Wednesday, March 28, 2012

Le coup militaire au Mali: Ma part de vérité. (La conjuration et l’abjuration)

L’histoire vient de babutier une fois de plus dans l’Afrique au sud du sahara. Le Mali, vu de l’extérieur comme une démocratie exemplaire, est à la croisée des chemins. Sa démocratie qui était un véritable miroir aux alouettes n’était en fait qu’une démocratie de l’hypocrisie conjuguée à l’envi avec le règne du mensonge étatique triomphant. Je n’ai eu de cesse de dire qu’il tient de l’autoflagellation, de l’infatuation que de se targuer d’être porteur d’une démocratie exemplaire alors que la farce politique ne faisait plus sourire le bas peuple malien en souffrance dont le drame existentiel allait crescendo au fil des jours. Une démocratie en a caché une autre. La présence de l’ex Président Touré( qu’on veuille désormais s’habituer à ce vocable) à la tête de l’Etat malien s’apparentait à une véritable aberration. ATT avait traîné le Mali dans le tréfonds de l’abîme, tous les clignontants étaient au rouge. Tous les jours que Dieu faisait en rajoutait à la grande douleur des maliens. Les conditions objectives d’une révolution de palais ou d’une révolution sociale étaient là , patentes, offertes à l’appréciation de tout un chacun. On ne peut pas vouloir d’une chose et son contraire.
Le vin est tiré, il faut le boire. Cette conjuration, bien qu’ayant surpris tous les observateurs avertis de la politique malienne, s’inscrivait dans la logique et la cohérence interne de la situation qu’était le mali pré-électoral. Ce putsch n’est pas un crime de lèse-démocratie à y regarder de très près. Après les abjurations, les incantations et prières demandant à l’Eternel de sauver le Mali des démons “militaires” , de ceux de la rebellion et de la division, il y’a lieu de prendre du recul et faire l’effort d’aller au fonds du problème pour analyser rigoureusement les causes réelles qui nous ont emmené en ce jour du 21 mars 2012. Je tiens à préciser que je suis de ceux là qui n’auraient pas souhaité un coup d’état militaire eu égard à ma conviction intime qui m’intime d’observer une circonspection à l’égard de l’intrusion des militaires dans la vie politique. L’histoire nous a prouvé que la solution militaire n’a jamais été la panacée aux maux dont souffre les peuples au sud du sahara. Ce qui apparaît à l’évidence en revanche c’est que les conditions objectives d’une révolution populaire ou de palais étaient réunies tant le déséquilibre social, les injustices, les déceptions, les frustrations cristallisés au fil des 20 dernières années du Mali “ démocratique” avaient atteint leur paroxysme. La chute de TOURE n’est pas seulement la défaite d’un homme mais de toute une conception malienne de la démocratie. ATT a embarqué toute la classe politique malienne dans la regrettable aventure de la démocratie consensuelle qui fut une démocratie de la connivence autour de la corruption, du népotisme, du favoritisme, du clientélisme, leur corollaire et ……la chienlit. Le peuple fut le maître Aliboron de cette farce de mauvais goût.
Les problèmes du Mali démocratique ont leurs origines et explications dans la gestion désastreuse du pays par l’ADEMA de Alpha Oumar Konaré et de ses démembrements; ATT et son clan n’ont fait que perpétuer une hégémonie. Une camarilla en société avec une bourgeoisie militaro-administrativo-compradore, sûre de ses faits, a achevé de prendre cyniquement le Mali en otage. Ce qui a donné naissance à un Mali bi-céphale avec des maliens malhonnêtement riches et des maliens honnêtement pauvres. L’inégalité dans la repartition des biens a genéré une fracture sociale inacceptable et insoutenable. Le Mali était une poudrière latente qui n’attendait que l’étincelle salvatrice pour exploser. Si cette étincelle est tombée providentiellement sous la forme d’une conjuration, il y’a lieu de remercier le ciel. Quel crime les militaires ont-ils commis en profanant cette démocratie de cache-misère sur son autel? Pourquoi, au lieu d’intenter des procès d’antériorité à ces vaillants militaires, n’aurions nous pas l’honnêtete et le patriotisme nécessaires de les accompagner avec notre pâteline onction? Ce qui urge de faire aujourd’hui, si nous aimons le Mali comme le disons, c’est de tendre des mains amies et complices au Capitaine Sanogo et à ses compagnons pour l’émergence d’un MALI nouveau dépouillé de tous ses vautours et dépradateurs qui n’avaient d’intérêts que les leurs. Nous devons créer des conditions favorables de dialogues francs pour la constitution d’un gouvernement d’union nationale composé de technocrates compétents, de politiciens aguerris , probes et patriotes. Je fais confiance à la sagesse de ce peuple malien dont la capacité de resilience est forte, qui tel un roseau plie mais qui ne rompt pas. Nous saurons nous transcender, j’en suis sûr. Les militaires putschistes ont eu le mérite de provoquer une alternance. Pourquoi alors une conspiration contre eux ? Leur coup est l’expression de leur