Monday, December 27, 2010

Côte d’Ivoire: requiem pour un caïd

Alexis de Tocqueville disait que l’histoire est une galérie de tableaux où il y’a peu d’originaux mais beaucoup de copies. Comme dans un jeu de dominos, de proche en proche les violences post-électorales risquent, si on n’y prend garde, de s’étendre à d’autres pays du continent. Ce qui annihilerait tout effort de progrès démocratique auquel nous nous sommes attelés au cours des vingts dernières années. Après les sinistres précédents du Kenya en décembre 2007 où Mwai Kibaki a spolié le pouvoir de Raila Odinga après la décision des urnes et du Zimbabwé en mars 2008 où le sénile Robert Mugabé a refusé de passer le relais à Morgan Tsvangirai, la guerre de dévolution du pouvoir en Côte d’Ivoire continue de ternir l’image de notre continent et d’endeuiller des familles entières. Le refus obsessionnel, maniaco-dépressif de Laurent Gbagbo à céder le pouvoir à Alassane Ouattara constitue un sevère soufflet reçu par les démocrates africains, une prise en otage regrettable de la démocratie. Il serait difficile à ceux des illuminés authentiques qui soutiennent encore Laurent Gbagbo dans ses errements de convaincre du bien –fondé de son entêtement vicieux à refuser de lâcher du lest . Nous ne prendrons pas le parti de ce qui est contre ce qui sera. Au contraire de Ponce Pilate, nous ne saurons nous en laver les mains. Conjuguons nos voix et nos forces pour enrayer l’invasion de la république par l’anarchie. Le cas de figure actuel de la Côte d'Ivoire ne saurait être encouragé car ce faisant, il risquerait de faire des émules. Attention aux effets de domino !

La nouvelle Côte d’Ivoire bicéphale inquiète et trouble nos sommeils, à l’allure où les événements se déploient. Le pays est au bord du chaos. Le spectre d’une guerre civile tient de la probabilité, à moins que la vraie sagesse n’habite Laurent Gbagbo. Ce qui tient de l’improbable. En fait, l’homme est loin d’être fou.” La folie est de toujours se comporter de la même manière et de s’attendre à un résultat différent.” disait Albert Einstein. Laurent Gbagbo, le boulanger, a toujours usé avec un art consommé les mêmes techniques pour “rouler dans la farine” ses adversaires politiques, pour justifier ses crimes en nous disant invariablement ceci: ” je suis innocent du sang de mon peuple bien aimé”. Connaissant Laurent Gbagbo car l'ayant admiré avant d’en être déçu, suivi de bonne heure dépuis son retour de l'exil, je peux dire qu'il est un fin animal politique , très doué, possédant à ravir une capacité manoeuvrière machiavélique hors du commun, il serait naïf de croire qu'il va céder son fauteuil facilement. Il est téméraire. Avec un front et un coeur d’airain , il ne recule devant rien. Les supplices, les exactions perpétrés indifferemment contre les dioulas, les musulmans et tous les sympathisants d’ADO font de lui un poncife du crime hideux. Il devient le plus sanguinaire des princes au grand damn de Néron et d’ Henri VIII. Le malheureux peuple ivoirien n’a que trop souffert des jours de sang, des charniers, des escadrons de la mort et de calamités.
La démesure de l’ego de ce bandit l’aveugle, le fait accrocher au pouvoir contre vents et marées. En cela, il est suivi par une horde de somnambules, d’ouailles en proie à une fascination mystico-réligieuse du héro anti-impérialiste qui ne réalise pas qu’il les embarque dans une aventure incertaine et suicidaire. Les socialistes français ont refusé de jouer les thérapeutes peu scrupuleux de “son syndrome du justicier-victime”. La question qui se pose est de savoir à quel moment précis le caïd va essuyer la bourrasque. Rien ne saurait défaire ici bas un homme vicieux que son propre vice. Il faut pendre cet animal sanguinaire dans son pré carré pour attiédir les velléités d’autres pas loin de nous. Ils sont à nos portes. On ne saurait faire d'omelettes sans casser d'oeufs, la solution est militaire: ivoirienne, africaine ou internationale, peu importe. A un ami j’ai exprimé ma crainte de voir un coût humain élevé que la Côte d’Ivoire payerait à une expédition militaire expéditive. Il m’a gratifié de cette formule poétique: une fin tragique est préférable à une tragédie sans fin.

La vigoureuse levée de boucliers conjuguée avec la forte pression tous azimut achevera de briser sa résistance et de fondre son orgueil qui se refuse à se dédommager. Son obsession à renoncer à la vanité, à la concupiscence, à la mégalomanie et au nombrilisme lui fait accrocher désespérement au pouvoir. En criant au complot et en jouant la carte de la victimisation il se livre de façon paranoìaque à un divertissement ridicule. Le temps, qui n’est pas non plus son meilleur allié, joue contre lui car le tout risquera de se jouer à l’usure. Dans sa crise hallucinatoire, derrière les murs épais de son bunker volontaire du quartier chic de Cocody, il semble entendre retentir le chant funèbre de sa mort politique et physique certaines. Dans les jours à venir, il ne faudrait pas s'attendre à voir le ciel ivoirien peuplé de jolies étoiles, les nuits seront longues, les journées aussi.
Si l’ONU, les américains et les occidentaux dans leurs condamnations nous ont prouvé qu’il ont le sens de l’histoire car ne voulant plus souffrir d’une certaine culpabilité du silence devant le crime (cas du génocide rwandais), les chefs d’Etats africains, aphones, excepté le Kenya, nous avaient laissé perplexes. Et brusquement, ils sortent de leurs torpeurs et nous surprennent agréablement pour une fois par “leur courage et leur prise de position ferme”. Une franc-maçonnerie composée des Abdoulaye Wade, Comapaoré, Faure… aura t-il le courage d’envoyer un contingent militaire en Côte d’Ivoire pour la sauver? Faudrait-il voir en filigrane une certaine diplomatie souterraine de la France, marrionnettiste? Ne serait-il pas un exercice mal aisé pour ces nouveaux Dons Quichottes de l’arbitraire du pouvoir de nous prouver qu’ils sont plus sages que Laurent Gbagbo? En se regardant dans une glace, au lieu de voir Laurent Gbagbo, ne se verront –ils pas eux mêmes?
L’hypothèse la plus plausible me paraît la prise en charge de son destin par le peuple ivoirien lui même comme a su le faire vaillamment le peuple nigérien pour chasser cet autre avide du pouvoir, Mamadou Tanja. S’il y’a des causes justes, il n’y a pas d’armées justes. Donc l’armée ivoirienne a “un devoir historique de violence” à jouer. Si Michelle Alliot Marie dit qu’il n’est pas trop tard pour Gbagbo de sortir honorablement, il ferait mieux de sortir de sa rêvasserie pour méditer sur la profondeur et le sérieux de cette reflexion de Pierre Marivaux:” En général, il faut se redresser pour être grand: il n'y a qu'à rester comme on est pour être petit.”

Fatogoma Mohamed Ouattara
Orange, New Jersey
USA
Fouattara2@comcast.net
http://fouattara.blogspot.com

Tuesday, December 14, 2010

Remaniement présidentiel

Au cours de l’année écoulée, la machine gouvernementale était si grippée que la presse malienne a appelé à cor et à cri un remaniement ministériel qui a fini par devenir une espèce de fixation ridicule. Le chien a aboyé et la caravane a passé. Nous voilà à quelques encablures des échéances de 2012. Je voudrais entreprendre une audacieuse voltige résultant de la souffrance de mon patriotisme, de mon coeur et de celle de tout un peuple devant une certaine gestion de la politique au Mali. Je préfère entretenir, sans m’accommoder aux goûts des bien-pensants pour plaîre, d’un sujet qui est un tantinet iconoclaste: le remaniement présidentiel. Notre amour de la patrie malienne et la volonté réelle de la servir nous astreint à un devoir sacré de dire et d’imaginer des belles et jolies choses. Au rebours des patriotes de clocher qui se soucient de leur postes, de leurs douces situations matérielles aisées, nous nous préoccupons du bonheur de tous, de l’image et du rang de notre pays sur l’échiquier mondial.
En politique, c’est une forfaiture grave que de regarder dans le retroviseur pour contempler béatement le chemin parcouru en portant ses couronnes de lauriers pour cacher sa calvitie. Les lauriers doivent a contrario empêcher de dormir. Il tient de la sagesse de regarder l’avenir en face. Cet avenir, c’est notre présent à mettre en ordre pour paraphraser Antoine de Saint -Exupery. Pendant les deux mandats d’ATT, il y’a eu des acquis mais aussi des imperfections qu’il convient de corriger. Le pouvoir étant rupture et continuité, nous osons croire que le choix du nouveau président sera le noeud gordien. Pour le dénouer, il appartient au peuple malien de trancher le noeud pour réconquerir son autorité: la démocratie (pouvoir du peuple par le peuple). Selon la légende, quiconque aurait tranché le noeud deviendrait le maître. Se voulant le maître incontesté de la situation, le peuple malien souverain n’a pas le droit de se tromper sur le choix de son prochain Président de la République. Ce peuple blasé et désabusé ne s’est pas senti concerné par la chose politique, d’où une certaine apathie. C’est ce peuple, cocufié, de mauvaise humeur qui doit prendre son destin en main en faisant preuve de maturité en sanctionnant les politiciens qui ont sacrifié l’intérêt national sur l’autel de leurs ambitions personnelles égoïstes. La démocratie consensuelle a causé plus de tort que de biens à notre pays. Les intellectuels ont démissionné en refusant de jouer le rôle qui est le leur. La presse aussi.
Je mets alors les pieds dans les plats: d’abord, il s’impose de briser cette conception monarchique du pouvoir. Pendant les deux mandats de Amadou Touré, nous n’avons pas eu le sentiment d’être dans une République mais dans une monarchie moderée où tous les pouvoirs furent concentrés dans la main d’un seul homme qui aura exercé le pouvoir et aura fait ce qu’il a voulu. Il faudra une évolution dialectique de la personnification du pouvoir vers la République accompagnée par une consolidation des concepts de séparation et d’indépendance des pouvoirs: l’exécutif, le légistatif, le judiciaire et…..la presse. Un contre-pouvoir incarné par une opposition digne de ce nom qui conférera au pouvoir politique toute sa légitimité.
Ensuite, je me provoque la juste indignation des dieux, leurs panégyristes et leur sot bétail électoral en jetant le pavé dans la mare: je propose de conférer à notre paysage politique toute sa superbe en l’expurgeant de ses caciques, de ses mandarins, ces potentats et notables puissants. C’est un poncif que d’alléguer que le pouvoir use et émousse ceux qui l’exercent durablement. Nos mastodontes politiques possédant d’énormes défenses au propre et au figuré ont usé leur jeunesse, leur génie et talent pour servir ce pays, usé leurs yeux à force de lire les piles de dossiers administatifs, détérioré leur fond de pantalons, leurs corps robustes, connu leurs grandeurs et décadences accepteront-ils de sacrifier leur santé décadente, leurs prestiges passés, leurs étoiles pâlissant à l’apothéose d’être Président de la République?. Ayant blanchi sous le harnais, ces colosses n’ont plus rien à nous prouver si ce n’est leur silence affecté, leur gaucherie perfide, leur allégeance souterraine et subreptice qu’ils ont magistralement joué en maintes occasions lorsqu’il s’est agi de se prononcer sur les grands dossiers du pays. N’ayant pas encore perdu leurs illusions, fatigués, amoindris et avachis par l’âge, devenus stériles et budgétivores pour nos maigres ressources, nos dinosaures, ces personnages -institutions obsolescents de notre landerneau politique dont la gloire d’antan les fait accrocher à la politique malgré tout, aideraient royalement le Mali en s’éclipsant de l’univers politique. Certains hommes affidés et sbires du Général Moussa Traoré sont toujours là, insatisfaits. D’autres ont servi depuis l’avénément de la démocratie jusqu’à ce jour, insatiables aussi. Suivez mon regard ! Scrutons autour de nous pour nous rendre compte que de par le monde le pouvoir fait une salutaire cure de jouvence.
Avec une certaine ironie piquante qui est souvent une espèce de retour sur soi et qui traduit la mesure du malheur de notre façon d’avoir conçu la politique pendant ces dix dernières années, je plaisante tout en étant sérieux comme l’était Socrate dans les fameuses ironies qui portent son nom. Je propose qu’on mette en avant, qu’on discute et réflechisse sur l’idée de la présence d’une femme à la magistrature suprême, car les hommes ont démissionné. Nos hommes politiques, aphones, timides et timorés ont déçu sur toute la ligne. A la veille de l’année électorale, ils vont commencer à bruire de toutes parts pour nous ébranler les tympans avec leurs bruits de bottes et leurs déclarations incendiaires en nous promettant monts et merveilles. Triste tragédie de nos hommes politiques ridicules!
“ L’hymne de l’empire du Wassoulou proclame :
- Si tu ne peux organiser, diriger et défendre le pays de tes pères, fais appels aux hommes les plus valeureux ;
- Si tu ne peux dire la vérité en tout lieu et en tout temps, fais appel aux hommes les plus courageux ;
- Si tu ne peux être impartial, cèdes le trône aux hommes justes ;
- Si tu ne peux protéger le fer pour braver l’ennemi, donnes ton sabre de guerre aux femmes qui t’indiqueront le chemin de l’honneur ;…..………” (Regard sur le passé: Bembeya National de Guinée). Ayant lamentablement échoué, la queue entre les jambes, les hommes peuvent s’éclipser pour céder la place aux femmes qui tiendront le haut du pavé devant la médiocrité des hommes en nous emmenant vers des avenirs radieux. Louis Napoléon Bonaparte disait que: "Gouverner, ce n'est plus dominer les peuples par la force et la violence ; c'est les conduire vers un meilleur avenir, en faisant appel à leur raison et à leur cœur." Oui, les femmes, de par leur nature intrinsèque, pleines de bonté comme des agnelles ont les armes nécessaires pour toucher nos raisons et nos coeurs tout en nous embarquant vers des havres de paix , de prospérité et de bonheurs auxquels nous rêvons.
Sans être un féministe fieffé, je soutiens mordicus qu’ il serait intéressant de faire confiance aux femmes pour la Magistrature Suprême dans le Mali post ATT. N’en déplaise aux phallocrates invetérés. J’ose espérer ne pas me tromper. Ne dit on pas que l’erreur peut être exacte si la personne qui la commet se soit trompée? Si aujourd’hui on peut continuer à les appeler poétiquement le “doux sexe”, il n’en demeure pas moins inexact de les affubler du vocable de “sexe faible” tant leur présence et prouesse sur la scène politique de par le monde sont des plus impressionnantes. Avec un génie et un art incontestés somme toute féminins, Ellen Johnson-Sirleaf du Libéria, Dilma Roussef au Brésil, Michelle Bachelet du Chili, Cristina Kristner en Argentine, Angela Merkel en Allemagne, Tarja Halonen en Finlande, Corazon Aquino et Gloria Macapagal-Arroyo des Philippines, Chandrika Kumaratunga du Sri Lanka, Benazir Bhutto au Pakistan, Indira Ghandhi en Inde, Michaelle Jean au Canada ……ont fait voler en éclats une certaine conception négative de la femme quant à sa capacité de mener les affaires de l’Etat. Cette conception n’a d’ailleurs aucun fondement solide ni dans la logique ni dans la raison. Elles ont marqué et continuent de marquer de leurs empreintes indélébiles la gestion de leurs pays respectifs. Margarett Thatcher, Golda Meir, Simone Veil, Margarett Allbright, Condoleezza Rice, Hilary R Clinton…… ….nous confortent dans l’idée que les femmes peuvent être une bouffée d’oxygène quand les hommes étalant leurs limites dans la gestion du pouvoir.
Un adage italien dit qu’il faut corriger les moeurs en riant: ”castigat ridendo mores”. J’ai délibérement utilisé l’ironie qui, au contraire de la critique dont nos compatriotes sont allergiques, est l’ introspection qui cristallise les déboires et les déceptions nées de la façon de faire la politique que les politiciens nous ont imposée. Elle a le mérite de faire réfléchir et de prendre position ceux qui ont l’intelligence subtile de la saisir. Faisons attention aux aventuriers et aux opportunistes à la moralité douteuse qui ont perdu leur crédibilité aux yeux des maliens. Les femmes, symboles de la franchise, porteuses de l’instinct maternel, peuvent être, à mon goût une solution de réchange valable pour nous extirper de cette situation de méli-mélo politique au goût fort fade. Acceptons dans nos subconscients puis dans nos consciences, la venue des femmes d’Etat qui viendront nous gouverner au contraire de ces hommes véreux, gloutons, qui périssent presque tous dans les travers de la petitesse en osant s’essayer au pouvoir à vie, à la mégalomanie, au narcissisme et à l’égocentrisme.
Je n’ai qu’une prière: fasse ALLAH qu’une femme patriote, ambitieuse et visionnaire trône sur Koulouba en 2012. Il appartient aux femmes de le vouloir. Ce que femme veut, Dieu le veut. Au peuple malien de le vouloir aussi.


