Tuesday, March 8, 2011

Misère au temps des élections présidentielles de 2012





L’historiographie se plaira un jour à consigner dans les livres que sous le monarchisme constitutionnel d’Amadou Toumani Touré, l’opposition politique malienne fut mystérieusement absente, aphone, au nom d'une curieuse démocratie consensuelle. Mais curieusement, tous ceux des politiques qui étaient frappés de laryngite chronique trouveront subitement l’usage de la parole à la faveur des élections présidentielles. Cette "opposition" n'eût d'autres intérêts que les siennes. Le pauvre peuple malien aura pris les allures de maître aliboron de cette farce de Maître Pathelin. A quelques encablures des présidentielles, les états-majors de ces soi-disant partis de gauche redynamisant leurs structures, partiront pour leur offensive de charme à la conquête d'un électorat blasé et désabusé. Ceux qui avaient perdu l'usage de la parole ne manqueront pas de bruire au point de nous tympaniser telles des pétrôleuses avec leur bruit de bottes, leurs déclarations incendiaires et leurs promesses mirobolantes. Ils vont “:criailler à nos oreilles comme qui verserait dans un entonnoir “et notre charge serait de rire d’eux sous cape. Telle dans une jungle, ils vont se déchirer, s'offenser, se haïr, se dire des misères. Véritable misère d'une période électorale!
Molière ne croyait pas se tromper en mettant dans la bouche d’un de ses acteurs, Tartuffe dans la pièce qui porte son nom :
« Le scandale du monde est ce qui fait l’offense,
Et ce n’est pas pécher que pécher en silence »
L’opposition malienne, muette comme une carpe, n’a pas su jouer sa partition de contre-pouvoir au régime de Amadou Touré. Un véritable péché, ce silence exaspérant et cette démission qui ont fait de la politique une espèce de misère pour les maliens. Pour ce peuple qui n'est plus un enfant de choeur, la question qui se pose est de savoir combien sont-ils à être crédibles?
Il tient de la sagesse pratique que de ne pas trier mais plutôt de brûler quand le champs est envahi par de mauvaises herbes. Comme la nature et la politique ont horreur du vide, nous n'aurons d'autres choix que de réfléchir mûrement puis débrouiller et trier sur le volet le futur locataire du palais de Koulouba.
Modibo Sidibé
Certains analystes politiques mettent en avant sa longévité et la diversité des postes occupés dans notre système politico-administratif : directeur de cabinet du chef de l’Etat sous la transition, une décade dans le fauteuil ministériel sous Konaré, une demie-décennie comme sécrétaire général de la présidence, puis locataire de la Primature dépuis le début du second et dernier mandat de Touré.
L’arbre ne doit pas cacher la forêt. Sa présence dans la gestion du pays dépuis l’avénément du Mali démocratique ne plaide pas en sa faveur, me semble-t-il. Il doit humblement partager la responsabilité de l’échec de son dernier serviteur quant à la lutte contre la corruption et la délinquence financière. Même si sa moralité n’est pas douteuse(qui sait ?), il a dirigé une “ Caverne des Grands Voleurs”, une véritable équipe d’écornifleurs appparentée à une plutocratie doublée d’une kleptocratie. Pourquoi n’a-t-il pas rendu le tablier pour soigner son image de futur présidentiable qui est malheureusement écornée par ce péché? Il partage avec ATT le bilan mitigé de sa gouvernance dans bon nombre de domaines. L’échec cuissant de la fameuse initiative-riz ne plaide nullement en sa faveur. Et enfin, l’homme semble être distant et reservé, d’une grande froideur qui frise à la limite l’impassibilité et l’indifférence, ce qui serait de nature à lui coûter sa tête s’il n’y prend garde. Il a l’air d’une statue de cire au Musée Madame Tussaud de Londres, d’un marbre d’Italie qui ne s’émeut pas en raison de son flegme, de sa froidure à moins qu’il n’ait un coeur chaud, attendrissant et plein de grâce pour se pencher sur les préoccupations et les douleurs profondes du peuple.
Ibrahim Boubacar Keita du RPM (Rassemblement Pour le Mali), véritable dinausaure qui veut faire de la politique une carrière. Il est le prototype de la mastodonte politique, au propre et au figuré. Il a connu ses grandeurs et sa décadence, mais refuse d’être habité par la sagesse qui lui ferait renoncer au prestige de la couronne suprême. Ne réalise-t-il pas qu’il a blanchi sous le harnais et que son étoile a pâli depuis belle lurette? Il n’a pas grand’chose à prouver si ce n’est ses gaucheries perfides, ses allégeances souterraines et subreptices quand il s’est agi pour lui de faire preuve de courage politique pour se prononcer sur les grands dossiers de ce pays. Le rêve obsessionnel de son hypothétique diadème présidentiel l’a rendu toujours aphone et complaisant. La gloire passée de ce personnage-institution ne saurait être un argument massue pour lui quand l’heure du choix aura sonné. Il a intérêt à s’éclipser en sortant par la grande porte.

