Wednesday, March 28, 2012

Le coup militaire au Mali: Ma part de vérité. (La conjuration et l’abjuration)

L’histoire vient de babutier une fois de plus dans l’Afrique au sud du sahara. Le Mali, vu de l’extérieur comme une démocratie exemplaire, est à la croisée des chemins. Sa démocratie qui était un véritable miroir aux alouettes n’était en fait qu’une démocratie de l’hypocrisie conjuguée à l’envi avec le règne du mensonge étatique triomphant. Je n’ai eu de cesse de dire qu’il tient de l’autoflagellation, de l’infatuation que de se targuer d’être porteur d’une démocratie exemplaire alors que la farce politique ne faisait plus sourire le bas peuple malien en souffrance dont le drame existentiel allait crescendo au fil des jours. Une démocratie en a caché une autre. La présence de l’ex Président Touré( qu’on veuille désormais s’habituer à ce vocable) à la tête de l’Etat malien s’apparentait à une véritable aberration. ATT avait traîné le Mali dans le tréfonds de l’abîme, tous les clignontants étaient au rouge. Tous les jours que Dieu faisait en rajoutait à la grande douleur des maliens. Les conditions objectives d’une révolution de palais ou d’une révolution sociale étaient là , patentes, offertes à l’appréciation de tout un chacun. On ne peut pas vouloir d’une chose et son contraire.
Le vin est tiré, il faut le boire. Cette conjuration, bien qu’ayant surpris tous les observateurs avertis de la politique malienne, s’inscrivait dans la logique et la cohérence interne de la situation qu’était le mali pré-électoral. Ce putsch n’est pas un crime de lèse-démocratie à y regarder de très près. Après les abjurations, les incantations et prières demandant à l’Eternel de sauver le Mali des démons “militaires” , de ceux de la rebellion et de la division, il y’a lieu de prendre du recul et faire l’effort d’aller au fonds du problème pour analyser rigoureusement les causes réelles qui nous ont emmené en ce jour du 21 mars 2012. Je tiens à préciser que je suis de ceux là qui n’auraient pas souhaité un coup d’état militaire eu égard à ma conviction intime qui m’intime d’observer une circonspection à l’égard de l’intrusion des militaires dans la vie politique. L’histoire nous a prouvé que la solution militaire n’a jamais été la panacée aux maux dont souffre les peuples au sud du sahara. Ce qui apparaît à l’évidence en revanche c’est que les conditions objectives d’une révolution populaire ou de palais étaient réunies tant le déséquilibre social, les injustices, les déceptions, les frustrations cristallisés au fil des 20 dernières années du Mali “ démocratique” avaient atteint leur paroxysme. La chute de TOURE n’est pas seulement la défaite d’un homme mais de toute une conception malienne de la démocratie. ATT a embarqué toute la classe politique malienne dans la regrettable aventure de la démocratie consensuelle qui fut une démocratie de la connivence autour de la corruption, du népotisme, du favoritisme, du clientélisme, leur corollaire et ……la chienlit. Le peuple fut le maître Aliboron de cette farce de mauvais goût.
Les problèmes du Mali démocratique ont leurs origines et explications dans la gestion désastreuse du pays par l’ADEMA de Alpha Oumar Konaré et de ses démembrements; ATT et son clan n’ont fait que perpétuer une hégémonie. Une camarilla en société avec une bourgeoisie militaro-administrativo-compradore, sûre de ses faits, a achevé de prendre cyniquement le Mali en otage. Ce qui a donné naissance à un Mali bi-céphale avec des maliens malhonnêtement riches et des maliens honnêtement pauvres. L’inégalité dans la repartition des biens a genéré une fracture sociale inacceptable et insoutenable. Le Mali était une poudrière latente qui n’attendait que l’étincelle salvatrice pour exploser. Si cette étincelle est tombée providentiellement sous la forme d’une conjuration, il y’a lieu de remercier le ciel. Quel crime les militaires ont-ils commis en profanant cette démocratie de cache-misère sur son autel? Pourquoi, au lieu d’intenter des procès d’antériorité à ces vaillants militaires, n’aurions nous pas l’honnêtete et le patriotisme nécessaires de les accompagner avec notre pâteline onction? Ce qui urge de faire aujourd’hui, si nous aimons le Mali comme le disons, c’est de tendre des mains amies et complices au Capitaine Sanogo et à ses compagnons pour l’émergence d’un MALI nouveau dépouillé de tous ses vautours et dépradateurs qui n’avaient d’intérêts que les leurs. Nous devons créer des conditions favorables de dialogues francs pour la constitution d’un gouvernement d’union nationale composé de technocrates compétents, de politiciens aguerris , probes et patriotes. Je fais