Bonne année à toutes et à tous,
Que la nouvelle année qui va commencer soit synonyme de paix sociale, de réussite , de bonheur partagé et nous éloigne des démons de la division. Par délà nos divergences idéologiques et politiques, soyons unis dans un Mali uni et prospère.


Fatogoma Mohamed ouattara
Fouattara2@comcast.net
http://fouattara.blogspot.com
Orange, New Jersey
USA

Thursday, November 25, 2010

La lyrique de la chanson de Bafing Kul

L’auto suffisance alimentaire, la santé et l’éducation
Tant que ces besoins élémentaires ne sont pas accessibles à tous
Rien ne sera possible.
Depuis l’indépendance
Depuis que le nation est souveraine
Les maliens pleurent et disent
Chaque jour est meilleur que son lendemain
Le général a vidé le tonneau
ses successeurs ont fait de même
ils continuent à vider le tonneau et pourtant
On veut que le pays prospère…

je dis qu’ aucune nation ne change, ne change
ne change dans la corruption
que aucune nation ne change, ne change
ne change dans l’illusion

Nous nous sommes battus pour la démocratie
Le régime fut renversé, des nouvelles têtes ont été élues
Pourtant toujours la même corruption,
Des dirigeants corrompus qui corrompent
je dis que le même comportement continue
des dirigeants corrompus qui corrompent

je dis que aucune nation ne change, ne change
ne change dans la corruption
qu’ aucune nation ne change, ne change
ne change dans l’illusion.

Le général a vidé le tonneau
ses successeurs ont fait de même
ils continuent à vider le tonneau et pourtant
on veut que le pays prospère
ils nous traient tout les jours
comme des vaches à lait
que le pays prospère….
que le pays prospère….

je dis qu’ aucune nation ne change, ne change
ne change dans la corruption
qu’ aucune nation ne change, ne change
ne change dans l’illusion.

Note: Consulter ce lien pour la chanson “yelema” ( le changement de Bafing kul):
http://www.dailymotion.com/video/x6vhny_yelema-le-changement-appolo-reggae_news
http://www.dailymotion.com/video/xatxp7_yelema-live-a-change-le-changement_music
www.dailymotion.com/bafingkul

La faillite d’une gouvernance: la corruption au Mali

(With a little help from my President)
Autant il a été impossible à la Grèce Antique de résoudre ses problèmes de géométrie de la quadrature du cercle, de la duplication du cube, de la trisection de l’angle, de la construction de l’heptagone régulier, il a été impossible à ATT de résoudre les équations pourtant si simples de la corruption endémique et rampante au Mali. En sus de la crise de l’école, du cataclysme du foncier, de la question sécuritaire au Nord du pays, de la faiblesse du système judiciaire, la corruption a été inconstestablement le talon d’Achille de la gouvernance de Amadou Touré qui a manqué avoir des yeux d’argus à la manière de ce personnage auquel la fable donnait cent yeux, fort vigilant et fort difficile à tromper. Au lieu de traquer et sévir, notre gouvernance actuelle s’est contentée plutôt de jouer à ravir la juste condescendence en refusant de voir les dessous des cartes du phénomène. L’inactivité et le silence ne sont ils pas aussi coupables que le crime? Le refus de sanctionner la corruption n’est il pas aussi une forme de corruption?
Il m’est difficile de résister à la forte tentation de poser certaines questions qui me taraudent l’esprit: ATT aurait-il été l’incarnation type de l’idéal moral du parfait surveillant de nos déniers publics(dans le sens de contrôle et de prévention du mal)? Qu’est –il advenu du slogan pompeux du “ kokadjè “? Pourquoi l’appareil judiciaire est il chiche des procès pour crimes de corruption après les rapports du Vegal? Quelle est l’ utilité pratique de l’existence du Végal et de la Cour des Comptes ? Pourquoi cette absence révoltante de toute politique anti-corruption préventive, dissuasive et coercitive? Peut –on raisonnablement prétendre lutter contre la pauvreté, atteindre les objectifs du millénaire pour le développement et donner un blanc seing à la corruption et à la délinquance financière? De deux choses l’une, ou bien ATT joue astucieusement la carte de la basse complaisance en protégeant ces rapaces économiques histoire de leur revaloir les dividendes politiques et pécuniaires auxquelles ils ont droit, après de bons et loyaux services.(c’est peut être ici que sa démocratie consensuelle trouverait toute son explication?). Ou bien, il est un habile et retors marionnettiste, ne voulant pas se salir les mains dans les chemins où s’embourbent le voleurs, tirant les ficelles, dans l’ombre, bénéficiaire d’une prébende après les opérations de saccage. Et enfin, pour pasticher Victor Hugo avec une certaine ironie maligne, nous dirons qu'ATT est personnellement incorruptible et il gouverne par la corruption. Il fait l'effet d'une honnête femme qui tiendrait un bordel. Une fois cela dit, comment expliquer et concevoir que la gouvernance actuelle défaille à éradiquer ce phénomène tangible qui est sans conteste un frein mortel au développement et au progrès de notre pays.

