies par les effets progressifs et lents de la pauvrété et de la misère, sans ressource et tombées dans la dernière nécessité, ne savent plus à quel saint se vouer. Combien en sont-ils pendant ces vingt dernières annnées à s’être immolés à l’eau et à la terre, ces jeunes gens désoeuvrés à la recherche du bien être par délà leur pays? Le chômage, l’insertion des jeunes, l’insécurité, le déficit public, la faillite morale et éthique….sont des réalités criardes de notre pays.
L’école malienne est dans le creu de la vague depuis des lustres. Le forum visant à la sauver fut une véritable diversion. “L’Enseignant” et le “Militaire” ont tous deux piteusement échoué à l’arracher des affres de sa lente agonie. Le niveau de l’élève malien des vingt dernières années laisse à désirer. On s’interroge sur l’avenir du Mali dans les années à venir.
Si le Mali peut se targuer d’avoir un paysage audiovisuel luxuriant avec plus d’une centaine de radios privées, une télévision nationale qui régente l’information avec passion, on peut être à bon droit de se poser la question de savoir si la notion de liberté d’opinion et d’expression, le droit de l’information sont des réalités tangibles. Certains journaux n’existent que par la présence de certains plumitifs prompts à se laisser soudoyer au grand mépris de la déontologie de ce noble métier. La presse qui aurait du jouer le rôle qui est le sien dans cette atmosphère de monarchisme modéré qu’on nous a imposé, n’a pas pu courageusement jouer son rôle de contre pouvoir. Craignant offenser les Dieux de Koulouba, elle fut timorée comme si l’histoire de la “maîtresse du Président” a tempéré ses ardeurs et affecté son imagination.
Un autre Mali était possible. Nous n’avons assisté à la mise sur pied d’aucun projet de développement sérieux. Le pays fut soumis à la fourche caudine du Fonds Monétaire International et de la Banque Mondiale avec son corollaire de drames sociaux. Un désespoir mortel a succédé à la privatisation sauvage de nos enterprises d’Etat. Avec une population d’environ 13 millions, le Mali exporte peu, importe beaucoup. Tout se fait avec l’aide des partenaires économiques et financiers. Une situation qui nous fait ridiculement nous accrocher aux basques des autres et à leur bon vouloir. On ne saurait reposer le développpement d’un pays sur l’empathie, la bienveillance, l’altruisme des autres. On les appelle affectueusement et ridiculement au bord du fleuve djoliba, “les partenaires économiques et financiers” Il faudrait de véritables projets de développement audacieux pour aspirer entrer dans le gotha des pays émergeants. L’élaboration de véritables projets de développement n’est pas tant une dette que les politiciens des vingt dernierès années doivent au Mali mais l’aveu de ce qu’ils doivent par la volonté réelle de prévoir un avenir radieux dans l’indépendance. Hélas! Aucun effort réel n’a été entrepris dans ce sens. La réforme agraire, l’école adaptée aux exigences du monde moderne, l’industrialisation et l’exportation sont le sésame, ouvre-toi. Nos dirigeants ont agi autrement.

Faudrait-il concevoir, stricto sensu, notre révolution dans une acception purement astronomique: retour d’un astre au point où il était parti? Ou devrions nous l’approcher lato sensu, en la définissant comme un événement aux allures historiques qui a lieu dans un groupe où une communauté humaine en insurrection prend le pouvoir au prix de sacrifices en vue de changements profonds, d’une remise en cause radicale? Ces changements affectent la vie politique, économique, sociale...). Faudrait-il aborder l’involution sous une optique purement philosophique qui s’entend comme un développement inverse de l’évolution, un retour à l’homogène, à l’uniformité? Si dans le Cid, le choix entre l’amour et l’honneur fut cornélien, la difficulté et la douleur du mien est entre révolution et involution. A chacun de faire son choix et de répondre à mon dilemme. Comme le disait William Shakespeare, le célèbre poète et dramaturge anglais: “That’s the question!”.
Fatogoma Mohamed ouattara
Orange, New Jersey
USA
Fouattara2@comcast.net
http://fouattara.blogspot.com

Sunday, March 13, 2011

La drôle de guerre.