confiance à la sagesse de ce peuple malien dont la capacité de resilience est forte, qui tel un roseau plie mais qui ne rompt pas. Nous saurons nous transcender, j’en suis sûr. Les militaires putschistes ont eu le mérite de provoquer une alternance. Pourquoi alors une conspiration contre eux ? Leur coup est l’expression de leur déception vis à vis d’ une hiérarchie militaire embourgeoisée engluée dans ses bureaux feutrés et douillets, embourbées dans des affaires interlopes de narco-trafic, de malversations, de clientélisme et de recrutements opaques. Leur cri de rage est l’expression de leur refus de voir les soldats de rang envoyés au mouroir du nord sans munitions. Leur prise de pouvoir “ non constitutionnelle” est la manifestation de leur refus devant une injustice sociale criarde et revoltante. Cette insubordination est enfin le refus d’accepter la perte de l’intégrité territoriale de notre pays menacé dangereusement devant l’avancée insolente des bandits armés du MLNA. Au lieu de mener des querelles de clocher autour du départ de la nouvelle junte, du retour de l’ordre constititonnel et de la tenue des élections présidentielles aux dates échues(ce qui est aujourd’hui une vue de l’esprit)nous gagnerions à nettoyer cette écurie d’Augias qu’ATT et son clan nous auraient leguée. Travaillons pour l’émergence d’un Mali nouveau excommunié de ses démons: tous ceux qui ont participé à la dérive du Mali par leur silence ou par leur complicité coupable à la gestion nébuleuse du pays par le système Touré. Commençons à faire table rase de ce passé démocratique pour en imaginer une autre qui repondra à nos aspirations et rêves d’un Mali de justice, d’égalité où chacun sera rémuneré selon ses mérites. Le véritable salut du Mali nouveau réside dans le changement de la classe politique qui resent un besoin plus qu’impérieux de prendre un véritable bain de pureté et de jouvence. Il n’y a qu’à faire confiance à cette jeunesse consciente qui a pris une juste mesure de ses responsabilités et qui n’aspire qu’à forger une société juste. L’exemplarité de notre démocratie ne saurait rimer avec la présence des analphabètes dans notre hémicycle, nous voulons de vértitables députés honnêtes et patriotes dotés de bagages intellectuels et de courage guerrier pour contrôler et s’opposer aux dérives gouvernementales. Les institutions de la république étaient malades à travers ceux là qui les animaient, il n’y a jamais eu de crise constitutionnelle majeure, pourquoi ceux qui se bousculent aujourd’hui aux portillons de koulouba ont-ils voté la loi pour la reforme constitutionnelle sachant que l’entêtement obsessionnel de Touré à aller à sa consultation “ referendaire-élection présidentielle” obéïssait à un désir sournois d’imposer un dauphin pour perpétuer une suprématie?
Il y’a lieu de clairement tracer les contours sémantiques des vocables-fétiches : démocratie, d’alternance , de changement, de constitutionalité et d’anti-constitutionalité qui ne sont pas des cache-sexe suffisants pour occulter la nudité et les insuffisances de la démocratie malienne. L’impérieuse nécessité de mettre ces mots dans leurs contextes pour comprendre les tenants et les aboutissants de ce coup d’état militaire s’impose. Les condamnations de la CEDEAO, de l’UA, du Conseil de Sécurite des Nations Unies, des euro-américains ne sont que des cautères sur une jambe de bois. Faisons alors fi des lectures erronnées de l’exterieur et comprendre nos problèmes qui ne sont que nôtre. Il nous appartient de les appréhender et de les résoudre à notre manière. Notre doyen Dialla Konaté, du haut de sa chaire professorale nous enseigne que la démocratie n’est pas un fétiche auquel on rend un culte religieux. Si Georges Clemenceau a eu cette boutade en disant que le coup d’état ( la guerre ) est une chose trop sérieuse pour la confier aux militaires. Moi je dirais que l’avenir d’un Mali est une chose précieuse qu’il ne faudrait plus le confier aux aventuriers politiques qui s’ingénient à organiser des rites d’exorcisation pour chasser les militaires qui se sont mis effrontement au travers de leur route menant sur la colline de Koulouba. Si nos célèbres candidats aux présidentiels avaient joué à ravir leur carte d’opposants politiques, ils pouvaient anticiper sur ce balbutiement de notre histoire en forçant le pouvoir à insérer dans notre constitution la notion d’impeachment qui pouvait légalement contraindre Amadou Toumani Touré à démissionner en cas d’impuissance à diriger le pays. Nous ne serions pas aujourd’hui, hélas, préoccupés par une guéguerre pendant que l’ennemi au Nord n’arrête de conforter sa position en poussant ses pions.