A chaque fois que nous touchons du doigt et à l’oeil une plaie dans la gestion des affaires, certains prennent le plaisir d’enclencher une véritable chasse aux sorcières qui, à notre sens n’est pas un cache-sexe suffisant pour cacher la nudité de notre gouvernance actuelle qui effraie nos yeux impudents. A la lumière des faits qui tombent sous le sens du tact, il serait fort difficile aux “avocats du diable” et à certaines gens de mauvaise foi de réfuter et de récuser l’existence des bandits à col-blancs qui s’engraissent de la substance du peuple et qui pillent à toutes mains nos déniers publics. Toute dissertation sur la malversation ne saurait être vue comme rabachée tant notre actualité quotidienne est férue de cas de corruption doublés d’injustice criarde et rébuttante qu’on se trouve à bon droit de se demander si le Mali n’est pas en passe de devenir une espèce de sanctuaire de la corruption. Cette noire situation sociétale illustre mon accusation et le procès que j’intente. Avant moi, quelques voix autorisées ont prêché cette petite croisade, du haut de leur cathèdre. Nous avons les mêmes préoccupations, donc l’alarme est au camp. La concussion bureaucratique, omniprésente dans notre administration publique relève d’une banalité déconcertante: à la police, à la gendarmerie, à la douane, à l’aéroport, à l’hopital, aux bureaux de poste, dans les secretariats de bureau, à l’école, dans les fédérations sportives, au palais de justice, dans la presse, dans les ministères, dans l’Assemblée Nationale la conscience et l’éthique professionnelles ont disparu depuis des lustres. Le “Koutcha”ou le “ youroukou-youroukou” est dans l’air du temps: un grand nombre de fonctionnaires, dans l’exercice quotidienne de leurs tâches administratives, prélèvent une dîme en échange de leur service. Les “dessous de tables”, les pourboires, les surfacturations, les détournements de fonds par les fonctionnaires véreux ne sont plus des délits passibles de punition. L’achat des voix et des consciences par les politiques, la gratification des agents de l’Etat par certains opérateurs économiques pour éviter des sanctions, la perception des “pots –de-vins” par les fonctionnaires pour l’octroi des marchés lucratifs s’apparenteraient à s'y méprendre à la corruption. Pour que les champs fleurissent d’espérance et que les coeurs vibrent de confiance, chaque malien se doit de faire preuve d’honnêteté, d’intégrité et d’apporter du soin, la minutie dans l’exécution de sa tâche quotidienne. C'est à ce niveau qu'apparaît le recent néologisme créé par la Banque Mondiale: la corruption silencieuse, service payé par l'Etat mais non rendu. Le retard, l'absentéïsme au travail, le vol des matériaux du service public sont autant d'actes de corruption.
A cela s’ajoute la grande corruption menée méthodiquement par l’élite politique qui se soucie de sa situation matérielle aisée, de sa douce aisance et de son pouvoir personnel. L’expansion des réseaux de corruption et du détournement des fonds publics vivent indubitablement leur printemps dans le Mali d’ATT. Après la vente de la Sotelma et de la BIM-SA, le gouvernement s’est expliqué sans convaincre quant à l’utilisation de la manne générée. La malversation des subventions du Fonds mondial du Ministère de la Santé a fait un grand bruit qui n’a pas manqué d’écorner la crédibilité de notre pays et d’embarrasser nos politiques. Nos partenaires techniques et financiers, ont tiré sur la sonnette d’alarme, lors de la revue budgétaire conjointe du 18 et 19 Octobre 2010 tenue à l’hôtel de l’Amitié. Ils ont mis notre gouvernance au pas lui enjoignant de lutter efficacement contre la corruption et la délinquance financière suite aux rapports du vérificateur général. En guise de replique, nos gouvernants nous offrent la déjà -entendue réthorique politicienne. Et pourtant les belles poésies des Etats Généraux sur la corruption et la délinquance financière sont encore présentes dans nos eprits.
Le classement mondial de l’organisme non gouvernemental Transparency International version 2010 a accouché d’un classement peu honorable pour notre pays quant à son indice de perception de la corruption(IPC). Notre pays a été classé 116/178 en fonction de la perception du niveau de corruption affectant l’administration publique et la classe politico-compradore.
Dans le Mali d’ATT, la gouvernance semble pactiser avec la corruption , traîte le phénomène avec mépris; sa disposition à être agréable à l’égard des voleurs de grands chemins, des flibustiers d’un genre nouveau, vivant de rapine et d’escroquerie, en s’accordant à leurs goûts relève de la basse collusion. Il a été prêté à ATT un certain angélisme qui lui interdit de honnir des chefs de famille voleurs. Et pourtant le grand Napoléon Bonaparte avait instruit que le coeur d’un homme d’Etat doit être dans sa tête. Si la lutte contre la dépradation et le brigandage des fonctionnaires de l’Etat n’est pas prise dans l’ordre des priorités, toute lutte contre la pauvreté, le sous développement serait vouée à l’échec le plus cuissant, et le bas peuple ne manquera pas de s’engloutir dans un précipe abyssal de misère du fond duquel il ne sera réduit qu’à crier vers le ciel. Un combat efficace contre le crime de la corruption peut éviter cette cassure sociale. La grande majorité de la population malienne est en souffrance, il y’a lieu de créer l’espoir en gagnant la bataille contre la corruption.
Et cela interpelle la conscience de tout patriote-justicier. Dans une période de corruption, le silence devient synonyme d’une complicité aussi dangereuse et répugnante que la corruption. C’est une bonne marijuana qu’est le vol, aucun vol n’est suffisamment puissant pour subsister sans approbation. Le défaut ridicule de la gouvernance d’ATT est de vouloir créer le paradis pour les maliens tout en oubliant l’enfer.
Il est donc injonctif qu’ATT affûte et aiguise ses armes en les rendant plus offensives afin d’enclencher la véritable lutte qui n’a rien a voir avec ce combat de fleurets mouchetés auquel il se livre présentement. Q u’il prenne sa fronde et sa faux pour chasser ces maître fripons et grandes friponnnes autant dangereux que la peste. La corruption et l’impunité, son corollaire doivent être combattues et sanctionnées avec rigueur. Le refus de sanctionnner, le silence devant la corruption appartiennent aussi à l’ordre de la corruption. Lorsqu’on exerce un magistère et qu’on se refuse à assumer une reponsabilité vis à vis de ses actes et ceux de ses administrés, on devient ipso facto coupable. Il faut mener une véritable croisade, dans le sens d’expédition visant à orienter l’opinion publique dans le cadre de combat politico-social. Le préalable nécessaire à ce baroud d’honneur s’avère être une prise de conscience collective devant la montée exponentielle du phénomène de la corruption. La surmédiatisation orchestrée par la presse doit être partie intégrante de l’attelage. Ne seront pas concernés par ce combat, les journalistes corrompus, généreusement financés par les plutocrates, les oligarques et leurs cercles rapprochés mais ceux-là téméraires et osés qui ne réchigneront pas à déballer au grand jour les faits de corruption des puissants et des moins puissants. Le lancement d’une grande campagne publicitaire tous azimut soutenue par la radio, la télévision, la presse et l’internet portant sur la lutte contre la corruption doit être partie prenante de cette offensive.
Pour que cette gigantomachie, ce combat des Géants contre le dieux de l’Olympe, soit réelle et efficace il faut un système judiciaire très fort; une indépendance de la magistrature vis à vis du politique et d’une indépendance du barreau à l’égard de sa hiérarchie. Cette double autonomie aura le mérite d’enquêter concomitamment sur une justice injuste et sur les hommes politiques tout en suspendant leurs immunités diplomatiques, parlementaires et judiciaires. Les opérations anti-corruption menées en Espagne par le juge Baltasar Garzon, “mani pulite” ou “mains propres” par Antonio Di Pietro en Italie, au Chilie par Juan Guzman, en France par Eva Joly, sont de véritables cas d’école de courage, de conviction susceptibles d’ inspirer positivement nos juges et magistrats. A la faveur de la signature et de la ratification de la convention des Nations Unis sur la corruption par notre pays, il serait aisé de profiter de l’assistance juridique mutuelle facilitant les poursuites judiciaires en cas de corruption transnationale. L’instauration d’un contrôle conjoint avec nos partenaires financiers, les investisseurs étrangers et les institutions que sont le Fonds Monétaire International, la Banque Mondiale, l’Union Européenne, l’Organisation de Coopération et de Développement Economique, l’Union Monétaire Ouest Africaine, la Banque Ouest Africaine de Développement et autres en leur permettant d’organiser la fluidité et la traçabilité des flux financiers comportant l’identification des bénéficiaires et de leurs origines.

La boutade “d’un arabe arrêté pour corruption de fonctionnaire parce qu’il avait donné un sucre à un chien policier “est la devinette d’Epinal bien- à- propos. L’image cachée à chercher est la sanction qui doit accompagner un acte de corruption. Sous d’autres cieux et en d’autres temps, le code pénal punit sévèrement les fonctionnnaires ou officiers publics coupables de crime de malversation. La sanction de ce délit va de l’emprisonnement avec amende à la clef, la torture, l’échafaud, la guillotine, le bûcher, la pendaison, la peine de mort….L’évocation ou la critique de la corruption dans la société malienne est devenue un sujet tabou. Et toute transgression du sacro-saint est sanctionnée par une punition sévère ou l’ostracisme. Ce n’est pas le talentueux jeune chanteur Issa Coulibaly alias Bafing Kul*(1) qui a eu le toupet de toucher à ce fléau qui dira le contraire. Son clip “YELEMA”(le changement), véritable chef d’oeuvre en la matière, est un brulôt qui torpille la corruption dans notre pays. Le directeur des programmes et “le tribunal censorial” de l’ORTM ont jugé bon de ne pas diffuser le clip parce qu’il dérangerait au plus haut sommet. Ils ne veulent pas tout simplement perdre leurs fauteils douillets. Et pourtant, la lyrique de cette chanson est sertie de vérités crues, embêtantes et gênantes*(2) .

Vivement la venue d’un président à poigne et de séduction qui aura l’énergie et la fermeté nécessaires pour gouverner, punir et nous faire rêver. Oui nous avons besoin d’ un homme d’autorité, de conviction, de courage et d’efficacité à la Magistrature suprême pour nettoyer ce capharnaùm. Une espèce de Zorro, un justicier célèbre dont la mission consistera à traquer les corrompus et corrupteurs aux quatre coins du Mali. “Ne nous reposons pas sur nos acquis, mais efforçons –nous de construire la paix, de vouloir que la paix soit dans le coeur et dans l’esprit de chacun” disait John Fitzgerald Kennedy. Pour que la paix soit dans les esprits et dans les coeurs, il s’impose de combler la fracture sociale qui a généré des maliens malhonnêtement riches et des maliens honnêtement pauvres dont les conditions d’existence difficiles alimentent une frustration, une rancoeur qui sont à coup sûr de véritables bombes explosives à retardement. L’inégalité dans la répartition des biens a plongé bon nombre de pays dans le huitième cercle de l’enfer, celui que Dante n’aurait pu imaginer. Telle Béatrice Portinari, la Florentine inspiratrice de Dante dans la “Divine Comédie”, participons ensemble à ce combat en jouant le rôle de muse du futur Président, marchand d’espérance,visionnaire, chimérique, triomphal et vainqueur du fléau de la corruption qui ouvrira les portes du salut dans un Mali prospère, juste, paisible et uni.


Fatogoma Mohamed ouattara
Fouattara2@comcast.net
Orange, New Jersey
USA
Note: Consulter ce lien pour la chanson “yelema” ( le changement de Bafing kul):
http://www.dailymotion.com/video/x6vhny_yelema-le-changement-appolo-reggae_news
http://www.dailymotion.com/video/xatxp7_yelema-live-a-change-le-changement_music
www.dailymotion.com/bafingkul

Thursday, September 16, 2010

La mesure est comble.

Nous avions naïvement cru, tels des enfants de choeur à qui on raconte des histoires de fées et de lutins, que nous étions sortis de l’auberge avec la gouvernance actuelle après l’absence de ligne politique, les approximations et autres dérapages dans la gestion quotidienne de notre pays. C’était se méprendre. Comme ajouter l’insulte à l’injure, on veut nous imposer une révision de notre histoire. Nous avons atteint le fond de la cale. La mort des martyrs, des héros, de ces hommes et femmes courageux tristement victimes de la monstruosité du régime dictatorial du Général Moussa Traoré, ne fut pas le comble des malheurs. Ce qui l’est c’est sa convocation lors des festivités du cinquantenaire du Mali indépendant par nos gouvernants actuels. Ce qui nous amène à dire sans emphase aucune que la mesure est comble, c'est-à-dire les choses sont arrivées à ce point qu'on ne peut plus les endurer. Est ce un acte de provocation de mauvais aloi ou une tentative malicieuse de réhabiliter celui dont le spectre continue de troubler nos sommeils et nos souvenirs? Dans le Mali actuel, la disgrâce ne saurait être un malheur. Car la grâce, la remise de peine existe. La loi d’amnistie, la grâce amnistiante et la réhabilitation aussi. Les juristes sauront nous édifier. Autant Jésus Christ fut transporté au pinacle du temple de Jérusalem quand il fut tenté par le démon, autant les dirigeants actuels de notre pays semblent prêts à se hisser sur le firmament d’une aventure provocatrice aux issues incertaines. C’est politiquement incorrect que de vouloir reviser l’histoire politique de notre pays pendant que les plaies sanguinolentes sont béatement ouvertes. C’est une réelle aberration au regard des douloureux événements de mars 1991