Etrange particularité que celle du landerneau politique malien! Après la démocratie consensuelle, va t-on assister à la drôle de guerre? Si la drôle de guerre est née de la déclaration de guerre entre l’Allemagne et les Alliés, celle à la malienne va t-elle précéder la période des conflicts pré-électoraux et post-électoraux? L’escarmouche déloyale engagée ces derniers temps par le Pr Bretaudeau à l’encontre du Parena constitue à n’en pas douter les prémisses d’interminables combats de fleurets mouchetés que certains intellectuels brusquement surgis des bois vont livrer aux partis politiques dans les mois à venir. Le professeur Alhousseini Bretaudeau a commis un esclandre. Dire que " un mauvais fichier électoral vaut mieux que l'absence de fichier électoral" ou "des élections un peu sales valent mieux que pas d'élections" est une véritable pierre de scandale. Je conteste ce principe d'expression de la volonté populaire en proposant ironiquement le vote à main levée. D’autres coups de jarnac suivront. C’est une évidence que de dire que l’opposition malienne a été majoritairement frileuse, aphone et complaisante vis à vis de l’exercice du pouvoir monarchique de Amadou I &II. Si nous devons nous souvenir qu’il y’a quelques partis politiques qui, dans cette situation de méli-mélo, ont courageusement tiré leurs épingles du jeu, il serait inujuste d’en venir à oublier le Parena. Nos intellectuels maliens qui s’étaient volontairement et complaisamment murés dans leurs tours d’ivoire, veulent subitement sortir de leurs cachettes et du haut de leurs chaires professorales daignent nous dispenser ex cathedra des cours de sciences politiques. Il tient de la banalité que de se livrer au double jeu du silence et de la parole. Nous leur demandons, par respect pour notre démocratie –qui va cahin caha en suivant son petit bonhomme de chemin-de bien vouloir rester derrière la ligne maginot ou alpine derrière laquelle ils se sont volontairement retranchés. Qu’ils aient la décence de se taire. A quelques encablures des échéances électorales, d’autres partis politiques ne manqueront pas d’enjamber la ligne Siegfried qu’ils s’étaient tracée pour mener d’autres assauts .
Dans la situation socio-politique dégradante de notre pays, devant la démission des partis politiques dans leur majorité, nous avons souhaité voir des intellectuels révolutionnaires, engagés pour jouer le rôle de contre-pouvoir. Je pousse l’outrécuidance à poser la question de savoir combien sont-ils ces intellectuels maliens qui peuvent se targuer d’avoir défrayé la chronique par leur courage et leur engagement politique aux côtés des masses populaires? Et Dieu seul sait s’il y’avait des causes justes pour lesquelles ils devraient s’enflammer ! Au lieu de dénoncer les dérapages du régime actuel et contrarier le prince, ils ont joué la politique de l’autruche en cachant leur tête dans les livres encyclopédiques. Nous nous doutions qu’ils avaient une conscience politique ces personages-doctes ès comédie. Selon Platon, ils ressemblent à des Athéniens qui excellent dans l’abondance et l’élégance du parler. Leur éloquence ne serait-elle pas une injure à la réalité sociétale ambiante ? Si la Libération a donné naissance à Sartre, prototype de l’intellectuel engagé politiquement, qu’est ce que notre révolution de mars 1991 aura t-elle enfanté? Une caste d’intellos bourgeois avec une “mauvaise foi” de sa conscience qui se cramponne à ses avantages administratifs. Raymond Aron, philosophe et politologue français touché par la muse disait que chaque pays génère ses intellectuels.