L’eau trouble est le gain du pêcheur dit-on, donc prenons garde à ne pas tomber dans une nouvelle trappe des héritiers de” la démocratie malienne” qui de collusion avec ATT nous auraient mis dans cette merde. A la faveur d’un bégaiement de notre histoire sous forme d’un pronunciamiento venu du camp militaire de Kati, une écluse vient de s’ouvrir pour permettre au peuple malien de se libérer de l’ otage des princes Alpha Oumar Konaré, Amadou Toumani Touré et leurs coteries d’intrigants qui pendant presque vingt et un ans l’auraient fourbé.
Fatogoma Mohamed ouattara
Orange, New Jersey
USA

Thursday, March 22, 2012

Le Mali pré-électoral: la quadrature du cercle?


A quelques encablures de la date fatidique du 29 Avril 2012, celle de la première manche des élections présidentielles, le Mali se trouve devant une sinistre situation de bouteille d’encre. Pendant que l’univers politique était troublé par un tohu-bohu à ne pas s’entendre autour de l’inopportunité de la reforme constitutionnelle,

le referendum, du fichier électoral: le Ravec ou le Race, la composition du CENI, le couplage referendum-élection présidentielle, les guerres de leadership et de positionnement de certains leaders politiques, soudainement, la rebellion, notre serpent des mers, nous surprend avec des massacres d’une monstruosité incommensurable. La barbarie dont a fait preuve la rebellion a suscité l’emoi national. Dans un élan compassionnel national (cum patior: souffrir avec en latin) , nous avons partagé la douleur de la perte de nos vaillants soldats et de l’affliction de leurs familles. Autant dans la liturgie, les chrétiens fêtent, en mémoire des douleurs de la Vièrge, autant nous célébrerons désormais notre semaine de la passion de notre Armée Nationale concomitamment avec le 20 janvier. Pendant que nous sommes écartelés entre victoires sporadiques et “replis strategiques” sur le terrain des opérations, par un hasard de l’évolution de la situation, les islamistes d’Ançar Dine d’Iyad Ag Ghali prennent le relais, avec la volonté d’instaurer la Charia dans une République islamique achevant de tourner en bourrique l’autorité centrale qui n’a d’autorité que de nom. Ce qui rend difficile la tâche de l’armée malienne: elle doit lancer le relais sur deux fronts, car la rebellion toureg est latente et sournoise. Après que notre armée nationale ait subi des camouflets et de cruelles mortifications à la lisière de l’humiliation et de la honte, que la moitié de notre territoire soit devenue une zone de non-droit, les tenants du pouvoir soutiennent mordicus, jusqu’à leur dernier syllogisme, que la situation sécuritaire au nord du pays ne saurait être une préoccupation entravant la bonne tenue des élections. Nous ne saurons être dupes car habitués au modus operandi de ce régime basé sur des calculs froids. Certaines voix autorisées s’élèvent pour nous proposer une période transitoire prélude à des élections transparentes et crédibles. Le peuple croit que les politiques, parlant au nom de la “ démocratie malienne” veulent tirer les marrons du feu avec la patte de chat dans cette situation eschatologique(le qualificatif n’est pas trop fort), car nul ne saurait prédire avec exactitude ce que nous réserve l’avenir. Le manque de munition, l’impréparation de nos militaires, leurs replis stratégiques, la volonté du groupe Gandagoi à s’autodéfendre, le désarroi des populations ,le manque d’initiatives et d’envergure du Président TOURE ont achevé d’en rajouter au sentiment d’indignation et de déni de la population vis à vis du pouvoir à Bamako.