C’est une véritable bravade que de permettre au Général déchu, Moussa Traoré, de sortir de son embuscade pour venir conquérir les coeurs meurtris et saignants des maliens? Nous perdons notre latin. Nous sommes aujourd’hui à bon droit de nous poser la question de savoir si nous ne nous trouvons pas en face de sacrés vengeurs de l’ange déchu, ce Lucifer d’hier qui a fait déguster sur terre, les affres de l’Enfer aux maliens. Celui qui, de facon sadico-cynique, a fait vivre son peuple dans l’opprobre et l’ignomnie. Celui qui s’est donné le plaisir de tyranniser son peuple à chaque fois qu’il a jugé utile d’accroître sa grandeur et de fortifier son pouvoir. Le capitaine Diby Silas Diarra(septembre 1969), Yoro Diakité(1972), de Malick Diallo; (la bande des trois) Tiécoro Bagayoko, Kissima Doukara, Karim Dembélé (février1978)…..en furent les homélies propitiatoires. Comment expliquer raisonnablement la présence déraisonnée de ce bourreau, de cet homme odieusement cruel, inhumain, parmi ses victimes pour célébrer le cinquantenaire? La présence de GMT à la loge officielle, le 22 septembre 2010, s’apparenterait à la présence d’Adolphe Hitler auprès des juifs à une soirée de gala mondain. Et oui! Nous avons connu au Mali, sous le régime sanguinaire de Traoré, notre Shoah( en hébreu : catastrophe). Le Mali a connu un régime d’exception, l’état d’urgence, les travaux forcés à perpétuité dans les mines de sel de Taoudéni, les mauvais traitements, la mort lente faute de soins. L’ignoble horreur exceptionnnelle du régime de Traoré interpelle notre conscience d’homme qui se refuse à l’accueillir sans rancoeur. Nous avons connu ce Mali du CMLN , de l’UDPM bâti sur la théorie du complot permanent où nous avons tout perdu: nos droits humains, nos espoirs et nos rêves. Nous nous souvenons avec amertume de ce Mali où la vie était une ignominie et la mort une libération. N’ayant pas choisi l’une ou l’autre voie, nous avons pris, par milliers, le chemin difficile de l’exil à la recherche du mieux être. Tout départ pour l’aventure n’est qu’une fuite en avant. Nous y souffrons le spleen, ce mal du pays qui vous étreint par les tripes et les boyaux. Au Mali, nous avons aussi des négationnistes, ceux là qui ont bénéficié de cette page noire de notre histoire et qui sont prêts à en défendre les dérapages et abus, contre vents et marrées. Qu’ils nous concèdent gentillement notre devoir de mémoire à l’orée du cinquantenaire, pour que la liquidation froide des Abdoul Karim Camara Cabral, Cheick Oumar Tangara, Ibrahim Tiocary, les brimades que nous avons subies au sein de l’UNEEM, les victimes de mars 1991…. ne tombent dans la vanité. Que nos héros morts, se rassurent du fond de leurs tombes, tout ne sera pas vanité, car nous sommes là, avec notre tendre reconnaissance. La grandeur de nos sacrifices était à l’avenant de la grandeur de nos combats. Les victimes célèbres et inconnues de la dictature militaire de Traoré sont et demeurent nos héros par délà la mort. Si Néron fut célèbre dans la Rome antique pour sa monstruosité, Moussa Traoré en fut son pendant dans l’histoire multiséculaire du Mali. Moussa a tourmenté et martyrisé le peuple malien qui a bu à longs traits le calice amer de sa dictature inhumaine jusqu’à sa lie insupportable. Comme le disait sagement notre père spirituel, Pr Dialla Konaté, il faut nous comprendre dans nos cris de colère, il faut nous laisser nous exprimer. Donnez nous cette chance fabuleuse –qu’on appelle liberté d’expression-que nous n’avons pas connu sous le règne de Moussa Traoré. La diversité de nos sensibilités, de nos choix multiples de mots et expressions donne à nos littératures et poésies tout leur allant et charme.
Nous aurions aimé voir les maliens fumer le calumet de la paix à la faveur du cinquantenaire à condition qu’un devoir de mémoire soit imposé, forcément. Qu’un devoir moral visant à entretenir le souvenir des souffrances et des affres endurés par le peuple malien par la faute de Moussa Traoré soit exigible à la gouvernance actuelle , maître d’oeuvre de l’événement. Que le maître des hautes oeuvres et ses valets froids et dédaigneux viennent s’excuser publiquement auprès du peuple malien. Que soient données aux victimes d’hier l’occasion de s’épancher, de dégorger leur colère afin de rendre possible le pardon et l’oubli. Voici à mon goût , les conditions sine-qua –non qui nous feraient l’économie d’une farce fort rebutante.
A quelques encablures de la célébration du cinquantenaire de notre pays, ce billet est mon cadeau personnel grâcieux. Certains esprits retifs à la critique et à la vérité trouveront à redire. Par une politesse raffinée, je me garderai de les cabrer. Je leur repliquerai comme Socrate: la postérité prononcera entre mes juges et moi.
Bonne fête du cinquantenaire aux fêtards et “have fun” (rejouissez-vous) !.


Fatogoma Mohamed Ouattara
Orange, New Jersey, USA
fouattara2@comcast.net
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Tuesday, August 31, 2010

Vers des dynasties politiques en Afrique?

(Version revue et corrigée a la date du 31 Aoùt 2010)
 


Pendant que les autocraties et dynasties semblent être le souvenir d'un passé douloureux pour l'Europe, notre chère Afrique semble régresser tristement dans le domaine démocratique après les ébauches du début des années '90. Cette évolution du continent africain nous attriste tragiquement . Le destin de l'Afrique ne saurait être une tragédie permanente, loin s'en faut . Il appartient à l'Afrique de forger son destin comme les autres peuples de l'histoire ont su le faire avec leurs propres moyens:au prix du refus , de la révolte et du sang qui aurait servi à écrire les plus belles pages de l'histoire de ces peuples. Aucun progrès social, aucune avancée démocratique ne saurait être le résultat d’une génération spontanée.
Le continent africain a souffert pendant de longues années de la gestion catastrophique des autocrates ad vitam aeternam, avec une certaine passivité masochiste. Serait-il encore prêt d'assister les bras croisés à l'avénement de nouvelles dynasties politiques? Ne devons nous pas avoir honte de nous mêmes en prenant les allures d'ours de cirque? Arrêtons d'accabler les autres pour nos malheurs. Le reste du monde est compassionnant pour nous, et la compassion n'engendre jamais le respect de l'autre. Nous sommes les artisans de notre destin. Machiavel ne nous a-t-il pas enseigné que les événements assènent les coups les plus efficaces quand la capacité de réagir faillit ? A ce moment précis de l'évolution de notre continent, le rôle de l'intelligentsia n'est pas des moindres. Il est à l'image de ce que les Didérot, d'Alembert, Montesquieu.......auraient été pour la révolution française qui somme toute demeure une référence universelle. Nous serons tous coupables devant ce lugubre tableau politique de notre continent. Un véritable travail d'information, de formation, de conscientisation des masses populaires s'impose. Si chaque intellectuel africain jouait sa partition en travaillant à former les masses et en se formant , notre combat pour une Afrique libre, démocratique et prospère ne serait pas une chimère.
Dans notre souci de clarté discursive, donnons de succintes définitions d'autocratie et de dynastie :
" Une autocratie est un régime politique où un seul individu détient le pouvoir, alors qualifié de pouvoir personnel et absolu. Etymologiquement, autocratie signifie " qui tire son pouvoir (cratie) de lui-même (auto) ". L'autocratie est donc un pouvoir qui n'a d'autre justification et légitimité que lui-même ."
"Dynastie, qui vient du grec dunasteia, succession de souverains qui ont une même famille. Succession de personnes célèbres d'une même famille."
Après trente-huit ( 38 ) ans de pouvoir autocratique, " Papa" Etienne Gnassingbé Eyadéma tire sa révérence à la suite d'une crise cardiaque fatale. Nous avons tels des naïfs cru que le rideau venait de se tirer sur une page de l'histoire de ce peuple togolais qui avait tant souffert de l'unanismisme, du corset idéologique dans lequel Eyadéma l'avait volontairement fourré. Avec la pateline complicité et bénédiction des caciques, des courtisans-profiteurs, de la junte militaro-politique du pouvoir défunt, des anciens dignitaires de tout poils qui n'avaient d'intérêts que les leurs, le lit fut royalement fait pour la succession dynastique du pouvoir au grand damn de l'opposition togolaise qui somme toute mérite respect et admiration. La démocratie africaine a ainsi reçu un soufflet , les démocrates et aussi le Togo. Nous avons in petto, souhaité que le Togo de Faure Eyadéma ne soit pas un exemple -modèle. Mais hélas, l'histoire de nos peuples d'Afrique continuera à balbutier encore, ce fut le tour du Gabon avec des variances. En somme, c'est le même schéma classique: après la mort du président-autocrate, le fils lui succède par le biais constitutionnnel ou anti-constitutionnel au mépris du peuple .

Après le Togo, le Gabon, va -t-on assister à l'ébauche de nouvelles dynasties politiques après le temps des autocrates?
"L'histoire est une galérie de tableaux où il y a peu d'originaux et beaucoup de copies " disait Alexis de Toqueville qui aimait les formules. Au vu de la donne politique d'ensemble, il y'a tout lieu de craindre que l'épidémie ne se repande. Il y'a eu le cas togolais, après les condamnations des uns et des autres, Faure Eyadéma se la coule douce . Le cas gabonais resembla à coup sur au schéma précédent. Et d'autres suivront si rien n'est fait .
Abdoulaye Wade, accusé d’avoir fait du Sénégal sa chasse gardée, use de tous les traquenards d’Ulysse possibles pour passer le relai à son fils Karim Wade. Les speculations sur les intentions réelles ou supposées de faire de son fils son successeur sont au centre du débat politique sénégalais. Le vaillant peuple du Sénégal est aux aguets.

En Libye, Mouammar Kadhafi ,au pouvoir dépuis 1969, qui n’est pas à ses premières frasques, essaie depuis bien longtemps de préparer le fauteuil de la succession pour son fils Seif El Islam qui est un habitué des arcanes de la politique libyenne.

En Egypte, Muhammed Osni Moubarak au pouvoir depuis bientôt 30 ans, prépare son fils Gamal , selon la vox populis égyptienne, à lui succeder.

Le scenario malien

Après près de vingt trois( 23) ans de règne, Le Président Général Traoré fut balayé par une révolution populaire, le 26 mars 1991. Condamné à mort en Février 1993 pour crime de sang mais pas executé avec l’onction de Konaré. Puis condamné à la peine capitale en 1999 pour crime économique, il fut élargi et mène aujourd’hui une vie tranquille. Certains de ses compagnons des heures de gloire dont Abraham Sissoko “Ramos”, frère de Mariam Traoré, Sékou Ly…. furent graciés.

Dépuis les douloureux événements de mars 1991, beaucoup d’eau aura coulé sous les ponts. La démocratie arrive et sème sur son passage un grain de zizanie dans notre paysage politique. Les partis politiques poussent et en une nuit on devient politicien comme un champignon. Comble de l’ironie, ce sont les épigones et les fils de l’ancien dictateur qui font infraction dans l’arène politique du Mali. Certains diront que les disciples et héritiers biologiques de l’ancien bourreau de Bamako ont le droit constitutionnel de créer leur partis politiques. Nous rappellons que la démocratie malienne ne fut pas décrétée mais fut acquise de hautes luttes, donc elle contient de fortes charges émotionnelles sur le plan psycho-sociologiques. Le peuple malien n’est pas court de mémoire. Les plaies d’hier sont encore béatement ouvertes et ont besoin de temps suffisant avant d’être cautérisées, soignées, bandées et guerries. Les blessures de nos coeurs sont aussi souffreteuses que celles de nos esprits. Le régime dictatorial du Général Traoré a causé tant de souffrance pénible, d’affliction profonde que la présence de ses fils et de tous ceux qui lui sont apparentés sur l’échiquier politique malien rouvre les plaies faite par lui. L’oubli de nos peines naîtra de l’oubli de ceux qui nous ont oppressés, qui nous ont fait perdre nos rêves. Ceux-là qui ont bu la monstruosité, le mépris le plus vil vis à vis des maliens et de leur avenir, le cynisme et la désinvolture les plus révoltants ont-ils aujourd’hui les moyens de nous montrer et de nous démontrer qu’ils ont une conscience asceptisée? Qui pardonne aisément invite à l’offenser. Et le malien d’aujourd’hui n’est pas prêt à subir une nouvelle incartade. Donc, chers héritiers présomptifs, si le Général déchu vous a mis sur son testament politique, le peuple malien s’y oppose de toute sa force. Sur le forum de discussion de malilink Cheick Bougadary , a affirmé qu’il est ouvert aux critiques. …et aux suggestions. Nous ne voulons pas l’offenser, il n’y a que la vérité qui offense. Il n’y a point d’injure plus sensible que quand nous nous sentons plus coupables des fautes commises par nous-mêmes ou par nos parents. Si vous aimez le Mali autant que vous le dites, pourqoui n’avez vous pas commis un parricide devant les dérapages de votre autocrate de père pour le sauver? Brutus l’a fait avant vous. D’où vous vient cette envie soudaine de haut justicier? Ou bien serait-on tenté de dire que l’oiseau de Minerve prend son envol à la tombée de la nuit?