Quel procès de mauvais aloi veut on intenter au Parena? Certains nostalgiques veulent ils revoir le scenario de la situation délétère dans laquelle ont lieu les élections de 1997 ou de 2007? Le crime de ce parti politique est d’avoir eu la sagesse de nous demander de prendre des dispositions en vue d’éviter une re-belotte. Point n’est besoin d’être pythonisse ou devin pour augurer un monstrueux tohu bohu à n’en plus s’entendre aux lendemains des prochaines élections présidentielles. Ce qui se passe actuellement au Bénin doit nous enseigner. La Côte d’ivoire et la Guinée furent en butte aux mêmes casus beli. C’est simpliste et primaire d’honorer notre démocratie en se satisfaisant de l’aberration de l’autoflagellation et de l’autodafé en disant que le Mali est un exemple de démocratie. Allons nous offrir au reste du monde, après nos élections, l’image de nos jacasséries? A l’instar de ceux qui n’ont pas prévenu, allons nous reporter la date de nos consultations, compter et récompter les voix, légitimer le CENI au détriment de la Cour Constitutionnnelle ou vice versa? Les sages ont toujours prévu mais ont-ils été toujours compris? Oui ! les membres du Parena sont de vrais patriotes, les mauvais patriotes sont ceux là qui ont oublié les fautes des processus électoraux antérieurs. La vraie faute n’est elle pas celle qu’on ne corrige pas? Peut on nous garantir la toute perfection de notre code électoral? Pourquoi le black-out total sur le RAVEC? Connaissant les approximations du pouvoir actuel, serait- ce erronné de dire que toutes les précautions utiles sont déjà prises exceptés nos cartes d’électeurs, le matériel électoral? La sagesse pratique voudrait qu'on s'y attèle hic et nunc.
Je voudrais dans mes propos, attirer l’attention des uns et des autres sur l’attitude de cette bourgeoisie nouvelle privilégiée qui au Mali s’est contentée de s’aggriper à ses avantages, de se cloîtrer dans le luxe douillet des bureaux administratifs, des bibliothèques et des chaires universitaires et qui a oublié qu’elle avait une responsabilité sociale consubstancielle à son statut d’intellectuel. Il n’est nullement dans mes intentions de gloser sur le rôle de l’intellectuel dans une approche historique mais plutôt dans une approche sociopolitique visant à secouer un tant soit peu tel un cocotier l’orgueil nobiliaire de ces intellos, ennemis de notre démocratie de par le péché de leur concupiscence. A la faveur des progrès fabuleux des moyens de communicaction à travers les réseaux sociaux, l’internet, les fora de discussion, ils n’ont pas réalisé que la communication est essentielle, simple et accessible pour jouer leur partition avec des prises de position audacieuses dans les enjeux sociaux et politiques. Allergique à la contestation, consciente que tout enjeu comprend des conséquences, elle ne s’est pas risqué de perdre ses avantages. Nous nous inquiétons de l’attitude cynique de retrait, de démission sous-tendue par une propagande ou une théorisation à leurs profits et à ceux du pouvoir. Véritables ennemis de notre démocratie, ces épigones de Joseph Goebbels, spécialistes de la manipulation de l’opinion publique et de la démagogie, veulent user de manoeuvres dilatoires obscures pour fausser notre perception de notre réalite socio-politique. Alors extrême méfiance! N’oublions pas qu’un autre grand intellectuel, docteur de son état, excelle à régenter l’information avec passion dépuis son quartier-bunker de Bozola. N’oublions pas que le légendaire Paul Joseph Goebbels était un très grand intellectuel. On connait la suite.
La chute du mur de Berlin a fondamentalement modifié la carte de l’Europe. Le nouveau vent venu de Bouazizi (la Tunisie) va radicalement modifier la carte démocratique de notre continent, les consciences aussi. Le peuple malien est sorti de la candeur de son enfance. Il conjugue maturité et transcendance. Maître de son destin, il a le pouvoir de “néantiser” aujourd’hui le déterminisme, la fatalité que certains voudraient s’ingénier à lui imposer. Vivement que le Parena fasse des émules dans notre univers politique! Les porteurs de nouveaux messages ont toujours malheureusement porté le chapeau. Si d’aventure, la manipulation politique, la médisance et la calomnie venaient à avoir raison du courage et du patriostisme du Parena, je leur dirais de cogiter sur la profondeur de cette sagesse de Thomas Edison de mon cher New Jersey: “ Je ne me décourage pas car toute tentative infructueuse qu’on laisse derrière soi constitue un pas en avant.”.
Fatogoma Mohamed Ouattara
Orange, New Jersey
Fouattara2@comcast.net
http://fouattara.blogspot.com