A quelques trente cinq (35) jours de “ ses élections”, il serait sage, honnête et patriotique de la part d’ATT de reconnaître son fiasco cuisant et en appeler à la commisération des forces de maintien de la paix de l’Union Africaine, des organisations sous régionales ou les membres permanents du Conseil de Sécurite de l’ONU pour engager des opérations de grandes envergures pour le retour et le maintien de la paix. Je subodore déjà la gesticulation véhémente de certaines personnes mais qu’on se le tienne pour dit, ATT a rencontré son Waterloo avec sa gestion calamiteuse de la rebellion touareg, nous avons bu le calice de la honte jusqu’à la lie. Sa vieille rhétorique d’une légèreté insoutenable (immensité de la bande sahélo-saharienne, collusion entre Aqmi, MNLA, Ançar Dine d’Iyad Ag Ghali,…)est tombée en désuétude. Si tant est son désir de tenir des élections à la date échue, nous avons besoin de force d’interposition comme il y en a eu en Côte d’Ivoire, au Libéria, en R D Congo, au Sud Soudan, en Somalie, au Darfur, au Liban(FINUL) …….Puis après le nouveau Président démocratiquement élu viendra s’occuper à sa convenance de cette patate chaude qu’ATT aura un bonheur indicible à lui refiler.

Election présidentielle ou une transition politique?

Dans la période trouble qui est celle du Mali pré-électoral, il est d’une évidence indéniable que nous sommes face à la quadrature de cercle. Comme les troubadours du slogan : ” ATT, anbe sa inofè”(nous mourons avec toi, ATT) viendront encore à la charge, qu’ils nous donnent les preuves de leur excellence en géométrie en nous extirpant de ce labyrinthe abyssal en nous tendant leur fil d’Ariane salutaire. Nous ne sommes pas au bord du gouffre mais dans le gouffre. Comment peut-on honnêtement parler d’élection présidentielle et de consultation référendaire pendant que le septentrion malien est à feu et à sang, à l’insécurité et à la désolation? Peut on convier la population à des consultations pendant que les chiffres du HCR quant au nombre des réfugiés dans les pays limitrophes donnent le vertige? S’il s’en trouve des gens pour répondre par l’affirmative à ces questions, il serait regrettable de concevoir la politique malienne comme l’expression la plus achevée de la dernière bassesse conjuguée avec le mépris et l’animalité. A ce que je sache, la politique est noble dans sa dignité. Serais-je un politique, il m’aurait été difficile de dormir en acceptant l’obstination du pouvoir d’aller pour ces rendez vous électoraux controversés. La politique n’est pas de l’angélisme dira-t-on mais abandonner momentanément la course pour Koulouba par dégoût et par conformité à certains principes moraux serait l’expression la plus noble de la magnanimité et de l’élégance qui caractériserait nos candidats IBK, Zoumana, Modibo, Soumaila, Mariko, Cheick Diarra, Diancounda, j’en oublie. S’ils aiment le Mali comme ils le clament à tout venant, qu’ils jettent le manche après la cognée. Vivement un moratoire pour le referendum et les élections présidentielles. Comparaison n’est pas raison, mais en me confortant dans mes convictions, serait –il superflu de rappeler que la plupart des candidats à l’élection présidentielle française ont suspendu leur campagne pour rendre respect aux victimes de la tuerie de Toulouse? J’en appelle à la reflexion des politiques et de l’électorat. Arrêtons d’être fourbes et sauvons notre pays, cette barque naufragère.

La transition, qui est un changement provisoire visant un nouveau stade, aurait été une solution salutaire si et seulement si les questions posées se satisfaisaient aisément: quel rapport psychologique le malien a de la transition? qui dirigera la transition? Quelle équipe transitoire? Sa durée? quel but en assigner? Nous voilà encore devant la croix et la bannière. C’est vraiment “ caillou” comme le dirait mon cousin ivoirien!

L’expérience de la première transition démocratique qui a vu le Mali passer d’une dictature militaire à une démocratie réelle n’a pas laissé de merveilleux souvenirs. Les héritiers de cette démocratie sont tous là comme acteurs politiques majeurs, comptables de la dérive de notre pays.

Le but véritable de la transition dont on parle serait de passer d’une plutocratie doublée d’une kleptocratie à une transparence politico-administrative. Serait-il sensé de prendre les mêmes éléments et re-belotter? Le noeud gordien du problème réside à ce niveau. Bien malin qui pourra dénouer ce noeud! L’effectivité d’une transition se console du renvoi pur et simple ou de la mise en jachère politique de tous ceux qui ont participé à la vie politique des vingt dernières années. A la fin de la période transitoire, quitte à repêcher les plus méritants et les plus probes. Un tel raisonnement ne manquera pas de provoquer l’ire des dieux du Panthéon politique malien.

