Sunday, October 23, 2011

Les dessous de la carte politico- démocratique au Mali.


Après l’euphorie de la chute du régime d’airain du Général Moussa Traoré, la déception a vite pris le dessus chez le peuple malien. Notre jeune démocratie porteuse de tant d’espoirs et de rêves s’est commuée en une parodie bouffonne, une ridicule démocratie de l’hypocrisie, du mensonge, des mésalliances et des coups bas qui furent attentatoires à sa pureté originelle. L’ironie de l’histoire a voulu qu’on soit revenu à la case de départ après vingt ans : la monocratie a succédé à la dictature.
La politique des vingt dernières années fut un véritable “ sésame” pour ses acteurs dans la caverne malienne. Les deux mandatures de Konaré furent une belle histoire de “Ali Baba et les quarante voleurs”. La gestion du pouvoir de Touré a été perturbée par la présence d’une ribambelle de flibustiers, vivant de rapines, d’escroquerie, de corruption, de saccage de deniers publics, à la recherche de la fortune malhonnêtement gagnée et de la gloire. “ Aladdin et le roi des voleurs “ à la recherche de la main du Midas malien peut être le titre de l’histoire rocambolesque des deux mandats du Président Touré. Autant Médée et Circé ont toujours tenu dans leurs mains des verges pour opérer des prouesses, nos deux compères (Konaré et Touré) qui n’ont pas été des présidents sans vilénie ont fait usage d’une espèce de verge pour démasculiniser la classe politique malienne en la réduisant à l’expression la plus achevée de la pusillanimité. Konaré et Touré, tels deux larrons en foire, ont tissé un pacte d’amitié dont le but est de ne se protéger mutuellement, aucun d’eux ne voulant aller en prison après leur vie de Président sous le chef d’accusation de haute trahison, de détournement, de complicité de vol dans l’exercice de leur magistère. Pour paraphraser Mirabeau : “Vingt ans de déprédations et de brigandages ont creusé le gouffre où le royaume est près de s’engloutir”. C’est peu dire. Le Mali s’est enlisé dans le précipice. Le nombre de milliardaires est allé crescendo. Les anciens compagnons fidèles de GMT ont tout simplement été recyclés. Les malheurs du Mali démocratique ont leurs origines et explications dans la gestion catastrophique du pays par Konaré et son parti : l’ADEMA –PASJ. Ils ont saccagé le pays. Comment comprendre la trahison de Konaré vis à vis de IBK, Premier Ministre et Président du parti ? Et le choix de Konaré pour Touré au détriment du candidat de son parti ? L’ADEMA PASJ de l’époque était une puissante machine électorale capable de ridiculiser n’importe quel candidat. Pour éviter à un monstre carnassier d’entrer dans la bergerie, il fallait jouer la carte du réalisme et de la traîtrise en jetant son dévolu sur ATT, candidat indépendant, jouissant encore de l’aura d’un certain 26 mars 1991. Le risque d’enfermer dans la bergerie un loup comme Ibrahim Boubacar Keïta aurait été une aberration des plus suicidaires. Le pire des choix aurait été le clan des Soumaïla Cissé, Soumeylou Boubèye Maïga. La guerre des chefs a eu raison de l’ADEMA/PASJ. Alpha Oumar Konaré a preféré accorder sa bénédiction à l’agneau sans tâche, doux et bon qui allait effacer ses péchés et celui de ses protégés.