déception vis à vis d’ une hiérarchie militaire embourgeoisée engluée dans ses bureaux feutrés et douillets, embourbées dans des affaires interlopes de narco-trafic, de malversations, de clientélisme et de recrutements opaques. Leur cri de rage est l’expression de leur refus de voir les soldats de rang envoyés au mouroir du nord sans munitions. Leur prise de pouvoir “ non constitutionnelle” est la manifestation de leur refus devant une injustice sociale criarde et revoltante. Cette insubordination est enfin le refus d’accepter la perte de l’intégrité territoriale de notre pays menacé dangereusement devant l’avancée insolente des bandits armés du MLNA. Au lieu de mener des querelles de clocher autour du départ de la nouvelle junte, du retour de l’ordre constititonnel et de la tenue des élections présidentielles aux dates échues(ce qui est aujourd’hui une vue de l’esprit)nous gagnerions à nettoyer cette écurie d’Augias qu’ATT et son clan nous auraient leguée. Travaillons pour l’émergence d’un Mali nouveau excommunié de ses démons: tous ceux qui ont participé à la dérive du Mali par leur silence ou par leur complicité coupable à la gestion nébuleuse du pays par le système Touré. Commençons à faire table rase de ce passé démocratique pour en imaginer une autre qui repondra à nos aspirations et rêves d’un Mali de justice, d’égalité où chacun sera rémuneré selon ses mérites. Le véritable salut du Mali nouveau réside dans le changement de la classe politique qui resent un besoin plus qu’impérieux de prendre un véritable bain de pureté et de jouvence. Il n’y a qu’à faire confiance à cette jeunesse consciente qui a pris une juste mesure de ses responsabilités et qui n’aspire qu’à forger une société juste. L’exemplarité de notre démocratie ne saurait rimer avec la présence des analphabètes dans notre hémicycle, nous voulons de vértitables députés honnêtes et patriotes dotés de bagages intellectuels et de courage guerrier pour contrôler et s’opposer aux dérives gouvernementales. Les institutions de la république étaient malades à travers ceux là qui les animaient, il n’y a jamais eu de crise constitutionnelle majeure, pourquoi ceux qui se bousculent aujourd’hui aux portillons de koulouba ont-ils voté la loi pour la reforme constitutionnelle sachant que l’entêtement obsessionnel de Touré à aller à sa consultation “ referendaire-élection présidentielle” obéïssait à un désir sournois d’imposer un dauphin pour perpétuer une suprématie?
Il y’a lieu de clairement tracer les contours sémantiques des vocables-fétiches : démocratie, d’alternance , de changement, de constitutionalité et d’anti-constitutionalité qui ne sont pas des cache-sexe suffisants pour occulter la nudité et les insuffisances de la démocratie malienne. L’impérieuse nécessité de mettre ces mots dans leurs contextes pour comprendre les tenants et les aboutissants de ce coup d’état militaire s’impose. Les condamnations de la CEDEAO, de l’UA, du Conseil de Sécurite des Nations Unies, des euro-américains ne sont que des cautères sur une jambe de bois. Faisons alors fi des lectures erronnées de l’exterieur et comprendre nos problèmes qui ne sont que nôtre. Il nous appartient de les appréhender et de les résoudre à notre manière. Notre doyen Dialla Konaté, du haut de sa chaire professorale nous enseigne que la démocratie n’est pas un fétiche auquel on rend un culte religieux. Si Georges Clemenceau a eu cette boutade en disant que le coup d’état ( la guerre ) est une chose trop sérieuse pour la confier aux militaires. Moi je dirais que l’avenir d’un Mali est une chose précieuse qu’il ne faudrait plus le confier aux aventuriers politiques qui s’ingénient à organiser des rites d’exorcisation pour chasser les militaires qui se sont mis effrontement au travers de leur route menant sur la colline de Koulouba. Si nos célèbres candidats aux présidentiels avaient joué à ravir leur carte d’opposants politiques, ils pouvaient anticiper sur ce balbutiement de notre histoire en forçant le pouvoir à insérer dans notre constitution la notion d’impeachment qui pouvait légalement contraindre Amadou Toumani Touré à démissionner en cas d’impuissance à diriger le pays. Nous ne serions pas aujourd’hui, hélas, préoccupés par une guéguerre pendant que l’ennemi au Nord n’arrête de conforter sa position en poussant ses pions.

L’eau trouble est le gain du pêcheur dit-on, donc prenons garde à ne pas tomber dans une nouvelle trappe des héritiers de” la démocratie malienne” qui de collusion avec ATT nous auraient mis dans cette merde. A la faveur d’un bégaiement de notre histoire sous forme d’un pronunciamiento venu du camp militaire de Kati, une écluse vient de s’ouvrir pour permettre au peuple malien de se libérer de l’ otage des princes Alpha Oumar Konaré, Amadou Toumani Touré et leurs coteries d’intrigants qui pendant presque vingt et un ans l’auraient fourbé.
Fatogoma Mohamed ouattara
Orange, New Jersey
USA

1 comment:

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