De la résolution de ce dilemme dépendra la paix, la quiétude et la santé de la démocratie malienne. Si le célèbre problème de l’autel d’Apollon à Delphes relatif à la duplication de l’aire du carré et du volume du cube a été plus ou moins résolu par la géométrie grecque, la légendaire sagesse malienne grandirait si elle parvenait à débrouiller cet embarrassant écheveau, cette quadrature du cercle que le Président Touré nous a imposé par sa complaisance, sa condescendence, son approximation et son manque de vista.

Fatogoma Mohamed ouattara

Orange, New Jersey
Usa

Pitrerie fallacieuse d’ATT et de ses ministres


Décidément, nous aurions été les témoins de toutes les variantes du jeu de cirques imaginables sous le règne d’ATT avec leurs bateleurs de foire et troubadours attitrés. Pendant que leMalise trouve en butte à un chaos politico-social savamment bien programmé, pour amuser la galerie, ATT et ses ministres se sont accordés, pour nous offrir un autre numéro de fourberie digne de Scapin,”cet habile ouvrier de ressorts et d’intriques”de la célèbre pièce de Molière qui porte son nom( Les fourberies de Scapin).

Le 29 Février 2012, les 32 membres du gouvernement de Mariame Kaidama Cissé et la bourgeoisie administrativo-politico compradore ont offert au peuple malien un scoop: leur solidarité et leur bonne volonté à travers l’effort de guerre de 34.622.000frcs CFA (une véritable broutille) qu’ils ont généreusement donné à nos forces armées nationales. “Les amis de la paix ne sont pas les meilleurs ennemis de la guerre” disait Claude Cheysson, l’ancien ministre français des relations extérieures sous Mitterrand. Surtout en cette période pré-électorale. Tout estomaqué par cette diversion, cette espièglerie de mauvais aloi de ces “patriotes singuliers” qui jouent aux bons samaritains en faisant parler leur coeur, je ne puis résister à la tentation de m’insurger et de m’inscrire en faux. Et dire que c’est à eux que nous avons confié nos déniers publics dont la gestion opaque a porté un coup assassin à notre économie et à l’équilibre de notre société!

Le patriotisme des maliens, qui s’apparente souvent au chauvinisme, ne souffre de l’ombre d’aucun doute. Les maliens aiment foncièrement leur patrie. En est –il de même pour nos gouvernants- politiciens? Jesaisque nos gouvernants vont jouer sur la fibre patriotique légendaire des maliens en leur demandant des contributions en guise d’effort de guerre. La complaisance génère des amis, la vérité fait des ennemis, surtout en cette période douloureuse où notre pays est confronté à une rébellion dans sa partie septentrionale. Allons nous nous réduire au silence et refuser de dénoncer cette autre farce de Maître Pathelin et de ses affidés? Je reste tout de même sidéré par l’omerta de la presse politique malienne dans son ensemble devant cette comédie gouvernementale. Térence, poète comique latin ne disait-il pas ceci: « Quot homines, tot sententiae » : « Autant d’hommes, autant d’opinions » ? Ma conviction est qu’il serait erronné de croire ici en la manifestation sincère d’un acte de patriotisme de nos “ patriotes de clocher” qui veulent nous embarquer dans une nouvelle mobilisation sociale de grande envergure dans une société malienne bien fracturée où le bas peuple tire le diable par la queue. Cette mobilisation sociale et économico-financière devait commencer depuis les accords d’Alger de juillet 2006. Pourquoi le Général Président , en bon stratège militaire, n’a-t-il pas anticipé sachant qu’il avait affaire à une rébellion latente? “ Le manque à gagner “ dont parlait Sidi Sosso Diarrra, le Vegal pouvait servir à subvenir aux besoins de l’armée malienne. Ceux là qui ont saccagé notre économie à la faveur de la corruption à col blanc auront –ils l’honnêtété nécessaire pour ne pas se faire brûler les doigts par la manne générée par un effort de guerre collectif? Qu’est advenu du budget de fonctionnement du Ministère de la défense? Quelles explications plausibles ont –ils pour justifier le manque de munitions des militaires sur les champs de combat? Si l’ATTisme a vraiment été triomphant comme le chantent ses panégyristses, n’ y a- t-il pas un fonds de réserve que le miracle malien sous ATT a laissé? A combien s’élève –t-il? Après la privatisation sauvage de nos entreprises d’état, la collecte des taxes, combien fut octroyé à l’armée? “Qui veut la paix, prépare la guerre”. ATT ne nous a –t-il pas rappelé recemment lors de son interview avec Alain Foka que chaque régime a eu à faire face à cette rébellion nordiste depuis l’indépendence: Modibo keïta en (1962-1964), Moussa Traoré (1990), Alpha O Konaré (1994-1995 )et lui même ATT.