En passant le relais, le Président sortant n’a pas manqué de confier le “ secret d’Etat” à son successeur qui l’utilise comme une épée de Damoclès qu’il brandira jusqu’à la fin de son règne sur la tête coupable de ses adversaires et récalcitrants politiques. C’est ainsi que nos larrons en foire, cherchant à mettre sur la rampe un troisième larron, veulent prendre le Mali démocratique en otage après avoir fait main basse sur lui. Sinon comment comprendre l’entêtement obsessionnel d’ATT pour une reforme institutionnelle controversée dont l’opportunité peine à s’expliquer. Et que dire de la composition du CENI ? Et l’état du fichier électoral à l’orée des échéances électorales ? Toute cette situation sent le mépris, la manipulation politicienne qui ne dit pas son nom. A qui profite le crime? A Soumaïla Cissé, Modibo Sidibé ou Tiéoulé Dramé, comme dauphins pour perpétuer une tradition politique ? Il serait fort probable que le “ militaire” ait lu Le Bréviaire des politiciens de Jules Mazarin et le Prince de Nicholas Machiavel et s’en soit inspiré. Ses hagiographes dévoués ont parlé élogieusement d’ATTisme qui est à mon goût la théorie des calculs froids, sournois à l’antipode de toute franchise, de tout angélisme. Oui! ATT a fait preuve de pragmatisme pur et froid ; il a magistralement fait siennes les maximes cruelles et affligeantes de Machiavel qui ont conforté son pouvoir.
-“ Il vaut mieux être aimé que craint ou être craint qu’aimé.”
Il fut adulé et adoubé par le bas peuple d’où un certain populisme. Mais il fut craint par ses adversaires politiques qui savent in petto qu’ils ne sont pas irréprochables. “ Si tu n’obtempères pas, je fais sortir les dossiers qui t’accablent” . Le Président Touré a fait preuve de haute trahison à l’endroit du peuple malien en faisant ombrage au Parquet anti-corruption dans sa volonté de traquer et de punir les délinquants financiers. Les rapports du VEGAL sont allés regrettablement en eau de boudin. Complaisance, condescence ou compérage ?
-“ Si tu peux tuer ton ennemi, fais-le, sinon, fais t’en un ami.”
Pendant tout son règne, Touré a gouverné par la corruption, encouragé le saccage de l’économie nationale par des prédateurs cyniques. Tout fut frappé par le sceau de la démesure : la malversation et la complaisance qui l’a sanctifiée. Tout son règne fut caractérisé par la traîtrise, le complot politique, le mythe de sa personnalité, du narcissisme politique et du mensonge triomphant. Sous une optique purement militaire, sa gestion consensuelle du pouvoir fut une puissante attaque de diversion. Son offre à Ibrahim Boubacar Keïta pour la gestion consensuelle du pouvoir après les élections présidentielles du 28 Avril 2002, ne fut qu’un coup fourré de plus. Blaise Compaoré, Maaouiya Ould Taya et Omar Bongo en savent quelque chose. IBK en bon latiniste se serait dit moult fois ceci : “ Tu quoque, Amadou, amice” (Toi aussi, Amadou, mon ami !). Bon nombre d’acteurs politiques maliens ont été roulé dans la farine par Amadou.
A la fin de son mandat et à quelques encablures des échéances électorales, le jeu politicien opaque auquel ATT se prête est très dangereux pour sa vie post potestatem (après le pouvoir) et l’avenir de notre pays. Après son règne temporel, les archives seront déclassifiés; la lumière se fera et les rayons lumineux ne manqueront pas de mettre le peuple malien dans une espèce de géorama lui permettant d’apercevoir la bassesse des manigances et des crasses peu reluisantes qui ont émaillé la vie politico-démocratique du Mali des vingt dernières années.
Voici grosso modo la situation politique relationnelle entre les Présidents maliens, les acteurs politiques et le peuple dans le cadre de notre expérience démocratique. Les deux Présidents Konaré et Touré, “nos précieux ridicules” n’ont pas été irréprochables. Leurs gestions de la chose politique ont été empreintes d’une odeur de relent de scandales, de chausse-trapes avilissantes, de coups bas singuliers, de lâchages odieux, de félonies manifestes et abjectes. Avec le résultat décevant que nous avons aujourd’hui, peut on légitimement parodier le roi Pyrrhus en disant que “si nous devons remporter une autre victoire sur la dictature ou la monocratie, nous sommes perdus.”