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Tuesday, March 8, 2011

Misère au temps des élections présidentielles de 2012





L’historiographie se plaira un jour à consigner dans les livres que sous le monarchisme constitutionnel d’Amadou Toumani Touré, l’opposition politique malienne fut mystérieusement absente, aphone, au nom d'une curieuse démocratie consensuelle. Mais curieusement, tous ceux des politiques qui étaient frappés de laryngite chronique trouveront subitement l’usage de la parole à la faveur des élections présidentielles. Cette "opposition" n'eût d'autres intérêts que les siennes. Le pauvre peuple malien aura pris les allures de maître aliboron de cette farce de Maître Pathelin. A quelques encablures des présidentielles, les états-majors de ces soi-disant partis de gauche redynamisant leurs structures, partiront pour leur offensive de charme à la conquête d'un électorat blasé et désabusé. Ceux qui avaient perdu l'usage de la parole ne manqueront pas de bruire au point de nous tympaniser telles des pétrôleuses avec leur bruit de bottes, leurs déclarations incendiaires et leurs promesses mirobolantes. Ils vont “:criailler à nos oreilles comme qui verserait dans un entonnoir “et notre charge serait de rire d’eux sous cape. Telle dans une jungle, ils vont se déchirer, s'offenser, se haïr, se dire des misères. Véritable misère d'une période électorale!
Molière ne croyait pas se tromper en mettant dans la bouche d’un de ses acteurs, Tartuffe dans la pièce qui porte son nom :
« Le scandale du monde est ce qui fait l’offense,
Et ce n’est pas pécher que pécher en silence »
L’opposition malienne, muette comme une carpe, n’a pas su jouer sa partition de contre-pouvoir au régime de Amadou Touré. Un véritable péché, ce silence exaspérant et cette démission qui ont fait de la politique une espèce de misère pour les maliens. Pour ce peuple qui n'est plus un enfant de choeur, la question qui se pose est de savoir combien sont-ils à être crédibles?
Il tient de la sagesse pratique que de ne pas trier mais plutôt de brûler quand le champs est envahi par de mauvaises herbes. Comme la nature et la politique ont horreur du vide, nous n'aurons d'autres choix que de réfléchir mûrement puis débrouiller et trier sur le volet le futur locataire du palais de Koulouba.
Modibo Sidibé
Certains analystes politiques mettent en avant sa longévité et la diversité des postes occupés dans notre système politico-administratif : directeur de cabinet du chef de l’Etat sous la transition, une décade dans le fauteuil ministériel sous Konaré, une demie-décennie comme sécrétaire général de la présidence, puis locataire de la Primature dépuis le début du second et dernier mandat de Touré.
L’arbre ne doit pas cacher la forêt. Sa présence dans la gestion du pays dépuis l’avénément du Mali démocratique ne plaide pas en sa faveur, me semble-t-il. Il doit humblement partager la responsabilité de l’échec de son dernier serviteur quant à la lutte contre la corruption et la délinquence financière. Même si sa moralité n’est pas douteuse(qui sait ?), il a dirigé une “ Caverne des Grands Voleurs”, une véritable équipe d’écornifleurs appparentée à une plutocratie doublée d’une kleptocratie. Pourquoi n’a-t-il pas rendu le tablier pour soigner son image de futur présidentiable qui est malheureusement écornée par ce péché? Il partage avec ATT le bilan mitigé de sa gouvernance dans bon nombre de domaines. L’échec cuissant de la fameuse initiative-riz ne plaide nullement en sa faveur. Et enfin, l’homme semble être distant et reservé, d’une grande froideur qui frise à la limite l’impassibilité et l’indifférence, ce qui serait de nature à lui coûter sa tête s’il n’y prend garde. Il a l’air d’une statue de cire au Musée Madame Tussaud de Londres, d’un marbre d’Italie qui ne s’émeut pas en raison de son flegme, de sa froidure à moins qu’il n’ait un coeur chaud, attendrissant et plein de grâce pour se pencher sur les préoccupations et les douleurs profondes du peuple.
Ibrahim Boubacar Keita du RPM (Rassemblement Pour le Mali), véritable dinausaure qui veut faire de la politique une carrière. Il est le prototype de la mastodonte politique, au propre et au figuré. Il a connu ses grandeurs et sa décadence, mais refuse d’être habité par la sagesse qui lui ferait renoncer au prestige de la couronne suprême. Ne réalise-t-il pas qu’il a blanchi sous le harnais et que son étoile a pâli depuis belle lurette? Il n’a pas grand’chose à prouver si ce n’est ses gaucheries perfides, ses allégeances souterraines et subreptices quand il s’est agi pour lui de faire preuve de courage politique pour se prononcer sur les grands dossiers de ce pays. Le rêve obsessionnel de son hypothétique diadème présidentiel l’a rendu toujours aphone et complaisant. La gloire passée de ce personnage-institution ne saurait être un argument massue pour lui quand l’heure du choix aura sonné. Il a intérêt à s’éclipser en sortant par la grande porte.