A mon goût, la création du CARE(Convergence Africaine pour le Renouveau) peine à se justifier. En lieu et place de parti politique, il aurait été plus sage, d’en faire une oeuvre caritative. Ne peut-on pas servir son pays à tous les niveaux si on a réellement la fibre patriotique? Le sigle CARE est un véritable lapsus calami. Vu sous un angle purement psychanalytique, le vocable CARE apparaît comme un phénomène , un acte manqué. Sigmund Freud aurait dit que tout lapsus trouve son explication dans une source en dehors du discours et que l’élément perturbateur est l’expression d’une idée inconsciente qui, analysée de façon approfondie, apparaît dans la conscience. Sans être ironique, nous dirons que la tendance naturelle des fondateurs de ce parti aurait pu être portée sur les oeuvres caritatives. CARE (un acronyme en Anglais)ne veut-il pas dire ceci dans la langue de William Shakespeare : prendre soin de? En prenant soin de ceux qui sont dans le besoin , vous feriez oeuvre utile. Messieurs Traore fils, à nos yeux, vous manquez cruellement de crédibilité. Vous voulez venir en politique par opportunisme. Si ce n’est pas de l’opportunisme, dites nous ce que c’est ? Vous dites ceci: “Aucun système de gouvernance ne peut ou ne doit se perpétuer sans le consentement des administrés. Oui, le peuple blasé et désabusé du Mali dit non à une dynastie des Traoré. Nous n’avons pas aujourd’hui besoin de sang de martyrs versé pour refuser ou appeler le changement. Nous avons besoin de bâtir notre pays avec d’autres armes plus efficaces et convaincantes: la vérité et le refus. Refus d’accepter le statu-quo. Refus d’accepter l’inacceptable. La vérité ne saurait être un danger si nous acceptons de combattre à l'unisson le mensonge pour le seul salut de notre pays. La vérité est au mensonge ce que fut l'incadescence du soleil pour Icare. Tel l'âne de Buridan qui mourut entre la paille et l'eau faute d'avoir choisi , accepterons nous de mourir en refusant de choisir entre la vérité et le mensonge, nos intérêts personnels et l'intérêt supérieur de la grande nation malienne ? La réponse est assurément non , les maliens vivront et le Maliba survivra . Comme dans la " Divine Comédie " l'histoire de notre pays finira par la contemplation des étoiles , symboles de l'espoir et de l'espérance .
La carte démocratique de l'Afrique ne peut se parfaire sans un certain nombre de préalabes:

-La rédefinition du rôle de l'armée dans nos pays. Vu le niveau de dévéloppement de nos pays , il serait plus sage de supprimer nos armées dispendieuses qui tirent leur raison d'être dans leur obédience et allégeance aux dictateurs dont ils assurent la garde au mépris de la vie du peuple . Il n'est un secret pour personne que le rôle de l'armée en Afrique est loin d'être neutre. Celle qu'on appelle pompeusement la "Grande Muette" fait et défait le jeu politique. Etant hautement politisée , elle est dans nos pays la dernière institution dans laquelle les dictateurs, les autocrates et dictateurs se refugient face aux crises de mauvaises gouvernances et les crises de gestion de succession du pouvoir. Pourquoi ne pas allonger la liste des vingt-huit (28) pays indépendants du monde n'ayant pas d'armée en supprimant purement et simplement nos armées nationales.

La disqualification de tout militaire du jeu politique serait à notre sens une avancée notable. Le cas de la Mauritanie, véritable pied de nez à la démocratie, est une source d'inspiration et de réflexion profonde.
La disqualification des anciens dignitaires de tout régime autocratique, dynastique ou dictatorial: ceux –là qui sont restés dans l'appareil étatique avec les tyrans pour piller et massacrer leurs pays peuvent ils tourner casaque et devenir du coup crédibles ? Sonnons le glas de l'opportunisme politique. Qu'on arrête de faire de la politique une profession . Que les avides de pouvoir apprennent à se reconvertir. On peut servir son pays à tous les niveaux. La formation du citoyen lamda quant à la connaissance de la chose politique est l'une des conditions sine- qua -non du développement politique auquel nous aspirons. Le citoyen bien formé et informé devient une citadelle imprenable devant les vélléïtés d'achat de sa conscience. Il sait que dans le jeu démocratique, il compte, sa voix aussi. Il n'achètera plus le vent mais accordera son suffrage selon le projet de société qu'on lui propose.
La formation morale et civique de la classe politique: que la politique cesse d'être un tremplin pour assouvir des intérêts personnels et égoïstes. Que la politique soit restituée dans son acception originelle: celle de gérer les affaires du pays. Seule doit prévaloir l'intérêt supérieur du pays.
Que tous les fils d'Afrique, soucieux de sa liberté, de son développement, de son progrès et du bonheur de nos peuples s'éveillent et participent au combat. Le rêve est permis.

Fatogoma Mohamed Ouattara
Orange, New Jersey
New Jersey , USA

fouattara2@comcast.net

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Sunday, August 29, 2010

L'exercice du pouvoir en Afrique: à la lisière de la pathologie?

L’exercice du pouvoir en Afrique: à la lisière de la pathologie ?
02/03/2010

Mr Fatogoma Mohamed Ouattara, New Jersey, USA
L’histoire vient une fois de plus de balbutier dans l’Afrique continentale. Le Niger de Mamadou Tanja se trouve en être le théatre. Après son refus obsessionnel à quitter le pouvoir , l’armée nigérienne , que nous applaudissons des deux mains, telle dans une vénerie, a chassé « l’indispensable » dictateur du pouvoir.
Par délà la satisfaction collective de tous ceux d’entre nous, apôtres de la démocratie republicaine, qui avions vilipendé l’attitude narcissique, le manque de mesure et du sens de la réalité de Tanja, c’est toute notre capacité à refléchir sur la portée sémantique de la démocratie dépouillée de toute hypocrisie qui se trouve être interpellée. Au regard de la carte démocratique du continent africain, notre capacité à refuser la conception de l’exercice du pouvoir sous nos cieux se trouve également apostrophée.
Quand Jacques Chirac en février 1990 , maire de la ville de Paris disait sans état d’âme que la démocratie est un luxe pour l’Afrique, nous avons tous gesticulé car ayant reçu un cinglant soufflet. Lacérés dans nos chairs, nous sommes allés au plus profond de notre histoire pour y puiser des preuves tangibles de la pratique démocratique dans nos moeurs socio-politiques. Vingt ans après nos dirigeants politiques ont-ils été à même de donner une belle réplique à Jacques l’Africain? Débarrassons-nous de précautions oratoires et de toute rhétorique pour dire sans ambages ni fioritures que le tableau démocratique du continent n’est guère réluisant.
Ayons une certaine dose de courage pour affirmer que la quasi-totalité des pouvoirs africains sont pires en répression, en confiscation de liberté d’expression, de la presse, en terreur policière que le plus vil des régimes staliniens. Y’a –t-il un autre vocable que celui de tyrans, d’anti-démocrates pour nommer les Tanja , Gbagbo, Compaoré, Mbiya, Deby, Kaddafi, Ben Ali, Moubarrak, la liste est non limitative. Leurs dénominateurs communs : la défense de leurs intérets , ceux de leurs familles et d’une camarilla les entourant ; le tripatouillage constitutionnel pour rester au pouvoir advitam aeternam, la défense complaisante de la corruption, du copinage, du népotisme.....
Ce faisant ils annihilent toute assise démocratique et du coup tout effort de développement au mépris du bonheur de leurs peuples. Nous crions notre rage et notre indignation : ça suffit comme ça ! Nous appellons urgemment de toutes nos forces l’âge d’or de la démocratie africaine. A bas les autocraties, les monarchies , les dictatures, les dynasties et oligarchies politiques. Toute démocratie, digne de ce nom, s’élabore dans la matrice d’un Etat de droit qui en appelle à la liberté d’expression, de presse, d’association, à la représentation, à la repartition équitable des revenus, à un contre-pouvoir et à des débats d’idées contradictoires. Les dictatures démocratiques dont souffre atrocement le continent constituent à ne pas en douter un frein pour le développement social , économique et politique.
La thématique de ce billet est de poser la relation entre le pouvoir et la pathologie mentale qui constitue un sujet de reflexion attachant d’une part, et d’autre part de nous interroger sur le rapport que les gouvernants africains ont avec le pouvoir. Toute une littérature foisonnante a germé dans la tête de bon nombre d’intellectuels qui ont pris leurs plumes et refléchi sur la vie de ceux –là qui ont l’immense responsabilité de nous gouverner. Notons pêle-mêle Blaise Pascal : « Dans le discours sur la condition des Grands », David Owen dans : « Sickness and Power »(traduisez par Maladie du pouvoir), Sébastian Dieguez, neurologue suisse dans « Caligula, entre omnipotence et décadence » , J. Davidson dans : « Syndrome d’hubris », Pierre Accoce et Pierre Rentchnick dans : « Ces malades qui nous gouvernent ». Je n’ai nullement l’outrécuidance de vouloir traiter ce sujet de façon achevée , ils ont su le faire à ravir. Cependant , la relation des gouvernants africains d’avec le pouvoir sera ma préoccupation.
Qu’on veuille gentillement me laisser me parer du plumage de Chérif Haidara de Chicago puis après me l’accommoder en disant ceci : « Depuis Tacitus, la volonté de gouverner ses semblables a toujours illuminé les coeurs mieux que n’importe quelle passion ». ‘In : Les politiciens et la politique ‘. Cette vérité d’Ukase que cet as de la belle plume nous assène du haut de sa cathèdre semble étrangement valable sous tous les cieux. Du désir de gouverner à la passion , au délire et la demesure il n’y a qu’une infime ligne facilement franchissable. D’ailleurs , toute passion ne serait elle pas à l’antipode de la raison, du bon sens?
Comment expliquer sainement aujourd’hui que « l’Afrique des fiers guerriers dans les savanes ancestrales, l’Afrique que chante ma grand mère au bord de son fleuve lointain», qui avait une conception raisonnée, altruiste et humaine de l’exercice du pouvoir ait brusquement basculé dans la phase bestiale, psycho-maniaco-dépressive et hystériforme du pouvoir ? Tous les hommes étant semblables et répondant aux mêmes mécanismes psychiques , il ne saurait tenir de la prétention frénétique que de poser cette vaste question qui me taraude la tête : Les chefs d’Etat africains seraient –ils de grands malades mentaux, des psychopathes ? Ou mieux, les chefs d’Etat africains ne souffriraient-ils pas du syndrome d’hubris. Le syndrome d’hubris ? Il est la maladie du pouvoir se caractérisant par : « la perte du sens des réalités , intolérance à la contradiction, actions à l’emporte-pièce, obsession de sa propre image et abus de pouvoir : tels sont quelques-uns des symptomes d’une maladie mentale recemment repertoriée qui se développereait durant l’exercice du pouvoir ».
L’exercice du pouvoir a t-il le don d’ inoculer un agent pathogène dans le corps des chefs d’Etat africains ? Pourquoi l’ivresse du pouvoir leur fait elle perdre la raison ? Existe-t-il une griserie du pouvoir qui aurait le don d’avarier l’imposant flegme de la raison des Chefs d’Etat ? Ou seraient –ils entourés par des griots de mauvaise foi qui ne leur disent pas la vérité? La détention du pouvoir , ce privilège de facto à exercer une certaine autorité sur les autres, engendrerait-elle une anomalie, une déviation , une corruption de la raison chez nos dirigeants ? Des questions certes difficiles mais qui en appellent d’autres sous-jacentes n’étant pas de nature à nous rendre l’entreprise facile. Mais à y réflechir profondement, on s’enlise inconsciemment dans un enchevêtrement de labyrinthes pour se trouver au carrefour subtil des énoncés disciplinaires que sont la politique et la psychiatrie.
Quand on scrute un tant soit peu la carte du continent africain , on ne peut s’empêcher d’avoir froid au dos. Devant la désolation des peuples en Afrique, les Chefs semblent n’avoir qu’un seul programme : mourir au pouvoir au péril de leurs vies et au mépris de la misère ambiante et de la vie des autres. « La possession du pouvoir corrompt inévitablement la raison . » disait déjà Emmanuel Kant au XVIIIème siècle. Pourquoi alors s’étonner de l’attitude insensée de Tanja à rester sourd à toute voix de la raison quand on sait le triste sort reservé à son prédecesseur Ibrahim Barré Maïnassara ? « IBM » comme on l’appelait affectueusement, a déclanché un putch contre Mahamane Ousmane, l’un des rares présidents à être élu sans fraudes, s’est installé au pouvoir par la force après avoir promis ne pas se présenter. Une mobilisation monstre de la société civile s’en est suivie. La repression s’est installée. Il fut abattu, déchiquetté en lambeaux lorsqu’il tentait de prendre la poudre d’escampette. Et le sieur Tanja n’en a tiré aucun enseignement. Il est entrain de ronger son frein dans la prison d’une caserne non loin de Niamey. Ah ! L’ivresse du pouvoir quand tu nous tiens !
Comment comprendre l’intransigeance de Koudou Laurent Gbagbo à s’accrocher obsessionnellement au pouvoir après tant de reports de la date des élections en Côte d’Ivoire pendant que le pays est au bord du chaos? La réponse se trouverait soit dans sa personnalité perverse et sadique ou dans cette sentence que Lord Acton , touché certainement par Polymnie, la muse de la poésie lyrique avait laissé choir ceci : « Le pouvoir corrompt , le pouvoir absolu corrompt absolument.» . Cette maxime exprime mieux que n’importe quel discours l’irrépressible tentation des mortels à se laisser séduire par le pouvoir, son abus et sa soûlerie sans oublier leurs entourages faits de panégyristes-profiteurs. La matérialisation de leur idée de grandeur et d’omnipotence névrotiques passe par la politique qui est l’art de spolier les biens publics. Que nos gouvernants revoient leurs copies : ne pas mettre le pouvoir à leurs seuls profits mais au profit des gouvernés.
Comment encore comprendre la folie délirante de Robert Gabriel Mugabe face au pouvoir ? Les psychologues et psychiatres associés seront mieux indiqués pour offrir un élément de réponse à cette question à Morgan Swangirai et au peuple zimbabwéen. Les Paul Mbiya, Idris Déby Itno , Blaise Compaoré, Zine El Abidine Ben Ali, Mouammar Kaddafi, Abdoul Aziz Bouteflika, Hosni Moubarak qui sont l’incarnation type de la démence, ont fait de l’exercice du pouvoir des fétiches personnels.
Combien de chefs d’Etat africains ont été sommés par le peuple d’aller vadrouiller ? Hissène Habré est toujours en cavale. Aimé Henry Konan Bédié, chassé du pouvoir par Robert Gueï, a connu la motte et la basse-cour puis après s’envola avec femme et enfants dans l’indifférence générale pour Lomé. Après 22 mois d’exil en France , il rentre au pays en 2001 pour participer au Forum de reconciliation national. Amadou Ahijo , Jean Bedel Bokassa, Idi Amin Dada, Joseph Désiré Mobutu, tels de vulgaires filous ont pris l’escampe pour aller tristement mourir en exil loin des leurs et de leurs «crapauds des marais » (terminologie charmante empruntée à Dialla Konaté).
Combien sont morts au pouvoir ? Véritables autocrates doublés de mégalomanes schizophrènes se prenant pour Jupiter, Houphouët Boigny, Omar Bongo Odimba, Ahmed Sékou Touré, Lassana Conté, Gnassingbé Eyadema, ont échoué à transcender leurs personnalités narcissiques et ont tous mangé le pissenlits par la racine étant au pouvoir.
Combien ont passé le relais à leur fils? Joseph Kabila remplace son père Laurent Désiré Kabila en RDC avec l’onction de la hiérarchie militaire (histoire véritablement scabreuse), Ali Bongo au Gabon, Faure Eyadéma au Togo. Le triculent Kaddafi ne fait pas un mystère de son rêve de passer le relais à son fils Seif El Islam. Une maladive velleïté de passer le relais à leurs fils respectifs : Karim Wade et Gamal Moubarak effleure la tête d’ Abdoulaye Wade du Sénégal, Mohammed Hosni Salaam Moubarak d’ Egypte.
Devant ce tableau lugubre, le silence des intellectuels ne serait que l’expression d’une complicité coupable face à cette demence inacceptable vis à vis de l’exercice du pouvoir. Notre impassibilité d’intellectuels s’assimilerait à une non assistance à des peuples en danger de misère, de malnutrition , de manque d’éducation, de santé, de souffrance et de mort. Mettons nous ensemble pour mener une croisade contre cette compulsion morale à tendance sadique que nos tenants du pouvoir cultivent consciemment ou inconsciemment. Le despotisme a .....beau jeu lorsqu'il peut repondre aux peuples qui murmurent: c'est vous mêmes qui m'avez voulu.
En dépit des dispositifs institutionnels mis en place comme garde-fou pour éviter toute dérive du pouvoir, notre vigilance associée à notre capacité de refus impulsif à accepter les décisions politiques arbitraires, l’information et la formation des masses populaires demeurent le plus sûr des garants. La démocratie est un combat permanent contre tout abus de pouvoir et toutes les formes de déviances que l’exercice du pouvoir peut emprunter. La méfiance, la capacité de refus des décisions politiques insensées, les contradictions et oppositions en guise de contre-pouvoir du peuple s’avèrent être la plus efficace des cautions. « Tout peuple qui s’endort en liberté se reveille en servitude. » disait Alain dans « le politique ». La finalité de notre combat est de briser définitivement le cadre picaresque dans lequel s’exerce le pouvoir africain en en chassant les voleurs et les aventuriers.
Chez nous en Afrique, l’aversion systématique pour les règles démocratiques dans des Etats de droit est frappée par le sceau révoltant de la pathologie. Si elle ne l’est pas , pourquoi leur est –il d’une souffrance indicible de mettre le pouvoir au service du patriotisme, de l’amour, de la probité, de l’intégrité et du salut du peuple? Les règles d’accession, d’exercice et de transmission du pouvoir des gouvernants doivent être des dogmes sacro-saints inviolables. Pourquoi en Afrique le passage du relais s’apparenterait-il aux douze travaux d’Hercule ? Il a fallu à Hercule dix années pour terminer ses travaux , combien en faudrait-il à nos gouverants pour réaliser que le pouvoir s’aquiert et se transmet , qu’il ne saurait être la chasse gardée de quiconque fut –il éclairé ou dément.
La détention du pouvoir et le passage de relais en beauté par des esprits éclairés et vertueux comme Nelson Mendela, Alpha Omar Konaré, Amadou T Touré, Léopold Sédar Senghor, Abdoul Diouf, John. Jerry Rawlings, John Agyekum Kufuor, Mathieu Kérékou........restent des images fortes gravées dans nos mémoires et qui constituent les notes de consolation et d’espoir ; et nous font comprendre curieusement que tous les pouvoirs ne sont pas forcément abusifs, corrupteurs, déraisonnés et tyranniques.
Une contribution de Mr Fatogoma Mohamed Ouattara
Orange , New jersey
USA
Fouattara2@comcast.net