Patriotisme! Patriotisme! Mot magique tant de fois galvaudé par le politique. Le patriotisme, par délà l’amour pour sa patrie et la volonté de la servir, est une exigeance morale et éthique. Il est une conscience professionnelle qui se décline en termes d’honnêteté, de probité, de minutie , et de soin que tout citoyen doit mettre dans l’exécution de sa tâche quotidienne. Combien de ceux de nos politiques peuvent-ils se regarder aujourd’hui dans une glace et nous dire qu’ils repondent à cette exigeance?

Le véritable patriotisme d’ATT aurait été de combattre la corruption en traquant et en punissant les dépradateurs de nos déniers.

Le véritable patriotisme aurait été d’être regardant sur le Pacte National d’Avril 1992, d’écouter et prendre au sérieux la sagesse du RPM d’Ibrahim Boubacar Keïta après les accords d’Alger de 2006, de renforcer le dispositif militaire en installant des bases militaires à Mopti, Tombouctou, Gao et Kidal. Puis, reprimer voire crucifier cette pronunciamiento version touareg dans ses vices opiniâtres au grand damn descolombesde la paix. On ne discute pas avec des bandits envahisseurs. Comme le disent les faucons israeliens: “la guerre d’abord, la paix pour plus tard”.

Le véritable patriotisme aurait été de privilégier la pratique de l’excellence et du mérite dans notre administration.

Le véritable patriotisme aurait été de récupérer les montants faramineux qui se sont évaporés de nos caisses .

Le véritable patriotisme aurait été de suspendre les salaires et les honoraires de nos honorables députés qui ont failli de controler et de mettre à rude épreuve la gestion calamiteuse de notre pays par nos gouvernants.

Le véritable patriostime aurait été de demander aux partis politiques de rembourser les subventions qui leur auraient été allouées. Ils ont failli à leur rôle de contre-pouvoir. A la faveur de la gestion consensuelle du pouvoir, ils ont croisé les bras, gardé le mutisme sidérant en accompagnant ATT dans sa dérive et ses errements.

Le véritable patriotisme aurait été de suspendre les salaires des trente deux ministres du gouvernement, puis après exiger leur démission collective. Le véritable patriotisme, pour ATT, c’est de faire un inventaire de son patrimoine avant de partir du pouvoir, de nous dire quel est le poids de la dette souveraine du Mali ? A quel taux le grand bâtisseur a t-il emprunté pour la réalisation de ses grands projets? Le véritable patriotisme aurait été de faire payer l’impôt par la bourgeoisie compradore malienne. Oui, nous avons nos Vincent Bolloré, Arnaud lagardère, Martin Bouygues, etc……. Pour amuser davantage la galerie avec une beauté somme toute poétique, combien les Dionké Yernakoré alias Babou Yara, Amadou Djigué, Modibo Keïta, Bakoré Sylla, Alou Tomota, et consorts qui ont bénéficié de la générosité du système viendront –ils donner sous les feux de la rampe de la télévison nationale? Le ridicule et la comédie ne tuent plus auMalid’ATT. Seul le conformisme douillet y a droit de cite.

Le véritable patriotisme aurait été de sauver l’école malienne agonissante. Le véritable patriotisme aurait été de savoir qu’un autreMaliétait possible à l’heure de l’économie de marché. Leur patriotisme aurait ignoré le fait culturel, l’agriculture audacieuse, l’industrialisation à outrance, l’exportation dans une économie de marché mondial. Enfin, le patriotisme d’ATT aurait trouvé sa pleine mesure dans la démission en face du constat d’échec cuisant devant lequel nous nous trouvons aujourd’hui. Dommage que le règne du rônier fut une page regrettable de notre histoire politique!

Que nos vaillants soldats qui sont tombés sur les champs d’honneur reposent en paix, que nous les vivants reposons aussi en paix dans ce Mali où les dirigeants politiques ont bradé la paix sur l’autel du manque d’imagination, de l’anticipation et de la gestion des risques d’une rébellion cinquantenaire latente, et de l’approximation pure et simple.

Une contribution de Mr Fatogoma Mohamed ouattara
Fouattara2@comcast.net

http://www.ouattaradonzo.com

Orange,New Jersey, USA