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Soumaila Cissé
Cet ancien ministre de l’Economie et des finances de Alpha Oumar Konaré sera le probable candidat de URD (Union pour la République et la Démocratie ). Sorti de la matrice de l'Adema, ce parti et son candidat ne sont pas exempts de reproches. Dépuis sa création en Juin 2003, il ne s'est pas fait entendre sur les grands sujets brûlants concernant la vie de la nation. Ils n'ont eu pour ambition que de glaner des fauteuils ministériels et parlementaires. Riche comme Crésus, brillantissime intellectuel, ce candidat naturel, peut il inspirer confiance quant à son choix à la magistrature suprême? Cet ange des ténèbres peut –il se reconvertir et aspirer à la redemption pour conquérir nos coeurs? Ses crimes consacrés en seraient –ils moins des crimes? La reminiscence de ces souvenirs risque d’éclairer le peuple. Il ne serait pas désenchanté de voir le peuple malien oublier sa gestion peu glorieuse de la CMDT et de l’ACI. Il lui serait aussi difficile de se démêler des affaires de casseroles de son parti originel qu’est l’ADEMA. De sa tour d’ivoire de l’UEMOA, il a adopté une attitude de retenue et de précaution vis à vis du débat politique interne. Après son échec de 2002, avec la carte de la revanche en mains, il aspire faire valoir les arguments qui sont les siens pour grimper à Koulouba. Un candidat sérieux avec lequel il faudrait compter. Ses chances de succès existent.
Diancouda Traoré -ADEMA-PASJ: orateur froid, manquant effroyablement de bagout, incapable de toucher et convaincre son auditoire et soi-même. Est –il à même d’enflammer les foules? Ce parti mythique qui porte une grande responsabilité dans la dérive de notre pays, ne risquerait-il pas d'être victime des ambitions personnelles de ses nombreux caciques qui majoritairement traînent des casseroles? Les ambitions individuelles, la cristallisation des rancoeurs des uns et des autres dans le canevas d'une division risqueront à coup sûr d'être fatales à leur candidat.
Le PDES
Parlant du PDES et de son candidat, permettez moi de pasticher Jean de la Fontaine en disant :
“La cigale, ayant chanté
Tout l’été,
Se trouva fort dépourvue.
Quand la bise fut venue;
Pas un seul morceau
De mouche ou de vermisseau”
Le peuple malien mature, n'ayant pas la mémoire courte et ne souffrant d'aucune cécité sensorielle est témoin de ceux là qui le narguent au quotidien avec un luxe insolent à l'antipode de sa misère existentielle. Va-t-il accepter d'accorder son suffrage moyennant des t-shirts, des képis, du sucre, du thé et quelques billets de banque? Le sage peuple malien sera -t-il prêt à donner les moyens à cette nouvelle bourgeoisie dont la posture frise le cynisme le plus révoltant, de s'enrichir de plus belle? Une bande de flagorneurs et de panégyristes-prébendiers qui ont vécu, à tout venant, au dépend d'un Prince- complice qui leur aura tout permis. Tout sauf le PDES dans un Mali revanchard désireux de changement et de rébondissement. Les maliens ne seront pas candides, suicidaires et sadiques pour accorder leurs suffrages à ces bouffons et fous du roi Amadou Toumani Touré qui ont été les faussoyeurs de notre économie en devenant des milliardaires; ces bouffons attitrés assez amusants qui ne seront pas gênés aux entournures pour narguer le peuple malien après avoir cyniquement et impunément vidé ses déniers. Ces saltimbanques vont se livrer aux spectacles de rue, aux méga-meetings politiques pour amuser et abuser de la crédulité de la populace en lui promettant monts et merveilles. Le bruit des casseroles qu’ils traînent derrière eux est tellement strident qu’il empêchera les électeurs maliens à succomber naïvement au son de leurs sirènes tentatrices, de leurs promesses mensongères.

Les jeunes loups: Moussa Mara, Mamadou Djigué “Jeff”, Cheick Boucadary Traoré ”bouga”, Bamba Gagny Kiabou, Kassoum Coulibaly, Abidine Ould Ganfoud (peut être reviendra –t-il sur sa décision?), Madani Tall, Amadou Diarra, Abdoulaye Diallo, des inconnus du grand public et les compléments d’effectif ou figurants tenteront leurs chances sans vraiment croire en leurs étoiles, mais ils attendront leur heure qui n'aura pas encore sonné. A ces fretins de se rapppeler la sagesse de La Fontaine:
“Petit poisson deviendra grand
Pourvu que Dieu lui prête vie;”
En politique, la patience et le rêve sont des vertus.
Cheick Modibo Diarra
Lui, ce n’est pas du fretin, on peut l’appeler avec respect et égards Docteur Modibo Diarra. Il en impose par son curriculum vitae hors du commun. L’homme docte ou l’homme politique? Voici toute la question. Comme dans une compétition sportive on pénalise les meilleurs pour niveler les chances des compétiteurs, il ne serait pas déplacé de parler de handicap chez Cheick M Diarra. D’abord son agréable et étroite proximité d’avec la famille de l’ancien dictateur Traoré n’est pas le plus grand avantage pour arracher le coeur d’une large frange de la population électorale encore circonspecte vis à vis de ce génie qui est une fierté nationale. Dans un second temps, son tableau de chasse politique ne semble pas être des plus garnis. A la vérité, en fait d’engagement politique, il n’a pas d’attestation honorable. Il a posé quelques actes philanthropiques qui s’apparenteraient à s’y méprendre à une opération de charme auprès des populations locales. Ses détracteurs ne manqueront pas de franchir le rubicon en lui rappelant..