Thursday, August 19, 2010

De l'hiver au printemps politique au Mali

La médiocrité dans la gestion de notre pays a engendé un populisme d'un goût fade et rebutant dont le Prince du jour en a tiré les dividendes auprès d'une frange de la population engluée dans la brume. Du fait de la démocratie consensuelle- véritable exception malienne-la vie politique au Mali a connu une hibernation semblable à celle de la Tchécoslavaquie des années '60. La gouvernance cafouille, la démocratie s'empêtre.

Est-il acceptable que la gouvernance actuelle défaille à résoudre le problème de la corruption qui est un véritable frein au developpement de notre pays? Est-il admissible que la classe politique de l'opposition donne un blanc-seing devant le gaspillage de nos déniers publics? Comment comprendre la collusion des politiques devant l'injustice de la justice avec son corollaire d'abus de pouvoir, de repression des droits et des méthodes directives édulcorées? Comment comprendre la diplomatie du silence de notre pays tant à l'intérieur qu'à l'extérieur? Vivement un dégel politique synonyme d'un printemps de Bamako qui serait une tentative vigoureuse à tordre le cou à cette démocratie de l'hypocrisie dont on nous a gavés. Dans cette grisaille, le Doctor Mariko pour qui l'expression "opposant politique" semble être fait, apparaît comme une embellie doublée d'un emblème. Faisant siennes les reflexions de Brutus: "Ce n'est pas que j'aimasse moins César mais j'aimais Rome davantage". Le Mali d'abord, Mariko s'est montré indigne de délier les souliers du Prince et de se prosterner devant lui. Il s'est rendu compte de l'urgence d'une remise en cause totale d'un système de nomenklatura animé cyniquement par les mêmes clans , lobbystes, francs-maçons et opportunistes de tous poils depuis 1968. Il s'est fait l'echo de la douloureuse prise de conscience de la libération d'un embastillement certain et la volonté réelle de bâtir un MALI nouveau . Ce changement s'impose à l'évidence, à la raison et à l'exigence historique. La nécessité absolue de bâtir un état-modèle basé sur la vérité, la liberté et l'équité.

Autant il relève de la gageure que de parler de soi même, autant il paraît difficile l'entreprise qui consiste à vouloir objectivement dépeindre un homme politique.

Ce n'est pas Oumar Mariko, en tant qu'être humain avec ses grandeurs et ses misères , qui est au centre de nos préoccupations, mais l'homme en tant qu'animal politique. Comme tout le monde, l'ange et le démon sont présents en lui. Comme mortel, il a trois caractères: celui qu'il a , celui qu'il montre, et celui qu'il croit avoir. Toute la vie est une affaire de choix. Et tout choix est un renoncement, une revolution. Comme lui, nous avons choisi de ne pas nous taire. Comme lui , nous avons choisi de ne pas cautionner le statu-quo, tout comme nous avons rejeté le statu ante d'hier. Jeter son dévolu sur Oumar Mariko, ce n'est pas mépriser les autres acteurs de la vie politique malienne dont la morosité est aux limites du tolérable, c'est souhaiter le changement de la sombre et triste condition des maliens, c'est souhaiter leur bonheur.



Sans vouloir offenser qui que ce soit, il ne serait pas exageré de soutenir que Omar Mariko parait être l'esprit le plus beau dans l'opacité parfaite du landerneau politique malien. L'homme a une conviction : il croit absolument à un Mali meilleur. Il a des raisons et des arguments qui portent sa conviction comme disait la Bruyère. Il n'a jamais fait mystère de son aversion systématique pour le néocolonialisme. Il a mené un combat incessant contre les privatisations sauvages de nos enterprises. La santé et l'éducation du peuple se trouvent engoncées au centre de son combat social.

Il est un homme de vérité: il n'a pas la langue dans la poche. Il ne s'embarrasse pas de circonlocution et de rhétorique politicienne pour stigmatiser la mauvaise gouvernance et d'autres fléaux qui minent mortellement notre pays. Souvenons-nous de son combat épique en compagnie du Parena ayant astreint le pouvoir en place à un exercice inhabituel de transparence qui a consisté à reconnaître le droit de savoir du peuple sur la gestion des affaires lorsqu'il s'est agi de nous éclairer sur l'utilisation de la manne générée de la vente de la Sotelma-BIM.

Le député de Kolondiéba, Don Quichotte de notre temps, redresseur des torts a interpellé maître Abdoul Wahab Berthé sur le dossier des partants volontaires à la retraite.(310 milliards de francs déboursés par la Banque mondiale pour le programme de départ volontaire à la retraite). La Banque Mondiale a donné aux fonctionnaires du Sénégal 14millions, du Burkina 10millions et du Mali 4millions? (pourquoi?)

La flamme et l'enthousiasme de son passé de militantisme estudiantin aurait certes laissé des traces indélébiles sur l'homme ."….. toute opposition que je suis, je suis effectivement provisoire. Pas pour être un complément d'effectif mais pour prendre le pouvoir et l'exercer. Nous sommes, en tout cas au niveau du parti Sadi, résolument engagés dans le combat pour développer notre parti, pour organiser notre parti, le structurer davantage et prendre le pouvoir en 2012. Ça c'est l'objectif stratégique immédiat pour nous." Dixit Mariko

Sa particularité réside dans son audace. Il n'a pas daigné jouer à la Farce de Maître Pathelin à laquelle les autres ont été conviés, au nom de la démocratie de l'hypocrisie. Le Prince jouit d'une liberté de manoeuvre totale dans l'exercice de sa profession.

Les discours politiques de ce nouveau champion des causes nobles soulagent les coeurs, contentent et donnent l'espoir et l'espérance à ceux –là qui les écoutent dans un Mali dont l'avenir tient de l'incertitude. Sa grandeur d'âme, la fougue de son génie, la vivacité de son éloquence, sa haine viscérale pour l'injustice, son combat permanent pour la cause des pauvres et des démunis ne manqent pas de faire de lui la peinture achevée de l'opposant emblématique du Mali actuel.

Un vrai patriote , trouverait toujours quelque chose pour quoi il accepterait de souffrir: sa patrie. Ses camarades de combat d'hier, déçus et mus en oiseaux politiques migrateurs, et transhumants trouveront à redire sur son compte. Qu'il se soulage en pensant à ces propos d'Oscar Wilde: "De nos jours, tous les grands hommes ont leurs disciples et c'est toujours Judas qui rédige la biographie". Dans le Mali où tous les coups sont permis pour faire du mensonge et de la médisance une philosophie de la vie, Mariko peut paraître aux yeux des fourbes , des calominiateurs et des conspirateurs qui ne délient la langue que pour la fabulation et l'intérêt, comme un être marginal, un aigri et un arriviste. Qu'il les laisse lui jeter des pierres et des boulets rouges. Ces tas de pierres amoncelés constitueront à coup sûr le socle de son piédestal qui s'érigera un jour certain aux pieds de la colline de Koulouba. La réalité est que la politique est un art et il nous donne un avant-goût de cet art attesté dont il maîtrise à ravir les mécanismes. Il n'a cure des cirques médiatiques archestrés au profit des personnes de richissimes dinausaures et mastodontes, qui ont longtemps saccagé nos déniers publics. Avec le langage qui est le sien et la harpe et la lyre qu'il utilise pour nous announcer les charmes et les beautés du Mali de nos rêves, il ne manque pas de nous séduire. D'ici les échéances de 2012, il ne dérogera pas d'ajouter à sa lyre d'autres cordes d'airain.