Gare au fatalisme ! Le réconfort vient du fait que se dégagent du lot de nos politiques et aspirants à la magistrature suprême, des personnalités fortes qu’une certaine mythographie malveillante aurait dépeintes comme des têtes de turc. Avec une claire conscience de leur destin national : zoumana sacko, Ibk, Oumar Mariko,-véritables scandales de bons exemples dans le Mali de la corruption politique-peuvent nous faire rêver car eux mêmes rêvent de la grandeur et de la splendeur du Mali. Le danger réel de toute énumération réside dans l’oubli involontaire ou intentionnel. Loin de moi la tentation de faire de la politique fiction. Loin de moi aussi l’idée de tirer les cartes en me plaisant à faire des prédictions sur les chances des uns et des autres. A Delphes, dit-on, le don de prophétie était exclusivement réservé aux vierges, et je n’en suis pas une. Mais à la différence de Cassandre de Troie, j’aimerais qu’on accorde du crédit à mes élucubrations. Mon credo est que les futures élections au Mali ne seront pas une partie de plaisir. Elles seront de véritables misères qui se joueront plus à la bourse, à la manigance et la machination qu’aux véritables projets de société des candidats et à leurs aptitudes réelles à diriger notre pays. Assurément, la fraude massive et le cafouillage s’inviteront aux hostilités. La captation médiatique aussi, comme on en a l’habitude. Il y aura suffisamment de boue pour traîner les “ adversaires indésirables”. Tous les ingrédients caustiques seront réunis pour que ces empoignades ne soient vraiment pas folichonnes. Ces trois braves mousquetaires du peuple malien, candidats potentiels triés sur le volet se démarquent des autres par leur probité candide alliée à une compétence indiscutable. Ils ont la particularité de ne pas traîner de casseroles bruyantes. Ils peuvent se mettre hardiment devant le peuple malien et solliciter son suffrage et en a bénéficier sans coup férir. Leurs rapports avec l’argent du contribuable dans l’exercice de leurs fonctions tiennent de la limpidité du Crystal. Car le peuple veut se laisser séduire par les plus probes et les plus patriotes.
Je dois à la vérité cette confidence. J’avais dans mes articles antérieurs injustement décrit IBK. Lorsque l’erreur porte les livrées de la vérité, elle est souvent plus respectée que la vérité même disait Nicolas de Malebranche. C’est le lieu pour moi de faire mon mea culpa et rendre un culte à cet homme de conviction et de principe qu’est Ibrahim Boubacar Keïta qui a renoncé à bon nombre de choses pour sauver la paix sociale au Mali. Il a mis le Mali, son pays, au dessus de toute autre considération. Sa devise : Dieu, le Mali et ma conscience n’est nullement en porte à faux contre sa philosophie de la politique qui s’apparente à la naïveté. Il s’est toujours laissé avoir. Il a exercé ses fonctions administratives avec la plus grande conscience et une honnêteté exemplaire. Pour l’assassiner politiquement, on aurait fait débarquer en catimini des experts canadiens pour mettre le nez dans sa gestion de la Primature. Pour le salir, on a méchamment crié sur tous les toits qu’il avait pour mécènes feu El hadj Oumar Bongo Odimba , Gnassingbé Eyadéma et Laurent Gbagbo. Ce qui tient du récit imaginaire et de l’allégation mensongère. Tous ceux qui ont été ses fidèles compagnons politiques pourront affirmer avec véhémence qu’aucun perdiem venu de ces imaginaires argentiers n’aura véritablement aidé l’homme. Et Dieu seul sait combien sont-ils à avoir tenté de le soudoyer comme un vulgaire spadassin avec des valises pleines de liasses d’argent. Oui ! Dans le Mali démocratique, nous avons aussi eu nos histoires de valises d’argent. Les Babou Yara et consorts ont toujours été engagés dans des affaires interlopes avec le pouvoir. Il y a eu du louche dans ce brusque coup de cœur inexpliqué et obscure entre ATT et Laurent Gbagbo où Albert Bourgi (ne pas confondre avec Me Bourgi Robert) qui sait l’entregent serait intervenu en 2006. Les révélations explosives d’un certain Arsène Lepigeon sur les compromis vénaux de koulouba dans la crise ivoirienne n’ont jamais été démenties de façon convaincante. « ATT-cratie : la promotion d’un homme et son clan » a levé l’omerta qui entourait une camarilla et a offert à l’impudence de nos yeux hardis la nudité d’un système mafieux né au bord du fleuve djoliba.