Zoumana Sacko- Oumar Mariko: le probable duo gagnant
Avec le nombre pléthorique des candidats, tout se jouera à la faveur des alliances entre partis politiques mais aussi à la bourse qui fera mieux que la harangue et les projets de societés. C’est un aphorisme politique que de dire que l’union fait la force. Dans cette course marathon pour Koulouba, le vraisemblable duo choc gagnant avec une capacité de résilience à toute épreuve s’avère être le ticket : Zoumana Sacko_Oumar Mariko, qui entend le chic et versé dans les subtilités et finesses de l’arcane politico-administratif. Cette hypothèse est plausible, non pas pour la croire avec une certitude absolue, mais croire qu’elle a des chances sérieuses de succès. Deux surdoués politiques au courage exceptionnel, pour lesquels les consciences morale et professionnelle ne sont pas de vains mots. Dans le contexte de morosité sombre et pâteuse dans lequel se trouve notre pays, nous osons espérer vivement que ces deux hommes de proue de la politique malienne feront preuve de grandeur d’âme et de patriotisme en formant un couplage salutaire tout en donnant tort à la fameuse maxime de La Rochefoucaud: “Toutes les vertus des hommes se perdent dans l’intérêt comme les fleuves se perdent dans la mer”. ”L’union fait la force. Oui. Mais la force de qui?” disait Alain. Il faudrait que l’un accepte de renoncer à ses ambitions présidentielles, de travailler à l’ombre de l’autre. Il ne faut pas se leurrer: l’héritage légué par ATT, ami de la corruption et des voleurs à col-blancs, ne sera pas des plus simples à gérer. Il laisse derrière lui un pays qui va désespérement à vau-l’eau. Il nous faut un Deus ex machina, ce dieu grec qui apportait providentiellement un dénouement heureux à une situation désesperée, pour transformer le désespoir ambiant en espérance. La complementarité synergique entre ces deux hommes aux personnalités intrinsèquement différentes ne pourra que permettre au Mali de réaliser le bond qualitatif, des performances socio-économiques d’échelle insoupconnées. Cependant, la synergie négative ou l’antagonisme entre eux serait préjudiciable aux attentes qu’un Mali en panne placerait en eux. .
Si ces deux hommes, acceptent de sacrifier leurs ambitions personnelles sur l’autel de l’intérêt national, ils pourraient constituer une espèce de sysmothérapie, un électrochoc qui ne manquerait pas d’insuffler le souffle de printemps pur et salutaire dont le Mali a besoin.
Avec des yeux de lynx, ils sauront décéler les fourberies et le ridicule des judas de ce combat de jungle luxuriante et dense de près de (130)cent trente partis politiques.
Il est un impératif catégorique que d’élaborer une véritable stratégie politique de conquête de pouvoir en fonction de leurs forces et faiblesses et des réalités spécifiques du landerneau politique malien où tous les impondérables sont envisageables.

“Nous sommes tous obligés, pour rendre la réalité supportable, d’entretenir en nous quelques petites folies.” disait Marcel Proust. Cette élucubration était l’expression de ma petite folie dans laquelle je persiste à seule fin d’appartenir au cercle restreint des sages. Une monstrueuse aberration fait croire à certains bien-pensants qu’en me frondant vertement pour avoir pensé autrement qu’ils prouveront leur raison. “La raison et la vérité ne sont-elles pas communes à chacun de nous? “La raison est elle garant de ce que fait un fou?” Peut être comme le fou de Jean de la Fontaine, je vends la sagesse.
A bon entendeur salut!



Fatogoma Mohamed ouattara
Fouattara2@comcast.net
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