Avant d'aller en expédition, les croisés n'oubliaient pas de prendre le soin de faire bénir leurs armes et leurs drapeaux. Les maliens avides de démocratie, de changement et de progrès n'oublieront pas d'accorder leur onction à Oumar Mariko . Ne mène –t-il pas une croisade au propre et au figuré dans le combat politique quotidien qui est le sien? Son offensive vise à aiguiller l'opinion publique dans le cadre de son combat social.

Une hirondelle ou une fleur ne fait guère le printemps. Nous osons esperer que ceux des politiques qui étaient frappés de laryngite et de mutisme chroniques et qui voudraient se détacher des serments de fidélité à l'endroit du Prince s'en inspireront. Ne vaudrait il pas d'être plusieurs sur une bonne affaire que d'être seul sur la mauvaise? Le combat pour un Mali meilleur tient d'une tâche herculéenne. Il se décline en terme de conviction, de courage et d'audace. " On amène les gens courageux à une action en la leur exposant plus périlleuse qu'elle n'est." disait philosophiquement Friedrich Nietzsche. Oui, les dinosaures, les mastodontes , les panégyristes-prébendiers, les bourgeois bureaucratico-militaro-compradores qui se sont greffés au pouvoir ne se laisseront pas faire. Au nom de la lutte des classes, ils iront puiser au plus profond d'eux -mêmes , le venin nécessaire pour se défendre et défendre le statu-quo.

Nous souhaitons vivement une saine émulation sur la scène politique malienne pour que d'autres talents et mérites se conjuguent pour repondre à l'angoisse existentielle de notre jeunesse désemparée qui n'a nullement besoin de s'immoler au feu , ou de s'immoler à la mer dans les enclaves espagnoles de Ceuta et de Melilla, ou dans l'enfer du désert saharien pour que devienne une réalité le printemps politique au Mali. Nous croyons foncièrement à la force des idées nouvelles et plurielles, annonciatrices d'un Mali nouveau où la politique se fera autrement : tout simplement avec un visage plus humain.

De méchantes gens verront dans cette prose une espèce de ballade, d'hymne en l'honneur du Dr Mariko. Loin s'en faut. Nous avons avec Mariko ceci de commun : notre amour de la patrie, notre désir de changement. C'est lui devoir une fière chandelle. Nous serons prêts à agiter l'encensoir devant ceux qui le mériteront, nous leur dresserons des autels aussi, à leur gloire réelle. Mais "Aucun chemin de fleurs ne conduit à la gloire" disait La Fontaine. Cependant , qu'Oumar Mariko sache que le plus dur , ce n'est pas de devenir un célèbre justicier, mais de le rester. Au yeux de ceux-là qui savent lire entre les lignes de l'histoire politique de notre continent, il y'a lieu d'être circonspect à l'endroit des opposants politiques sous nos latitudes de calmes tropicaux. Laurent Gbagbo et Abdoulaye Wade en sont les parfaites illustrations. En cas de dérapages, monsieur Mariko, nous cristalliserons nos énergies pour stigmatiser . Qui aime bien , châtie bien. A bon attendeur salut!!

Et vivement un printemps politique au Mali.



Fatogoma Mohamed ouattara

Fouattara2@comcast.net

www.ouattaradonzo.com

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Saturday, May 22, 2010

Le projet de réforme constitutionnelle: un cheval de troie?

Le projet de réforme constitutionnelle: un cheval de troie?
Le rapport de Daba Diawara et de son aréopage sur la consolidation de la démocratie au Mali, verse beaucoup d'encre et de salive. Et il ne manquera pas d'en verser davantage pour un certain temps. La plus grande des sagesses nous recommande plutôt de mettre balle à terre, en nous départissant de nos émotions et passions fortes, pour l'approcher, le lire et l'appréhender avec une certaine sérénité. Par délà nos divergeances personnelles, il y'a une variante qui, à coup sûr, permet de légitimer le Mali comme un grand peuple. Cette variante, c'est "l'exception patriotique malienne". Où que nous soyons, à l'intérieur comme à l'extérieur, qui que nous soyons, "maliens de souche" ou "maliens de circonstance", nous aimons ce pays comme la prunelle de nos yeux.Un projet, c'est ce que l'on souhaite faire ou entreprendre. Dans le cas d'espèce, le projet constitutionnel de Sir Daba Diawara, est la rédaction préparatoire d'un texte. Il est un avant-projet entendu dans le sens d'essai provisoire d'une loi mise en avant pour servir de sujet de discussion. Comme tout projet, il n'est pas une entité en soi rigide, mais une esquisse, un dessin- brouillon en cours de réalisation. Etant dans les langes, le travail de Diawara n'est pas figé. Il a besoin d'être lu, re-lu, puis après la nécessité de le raboter et le peaufiner s'imposera. Sa réalisation ou sa mise à mort se nourrirait de nos choix collectifs à dire OUI ou NON, produits de nos cogitations et élucubrations. En clair, on n'exécute pas tout ce qui se propose. Et le chemin est long du projet à sa réalisation.
D'abord, le Président de la République passera la râpe sur le sabot de ce cheval de troie pour le polir et le rendre uni en lui donnant forme et corps. Il devra être adopté en Conseil des ministres avant d'être défendu à l'Assemblée Nationale. Nos "honorables députés" plancheront sur le texte. Nous osons croire qu'ils travailleront avec sérieux, minutie et rigueur dans le but de fignoler le texte dans les moindres details. Et enfin, le dernier mot reviendra au peuple souverain lors de la consultation référendaire à laquelle il sera convié dans le dernier trimestre de cette année.
A la lecture du texte, il nous apparaît que ce projet constitutionnel n'est pas d'une perfection absolue, il est certes une avancée sur certains points, il n'en demeure pas moins qu'il recèle des tares et des insuffisances qu'il convient de corriger pour lui en donner des moulures agréables et plaisantes. Ne dit-on pas à juste titre qu'en tant que mortels, nous nous trompons dans nos entreprises. C'est à quoi nous sommes sujets?
Comme il y'a une crise de confiance grave entre gouvernants et gouvernés, il ne releverait sûrement pas de la prétention que d'alambiquer son esprit dans ces vastes questions. Que se cache réellement derrière ce projet constitutionnel ? Ce projet est-il à même d'être une réponse à l'angoisse existentielle à laquelle le peuple malien est en butte? Sommes nous en face d'un projet politique ou d'un projet de société aux dépends du peuple? Ce projet peut-il donner l'espoir à l'homme malien en redonnant à nos institutions leurs véritables lettres de noblesse et au politique son véritable rôle et sa dimension? Ou encore mieux, pour nos princes et nos potentats , ce projet , est-il un instrument astucieux visant à imposer à la majorité un monde noir d'injustice, de malheur et de misère et se donner les moyens et pouvoirs d'un hold-up sur notre pays pour se forger un avenir radieux pour eux et leurs progénitures?
Comme toujours, on s'est trompé de combat. Une démocratie forte présuppose des institutions et des hommes forts. La démocratie malienne est forte de ses institutions mais les hommes en charge de les animer restent les véritables plaies. Selon le rapport de Diawara: "Le pays n'a en effet, connu, sauf en 1997, aucune crise institutionnelle majeure mettant en cause les fondements de la République et de la démocratie. Pour l'essentiel, les libertés et les droits individuels et collectifs reconnus et garantis par la Constitution ont été respectés....". L'utilisation des amendements et des abrogations pour dessabler le texte en vigueur aurait été la plus simple et la moins dispendieuse des solutions. Curieusement le CARI met au devant de son argumentaire la volonté de " proposer des aménagements qu'il considère capables de doter le Mali d'institutions qui fonctionnent harmonieusement sans constituer un trop lourd fardeau pour le contribuable". Il aurait été de bon ton de crystalliser nos efforts non sur les institutions(projet de loi, projet politique, projet de société, …) mais sur les hommes (projet éducatif, projet professionnnel, projet familial, moral …) Notre démocratie est en proie à une crise morale aiguë et non institutionnelle. La fiabilité, la transparence et la force des institutions dépendent des hommes en charge de les faire fonctionner: des journalistes indépendants et impartiaux, des fonctionnaires de l'Administration Publique consciencieux professionnnellement, des policiers, gendarmes et douaniers honnêtes et incorruptibles, un Végal indépendent et probe, des juges indépendents et justes. Dans les champs, les fermes, les bureaux, à l'école , à l'usine, …si tout le monde y met du sien en accomplissant correctement la tâche quotidienne , le Mali sera un pays de rêve. Si la répartition des biens se fait équitablement, l'autosuffisance alimentaire et la santé pour tous deviennent des réalités, si l'emploi cesse d'être un casse-tête chinois, les champs fleuriront d'espérance et les coeurs vibreront de confiance. Voilà à mon goût , le vrai challenge auquel nous devons faire face. Sans ce préamble catégorique toute enterprise de consolidation de la démocratie ne serait qu'un leurre.
Le but de tout projet est d'apporter des innovations en vue d'atteindre l'excellence voire l'idéal. A t-on vraiment atteint l'excellence à la suite des nombreux fora sur la délinquence financière, l'école, le foncier….? Dans une perspective anthropologique c'est à dire l'adaptation et le fonctionnement de ce projet pour le Mali qui a ses spécificités économico-socio-culturelles nous amènent à nous interroger sur le bien fondé de certains de ses points. Nous osons craindre qu'une fois de plus que ce projet de reforme ne soit une fiente de poule , de la poussière dans les yeux du peuple malien.
Comment comprendre le cumul des fonctions dans un pays où l'école est , depuis près de trente ans, une puissante manufacture de fabrication de jeunes diplomés sans emploi. Dans un pays où le gouvernement incite les fonctionnaires à aller volontairement à la retraite pour pouvoir désengorger une administration publique qu'il peine à prendre en charge, le cumul des fonctions semble tenir de l'absurde et du burlesque. Il s'explique difficilement dans un pays où le retard, l'absentéïsme au travail sont des sports de prédilection. Il est un danger pour notre démocratie en ce sens que le cumul des fonctions électives entraîne une professionnalisation et une prise en otage de la fonction d'élu. Pas de renouvellement de la classe politique. Pour aider certains à comprendre, disons que le cumul des mandats électifs autorise une seule personne à avoir un mandat de sénateur!!!, de député, de conseiller municipal, de maire et même de ministre avec des émoluments et autres fruits à la clef. Dites moi comment un ministre-député-maire peut-il pratiquement avoir le temps de s'occuper de sa municipalité, de son ministère et avoir le temps suffisant pour lire les projet de lois de l'Assemblée Nationale? "On ne peut pas être au four et au moulin , et dans le pré à faucher le blé……". Un problème d'agenda se posera sûrement à moins d'avoir un don d'ubiquité. Comment comprendre les avantages exorbitants accordés à ceux- là qui, depuis l'ère du général Moussa Traoré, ont fait main basse sur notre pays et sont partie prenante de son échec?
Comment comprendre la création d'un sénat dans un pays en développement. Allons nous copier pâlement sur le système français avec environ 343 sénateurs ou 2 sénateurs par région comme aux Etats-Unis d'Amérique( qui en compte 100 à raison de 2 sénateurs par Etat)? La création d'un parlement bicaméral ne s'explique pas eu égard à nos ressources limitées et à l'existence d'une Assemblée Nationale, à moins d'avoir succombé à un snobisme. En sus de la complexité de la procédure législative, le budget de fonctionnement des deux chambres, les rémunérations et indemnités des sénateurs et députés et leurs collaborateurs seront dispendieux pour le contribuable. Cette manne pourrait être destinée à d'autres causes plus nobles. Encore une fois, que nos gouvernants sachent qu'un changement , une innovation se mesurent à l'aune de l'efficacité et de la rentabilité. J'en veux pour preuve. Avec l'existence de la Cour des Comptes, la pertinence de l'importation du Vegal reste à prouver en ceci que leurs champs d'action semblent s'entrecroiser et se confondre.
Comment comprendre la question de la double nationalité dans un pays d'émigration par excellence dont la richesse réside dans son union. Faisons attention à ce sujet sensible, véritable serpent des mers, qui a été un casus belli dans bien des pays. Evitons de prendre la scie pour le rabot, la lame pour l'aiguille. Que nos princes et potentats nous fassent l'économie d'une déchirure sociale qui a empêtré certains pays dans le huitième cercle infernal de l'Enfer, celui que Dante n'aurait pas prévu dans la folie de son imagination lugubre. En jettant sur la table la pomme qui porte son nom, la déesse Discorde fut à l'origine de la guerre de Troie. Le vocable"d'origine" de l'article 31 serait-il notre pomme de discorde? Mettre une grosse biffure sur le vocable d'origine débarrasserait l'article de toute argutie juridique. Il deviendrait tout simplement :
"Tout candidat aux fonctions de Président de la République doit être de nationalité malienne et jouir de ses droits civiques et politiques". " La fibre patriotique et l'amour du pays ne resultant pas seulement d'une donnée juridique mais plutôt d'une orientation philosophique et culturelle. Il est vain de la rechercher dans une démarche exclusivement normative". C'est donc à dessein qu'en liminaire j'ai utilisé le mot variante par référence à nos degrés divers de patriotisme. Ceux qui ont saccagé ce pays sont-ils plus patriotes que les Sadio Draméra , Frédérick Oumar Kanouté, Mamadou Lamine Koné du Pr Dialla Konaté? Les MKD, FMT et JL.Doumbia de Chérif Haidara?
La hausse du montant de la caution pour les présidentiables de cinq à dix millions n'est qu'une diversion supplémentaire. Il ne leur coûterait pas les yeux de la tête, ceux -là qui ont impunément puisé dans le dénier public et devenus riches comme Crésus, que de débourser un tel montant.
Au regard de la crise de confiance entre gouvernants et gouvernés, générée de la gestion calamiteuse de notre pays par une cotérie d'intrigants et d'aventuriers politiques pendant près de vingt (20) ans , nous nous posons à bon droit la question de savoir si ce projet de reforme constitutionnelle n'est pas un traquenard d'Ulysse. Nous souhaitons vivement qu'il ne s'apparente pas au mythe du cheval de troie pour le peuple malien qui n'a nullement besoin d'être pris en otage par une camarilla politique sans loi ni foi. Le peuple malien craint les tenants actuels du pouvoir même quand ils apportent des cadeaux. Dans une société, quand des couches sociales sont en conflit larvé ou ouvert, les couches supérieures essaient de maintenir leurs suprématies sociales sur les classes inférieures qui, à leur tour, tentent de réduire ou de supprimer les avantages des premières. Héritiers de la théorie de lutte de classes de Saint Simon et de Karl Marx, nous dirons que nous sommes au Mali sans contexte dans le cadre d'une farouche lutte de classes. Cette lutte est un combat permanent et notre résolution à dire NON au texte référendaire serait le seul emplâtre que le peuple malien pourra mettre sur les blessures réçues tout au long de cette période d'incurie, de gaucherie et d'égoïsme impur qui a émaillé la gestion calamiteuse de notre pays par ceux- là qui, du fond de leur coeur, aurait séché le partriotisme.
Fatogoma Mohamed Ouattara
Fouattara2@comcast
Orange, New Jersey
USA