Zoumana Sacko, le Deus ex machina: beaucoup de nos politiciens véreux aimeraient le voir se pendre plutôt que de le voir accéder à la magistrature suprême. Il est de loin celui qui pourra providentiellement nettoyer l’écurie d’Augias qu’est l’administration malienne minée par la corruption. Il n’a d’ailleurs pas manqué de jeter le pavé dans la mare à l’inauguration du siège de son parti en commune V en assénant ceci :”….(sic) le pouvoir doit revenir au peuple pour mettre fin à la corruption. Dans ce sens, tous ceux qui ont détourné des deniers publics doivent payer jusqu’au dernier centime” Tout un programme qui perturbera le sommeil de plus d’un ! Il maîtrise à ravir les mécanismes et les arcanes de notre administration gangrenée. La probité et l’expertise qui sont les siennes sont séduisantes et pèsent lourdement dans les balances du jugement de l’électorat qui veut voir d’abord la vertu morale comme criterium de choix.
Oumar Mariko, le Don Quichotte de la politique malienne a séduit plus d’un. Il croit dur comme fer à son destin national. Son courage d’opposant légendaire a impressionné. Il a de sérieux atouts en sa faveur. Son discours politique ne laisse pas indifférent une frange de l’électorat. :
Ni le lyrisme, ni le calme olympien et la modestie enchâssée dans la férocité de l’animal politique qu’est IBK, ni le souvenir élogieux de zoumana comme ministre des finances de GMT ou de PM dans la transition, ni la pugnacité et les harangues enflammées d’un Mariko au profit des plus faibles ne seront suffisants pour triompher au final. Tout se jouera, non pas autour de véritables projets de société, ou d’idéologies, mais un véritable choc de titans teinté d’inimitié sera le plat de résistance. Leur salut individuel et celui de la nation malienne résident dans l’union sacrée stratégique. Chacun de ces trois candidats cristallise des qualités rares. Mais dans la jungle que sera le Mali des élections, auront –ils la force nécessaire pour vaincre sans périr ? Leur survie dépendra d’une coalition. Il n’y aura qu’un seul et unique Président élu à Koulouba. Que chacun de ces candidats sache intelligemment que les grandes oeuvres d’envergure se réalisent au prix d’efforts individuels et collectifs. “ united they will stand, divided they will fall” disent les anglosaxons. L’ambition individuelle sur ce terrain serait suicidaire à chacun d’eux. Ils sont ambitieux, aidons les en refusant collectivement le statu quo qu’on nous impose. Nos suffrages les aideront à œuvrer pour le Mali de nos rêves à advenir. “ J’ai conclu que la recherche de la vérité était une folie, parce que, quand on la trouverait, on ne saurait à qui la dire.” disait Jacques Henri Bernardin de Saint-Pierre. Ma folie se satisfait en ceci qu’aux candidats Zoumana Sacko, Ibrahim Boubacar Keïta, Oumar Mariko, je dis ces vérités, et à l’électorat malien aussi.
Que Dieu sauve le Mali et sa démocratie ! Amen.
October 23, 2011
Fatogoma Mohamed ouattara
Orange, New Jersey
USA
Fouattara2@comcast.net
www.ouattaradonzo.com
http://fouattara.blogspot.com

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