.
Soumaila Cissé
Cet ancien ministre de l’Economie et des finances de Alpha Oumar Konaré sera le probable candidat de URD (Union pour la République et la Démocratie ). Sorti de la matrice de l'Adema, ce parti et son candidat ne sont pas exempts de reproches. Dépuis sa création en Juin 2003, il ne s'est pas fait entendre sur les grands sujets brûlants concernant la vie de la nation. Ils n'ont eu pour ambition que de glaner des fauteuils ministériels et parlementaires. Riche comme Crésus, brillantissime intellectuel, ce candidat naturel, peut il inspirer confiance quant à son choix à la magistrature suprême? Cet ange des ténèbres peut –il se reconvertir et aspirer à la redemption pour conquérir nos coeurs? Ses crimes consacrés en seraient –ils moins des crimes? La reminiscence de ces souvenirs risque d’éclairer le peuple. Il ne serait pas désenchanté de voir le peuple malien oublier sa gestion peu glorieuse de la CMDT et de l’ACI. Il lui serait aussi difficile de se démêler des affaires de casseroles de son parti originel qu’est l’ADEMA. De sa tour d’ivoire de l’UEMOA, il a adopté une attitude de retenue et de précaution vis à vis du débat politique interne. Après son échec de 2002, avec la carte de la revanche en mains, il aspire faire valoir les arguments qui sont les siens pour grimper à Koulouba. Un candidat sérieux avec lequel il faudrait compter. Ses chances de succès existent.
Diancouda Traoré -ADEMA-PASJ: orateur froid, manquant effroyablement de bagout, incapable de toucher et convaincre son auditoire et soi-même. Est –il à même d’enflammer les foules? Ce parti mythique qui porte une grande responsabilité dans la dérive de notre pays, ne risquerait-il pas d'être victime des ambitions personnelles de ses nombreux caciques qui majoritairement traînent des casseroles? Les ambitions individuelles, la cristallisation des rancoeurs des uns et des autres dans le canevas d'une division risqueront à coup sûr d'être fatales à leur candidat.
Le PDES
Parlant du PDES et de son candidat, permettez moi de pasticher Jean de la Fontaine en disant :
“La cigale, ayant chanté
Tout l’été,
Se trouva fort dépourvue.
Quand la bise fut venue;
Pas un seul morceau
De mouche ou de vermisseau”
Le peuple malien mature, n'ayant pas la mémoire courte et ne souffrant d'aucune cécité sensorielle est témoin de ceux là qui le narguent au quotidien avec un luxe insolent à l'antipode de sa misère existentielle. Va-t-il accepter d'accorder son suffrage moyennant des t-shirts, des képis, du sucre, du thé et quelques billets de banque? Le sage peuple malien sera -t-il prêt à donner les moyens à cette nouvelle bourgeoisie dont la posture frise le cynisme le plus révoltant, de s'enrichir de plus belle? Une bande de flagorneurs et de panégyristes-prébendiers qui ont vécu, à tout venant, au dépend d'un Prince- complice qui leur aura tout permis. Tout sauf le PDES dans un Mali revanchard désireux de changement et de rébondissement. Les maliens ne seront pas candides, suicidaires et sadiques pour accorder leurs suffrages à ces bouffons et fous du roi Amadou Toumani Touré qui ont été les faussoyeurs de notre économie en devenant des milliardaires; ces bouffons attitrés assez amusants qui ne seront pas gênés aux entournures pour narguer le peuple malien après avoir cyniquement et impunément vidé ses déniers. Ces saltimbanques vont se livrer aux spectacles de rue, aux méga-meetings politiques pour amuser et abuser de la crédulité de la populace en lui promettant monts et merveilles. Le bruit des casseroles qu’ils traînent derrière eux est tellement strident qu’il empêchera les électeurs maliens à succomber naïvement au son de leurs sirènes tentatrices, de leurs promesses mensongères.