Le multipartisme au Mali: un échec?

Le multipartisme au Mali: un échec?
Le paysage politique malien ressemble étrangement à un véritable capharnaüm habité par des mastodontes indéboulonnables dont la personnalité s'imbrique inextricablement avec le nom des partis politiques qu'ils ont fondés ou pilotent. Ils sont idolâtrés , tels des dieux sur leurs autels, par des militants-adorateurs vouant un culte à leurs divinités, chantant un hymne à leur gloire réelle ou supposée. En somme, de véritables veaux d'or qu'ils vénèrent plus par le poids de leurs capacités financières, d'influence et de nuisance que des projets de sociétés qu'ils offrent. Dans ces partis, la contestation et l'opposition prennent les allures de crime de lèse-majesté. Les récalcitrants et ceux qui éprouvent une déception transhument à la recherche de l'herbe et l'eau nécessaires à leurs survies. Les ouailles les plus soumis sont recompensés par des postes ministeriels, de fauteuils parlementaires, d'édiles municipaux…..sous la bannière du parti. Quand le chef du parti accepte lui même d'entrer dans le gouvernement , c'est pour puiser dans le dénier public pour alimenter la vie de son parti. C'est pourquoi la démission pour incompatibilité n'est pas encore entrée dans nos moeurs politiques. Tout départ d'un ministre du gouvernement s'apparente à un deuil.Un parti politique, c'est d'abord un courant politique et sa structure interne. Une idéologie aussi, qui reflète les aspirations d'une frange de la population qu'on appelle électorat. Il a une vocation nationale. Il a une implantation et une representation nationales.
Ma préoccupation est de savoir si les partis politiques au Mali sont de véritables associations de personnes unies par des intérêts et des opinions communs en vue de conquérir le pouvoir pour se servir ou servir le peuple ? Representent-ils des électeurs convaincus? Savent-ils séduire un électorat ? Combien de fois leur est -il arrivé d'empêcher légalement la mise en oeuvre des actions gouvernementales? Sont-ils des Clubs de soutien?
L'opposition malienne, majoritairement, a complaisamment joué un jeu de flirt , tissé une histoire d'amour d'avec le pouvoir. Elle a le plus souvent perdu de vue que la relation dialectique entre le pouvoir en place et sa contestation confère à la politique toute sa légitimité. Une opposition permanemment active sous-tendue par des critiques acerbes et pointues, des suggestions pertinentes, des refus et des empêchements légaux à la façon de gérer le pays a manqué au tableau et aurait du coup faussé le jeu politique. Ce qui nous amène infailliblement à nous poser la question de savoir si bon nombre de partis politiques ont des convictions. La conviction en politique participe à l'élaboration d'une identité sociale. Et à chaque fois qu'il y'a une violence volontaire ou involontaire contre ces valeurs structurantes , des réactions de défense instinctives et naturelles naissent. A ce niveau, la limite est plus ténue entre les convictions sociales fortes, vecteurs de violence et le fait de s'opposer aux tenants du pouvoir.
A l'heure du bilan du régime d'ATT, l'opposition malienne sera en partie comptable car elle n'a pas pleinement joué son rôle de contre-pouvoir qui aurait été de nature à donner du grain à moudre au pouvoir. Ce qui aurait évité un certain nombre de dérapages et d'échecs imputables à la gouvernance actuelle. Maliba, notre héritage commun en aurait gagné. Nous avons plutôt assisté à une espèce de démocratie consensuelle, véritable particularité malienne. "Quiconque flatte ses maîtres les trahit"
Sans vouloir offenser qui que ce soit, il ne serait pas exageré de soutenir que Oumar Mariko paraît être l'esprit le plus beau dans l'opacité parfaite du landerneau politique malien. L'homme a une conviction : il croit absolument à un Mali meilleur. Il a des raisons et des arguments qui portent sa conviction comme disait la Bruyère. Il n'a jamais fait mystère de son aversion systématique pour le néocolonialisme. Il a mené un combat incessant contre les privatisations sauvages de nos enterprises. La santé et l'éducation du peuple se trouvent engoncées au centre de son combat social.
Une hirondelle ne fait guère le printemps. Le Mali regorge d'environ une bonne centaine de partis politiques dont l'utilité et la pertinence restent à démontrer. Ce qui m'amène ipso facto aux interrogations non moins pertinentes de notre frère aîné Ousmane Sy:
"Les partis politiques sont-ils encore utiles pour la démocratie et l'émancipation des peuples africains? Si oui, que doit -on faire pour qu'ils jouent mieux leurs rôles?
Si non, par quoi doit-on les remplacer ?"
Oui, monsieur Sy, les partis politiques sont encore utiles pour la marche démocratique et l'émancipation des peuples. Telle la langue d'Oeusope, ils seront la pire ou la meilleure des choses suivant l'utilisation qu'on en ferait. Donc, on ne saurait légitimement accepter et concevoir la gestion démocratique du pouvoir sans contre-pouvoir. Le contre-pouvoir est sémantiquement un pouvoir qui s'exerce en opposition à une autorité établie. Notre démocratie ne ressent aucun besoin d'avoir de carriéristes chévronnés se plaisant à jouer à ravir la carte de la démocratie consensuelle. Le Mali , tout comme le reste du continent africain, a besoin de partis politiques forts, fruits de long processus de maturation, bien structurés, faisant de la formation politique et idéologique de leurs militants des impératifs catégoriques. Notre démocratie souffre d'un déficit criard d'information et de formation politique des masses populaires. Bon nombre de partis politiques ont peiné dans leurs efforts d'opérer la mise en mouvement des masses , à faire la publicité des activités, à vendre leurs idéologies , s'il en ont. Une crise de confiance très aiguë sépare les politiciens et la population.
Que doit- on faire pour que les partis jouent leurs rôles?Il faut tout simplement re-configurer le schéma politique. L'avénément de la démocratie au Mali a géneré un multipartisme des plus débridés exposant notre pays à toutes sortes d'aventuriers de mauvais aloi embrigadés dans des partis fantômes faisant serment d'allégeance au pouvoir en place. Environ deux décennies après il s'impose à l'évidence de briser ce schéma picaresque pour reconfigurer l'échiquier politique malien. Pourquoi ne prendrions -nous pas chez les autres ce qui semble marcher.
LE MULTIPARTISME DEBRIDE FUT UNE ERREURPourquoi ne pas reconfigurer notre paysage politique en limitant le nombre des partis politiques? Vingt ans après la pratique du multipartisme débridé , nous en sommes à nous demander si ce choix s'impose être le meilleur pour notre pays eu egard au nombre d'habitants et de nos ressources financières. Des pays de vieilles traditions démocratiques gardent le bipartisme: au Royaume Uni, les Conservateurs à droite et les Travaillistes à gauche. Tout autour de ces deux grands partis se greffent de petits partis. On rencontre le même schéma politique aux USA avec les Démocrates et les Républicains auxquels s'écussonnent de petits partis. En Israël , le Likoud et les Travaillistes auxquels serait venu s'ajouter le Kadima d'Ariel Sharon, un parti centriste. Tout autour viennent s'amonceler quelques petits partis. Le multipartisme débridé fut une erreur, vivement le multipartisme contrôlé. L'instauration du vote uninominal majoritaire à un seul tour serait une avancée notable dans nos choix démocratiques en ceci qu'il éviterait aux choux et chèvres de s'acoquiner pour former des alliances qui ne survivent que le temps d'une élection présidentielle. C'est une tare pour notre démocratie que d'octroyer la représentativité d'une large portion de la société aux analphabètes à l'Assemblée Nationale dont les fonctions sont couramment le contrôle de l'action gouvernementale, l'élaboration des lois en tant que détentrice du pouvoir législatif. Quelles armes intellectuelles un analphabète dispose-t-il pour voter un budget et en vérifier l'emploi? Peut-il procéder à des enquêtes et interpeler les gouvernants? Notre démocratie perd de son lustre avec des députés analphabètes-baudruches croûlant sous le faix d'une infirmité rédhibitoire vis à vis de la chose politique qui se décline en terme d'accessibilité, d'expression, de compréhension et d'appréhension. Cette bizarrerie gagnerait à être corrigée pour le bonheur de notre démocratie. Cette approche peut à première vue paraître provocatrice, une espèce de pavé dans la mare. Mais le débat reste ouvert pour ceux des maliens ayant une idée divinement haute de la liberté d'expression et de la diversité des idées dans le cadre convivial de la confrontation des idées d'où sort un Mali grandi.
Derrière Amadou Toumani Touré, ex-général, se cache à coup sûr un fin stratège qui a su jouer à ravir sa partition. Il a fait ce qu'il a voulu. Il est sorti vainqueur de ce jeu de méli-mélo politique au goût détestable. Il est tard de vouloir s'opposer au vainqueur. Le vaincu, le peuple malien a dramatiquement pris les allures de maître Aliboron. Les rideaux sont presque tirés. Nous sommes à quelques encablures de la fin du mandat présidentiel qui le plus souvent se trouve être des plus difficiles pour le président sortant. C'est le moment de prédilection pour les insatisfaits et les aigris de le lâcher et de se faire entendre. Nous leur dirons d'aller paître. Heureusement que Monsieur Touré fait durer le suspens en ne procédant pas au fameux remaniement ministeriel qui est devenu une espèce de fixation pour certains attentistes. Et puis aussi, il y'a l'ombre d'un hypothétique troisième mandat qui plane. La copie de l'opposition malienne gagnerait à être revue.
Fatogoma Mohamed ouattara
Orange, New Jersey,
USA
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