Les jeunes loups: Moussa Mara, Mamadou Djigué “Jeff”, Cheick Boucadary Traoré ”bouga”, Bamba Gagny Kiabou, Kassoum Coulibaly, Abidine Ould Ganfoud (peut être reviendra –t-il sur sa décision?), Madani Tall, Amadou Diarra, Abdoulaye Diallo, des inconnus du grand public et les compléments d’effectif ou figurants tenteront leurs chances sans vraiment croire en leurs étoiles, mais ils attendront leur heure qui n'aura pas encore sonné. A ces fretins de se rapppeler la sagesse de La Fontaine:
“Petit poisson deviendra grand
Pourvu que Dieu lui prête vie;”
En politique, la patience et le rêve sont des vertus.
Cheick Modibo Diarra
Lui, ce n’est pas du fretin, on peut l’appeler avec respect et égards Docteur Modibo Diarra. Il en impose par son curriculum vitae hors du commun. L’homme docte ou l’homme politique? Voici toute la question. Comme dans une compétition sportive on pénalise les meilleurs pour niveler les chances des compétiteurs, il ne serait pas déplacé de parler de handicap chez Cheick M Diarra. D’abord son agréable et étroite proximité d’avec la famille de l’ancien dictateur Traoré n’est pas le plus grand avantage pour arracher le coeur d’une large frange de la population électorale encore circonspecte vis à vis de ce génie qui est une fierté nationale. Dans un second temps, son tableau de chasse politique ne semble pas être des plus garnis. A la vérité, en fait d’engagement politique, il n’a pas d’attestation honorable. Il a posé quelques actes philanthropiques qui s’apparenteraient à s’y méprendre à une opération de charme auprès des populations locales. Ses détracteurs ne manqueront pas de franchir le rubicon en lui rappelant..

Zoumana Sacko- Oumar Mariko: le probable duo gagnant
Avec le nombre pléthorique des candidats, tout se jouera à la faveur des alliances entre partis politiques mais aussi à la bourse qui fera mieux que la harangue et les projets de societés. C’est un aphorisme politique que de dire que l’union fait la force. Dans cette course marathon pour Koulouba, le vraisemblable duo choc gagnant avec une capacité de résilience à toute épreuve s’avère être le ticket : Zoumana Sacko_Oumar Mariko, qui entend le chic et versé dans les subtilités et finesses de l’arcane politico-administratif. Cette hypothèse est plausible, non pas pour la croire avec une certitude absolue, mais croire qu’elle a des chances sérieuses de succès. Deux surdoués politiques au courage exceptionnel, pour lesquels les consciences morale et professionnelle ne sont pas de vains mots. Dans le contexte de morosité sombre et pâteuse dans lequel se trouve notre pays, nous osons espérer vivement que ces deux hommes de proue de la politique malienne feront preuve de grandeur d’âme et de patriotisme en formant un couplage salutaire tout en donnant tort à la fameuse maxime de La Rochefoucaud: “Toutes les vertus des hommes se perdent dans l’intérêt comme les fleuves se perdent dans la mer”. ”L’union fait la force. Oui. Mais la force de qui?” disait Alain. Il faudrait que l’un accepte de renoncer à ses ambitions présidentielles, de travailler à l’ombre de l’autre. Il ne faut pas se leurrer: l’héritage légué par ATT, ami de la corruption et des voleurs à col-blancs, ne sera pas des plus simples à gérer. Il laisse derrière lui un pays qui va désespérement à vau-l’eau. Il nous faut un Deus ex machina, ce dieu grec qui apportait providentiellement un dénouement heureux à une situation désesperée, pour transformer le désespoir ambiant en espérance. La complementarité synergique entre ces deux hommes aux personnalités intrinsèquement différentes ne pourra que permettre au Mali de réaliser le bond qualitatif, des performances socio-économiques d’échelle insoupconnées. Cependant, la synergie négative ou l’antagonisme entre eux serait préjudiciable aux attentes qu’un Mali en panne placerait en eux. .
Si ces deux hommes, acceptent de sacrifier leurs ambitions personnelles sur l’autel de l’intérêt national, ils pourraient constituer une espèce de sysmothérapie, un électrochoc qui ne manquerait pas d’insuffler le souffle de printemps pur et salutaire dont le Mali a besoin.
Avec des yeux de lynx, ils sauront décéler les fourberies et le ridicule des judas de ce combat de jungle luxuriante et dense de près de (130)cent trente partis politiques.
Il est un impératif catégorique que d’élaborer une véritable stratégie politique de conquête de pouvoir en fonction de leurs forces et faiblesses et des réalités spécifiques du landerneau politique malien où tous les impondérables sont envisageables.

“Nous sommes tous obligés, pour rendre la réalité supportable, d’entretenir en nous quelques petites folies.” disait Marcel Proust. Cette élucubration était l’expression de ma petite folie dans laquelle je persiste à seule fin d’appartenir au cercle restreint des sages. Une monstrueuse aberration fait croire à certains bien-pensants qu’en me frondant vertement pour avoir pensé autrement qu’ils prouveront leur raison. “La raison et la vérité ne sont-elles pas communes à chacun de nous? “La raison est elle garant de ce que fait un fou?” Peut être comme le fou de Jean de la Fontaine, je vends la sagesse.
A bon entendeur salut!



Fatogoma Mohamed ouattara
Fouattara2@comcast.net
http://fouattara.blogspot.com
Orange, New Jersey
USA

No comments:

Post a Comment