Saturday, May 22, 2010

Politiquement incorrect ou Flagrant délit de ...?

Politiquement incorrect ou
Flagrant délit de ..... ?
L'observateur averti du landerneau politique malien n'est pas resté de marbre face à ce qui s'est passé dans l'hémicycle quand le groupe parlementaire Parena-Sadi a astreint le Pouvoir à un exercice inhabituel de transparence .
L'histoire pourrait ainsi commencer : il était une fois la vertigineuse somme de 220 milliards de nos francs générée par la vente de la Sotelma et de la BIM -Sa ceinte par une épaisse couche de nébuleuse qui voulait s'égarer dans les méandres d'un labyrinthe sans échappée . Le pactole fut payé , les preuves irréfutables de l'absence de leurs traces dans la loi du budget d'Etat 2010 furent faites . La décision unilatérale de l'Exécutif à vouloir utiliser cette manne au mépris de la loi fondamentale qui voudrait associer le Parlement à l'usage des fonds publics est allée au delà de l'entendement du citoyen lamda malien . Cette situation n'a pas manqué de susciter des interrogations sur la crédibilité de nos gouvernants qui voulaient se faire aussi riches que Crésus . L'Assemblée Nationale , tout comme les autres institutions , ne serait-elle pas la garantie du gouvernement d'un peuple libre contre toutes formes de déviances et particulièrement la corruption du gouvernement ? Nos gouvernants ont-ils été pris en flagrant délit..... de vol ? La concussion serait-elle la grande passion de nos gouvernants ? Nous ne saurons le dire . Cependant , les questions sont plus importantes que les reponses dans un pays où la gestion de la chose publique a toujours tenu du domaine du secret d'Etat. Seulement , il est de la nature même de la démocratie que de tenir le peuple informé . En d'autres termes , le peuple souverain a un droit de savoir sur la gestion du pays. Tout le problème dans cette affaire est que les gouvernants , étant dans le bourbier , sont sûrs d'eux mêmes et de leurs faits tandis que le peuple est plein de doutes . Les nostalgiques de la défunte émission " 100 minutes pour convaincre " d'Alain Duhamel et d'Olivier Mazerolle auraient été bien servis . Le Chef de l'Etat est entré dans la danse dans une " magistrale " tentative de convaincre les uns et les autres . " Les convictions sont des ennemis de la vérité plus dangereux que les mensonges . " disait le philosophe allemand Friedrich Nietzsche . Puis après ce fut le tour du Ministre délégué à l'Economie et du Budget Lassine Bouaré qui passe à l'oral à l'Assemblée Nationale . Le Mali en est -il à sa première fois de gérer les fonds issus de privatisation et autres ressources exceptionnelles ? Non . Les conditions de cession de l'Hôtel de l'Amitié , du Grand Hôtel , de la Régie des Chemins de Fer du Mali , de la SONATAM , de l'EDIM , de MALI-LAIT , etc ...tenant du secret des Dieux , ont été entourées de l'opacité la plus totale . Pourquoi n'a t-on pas fait de cet exercice de clarification une tradition politique ? De toutes les façons , il y'a eu du politiquement incorrect qui a débouché sur une crise de confiance des gouvernés à l'endroit des gouvernants . L'oiseau de Minerve prend son envol à la tombée de la nuit .
Le Mali se trouve aujourd'hui dans une ornière dont il convient d'en sortir en combattant , avec tout ce qui nous reste d'énergie , ces vices qui menacent d'annihiler indubitablement notre développement économique et social:
Gestion ténébreuse
La mauvaise pratique dans la gestion financière publique n'est pas un fait nouveau , ce qui l'est c'est la réaction et l'opposition d'un groupe parlementaire à une pratique solidement enfoncée dans notre sérail polilico-administratif et l'intérêt soudain du peuple vis à vis de la gestion gouvernementale . Il tiendrait aujourd'hui du secret de Polichinelle de dire que le Mali est gangréné par la corruption qui est devenue un moeurs politico-administratif dont on s'accommode au plus haut sommet . Autant il a été impossible à l'Antiquité grecque de résoudre ses problèmes de quadrature de cercle , de la trisection de l'angle et de la duplication du cube , le combat contre la corruption est curieusement devenu un insurmontable problème de géométrie pour le pouvoir actuel . Les Etats Généraux sur la corruption et la délinquence financière , le BVG et autres organes de contrôle ont montré leurs limites et manqué d' éradiquer le mal . Les corrupteurs et les corrompus tirent tous leur épingle de ce marché de dupes pendant que le peuple , le troisième larron , joue le rôle de maître -Aliboron . Les riches continueront à s'enrichir et les pauvres continueront à s'appauvrir , ce qui ne manquerait pas de déboucher sur un Mali " à hauts risques " où plus de 67% de la population vivent sous le seuil de la pauvreté . Aucune société humaine ne saurait se prévaloir d'échapper à la lutte des classes . Mais dès lors que le fossé entre riches et pauvres s'approfondit et atteint le seuil de l'intolérable , les seconds ne se satisferont pas de l'injustice et refuseront d'accepter le spectacle de l'opulence insultante des premiers . En ce moment précis , la situation deviendra politiquement incorrecte , intenable et insoutenable . Savez -vous que dans le cadre de la mauvaise gestion , entre 2002 et 2006 près de cent vingt milliards (120 milliards ) ont été détournés des caisses de l'Etat malien ? Savez-vous que vingt-et-un (21) " milliardaires de la démocratie " ont étét catalogués au Mali à la suite du rapport dressé par Jacke Tistwork , expert de la Banque Mondiale en 1999 ? Savez vous enfin que Dante avait reservé le 5ème fossé de son 8ème cercle infernal à tous ceux qui utilisent les fonds publics à leur profit ? Combien de nouveaux milliardaires seraient venus s'ajouter à la liste depuis l'adoption de la loi instituant le Végal en Août 2003 jusqu'à ce jour ? La situation va decrescendo . Nous tirons alors la sonnette d'alarme . Mettons nous à l'abri du scenario- catastrophe de l'échec de la démocratie , de la répartition de biens dans bon nombre de pays africains qui les aurait fait descendre dans le huitième cercle de l'Enfer , celui que Dante n'aurait pu imaginer dans ses cauchemars les plus démentiels . Si rien n'est fait pour combattre et défaire la concussion politico-administrative (malversation dans le maniement de fonds publics ) tous les efforts de développement pour notre pays seraient indubitablement voués à l'échec . Et l'élu de Dioïla , Konimba Sidibé dans la même veine lançait cette pique à Bouaré Lassine : " Je suis extrêmement préoccupé par la gestion des ressources publiques de notre pays en raison de ses conséquences graves sur le développement économique et social et les conditions de vie de nos compatriotes. Premier responsable de la gestion des ressources publiques au sein du gouvernement vous êtes certainement le mieux placé pour donner des réponses claires et précises à ces préoccupations ".
Maintes fois , nous avons stigmatisé le clientélisme, le copinage, la corruption , l'impunité, le mensonge d'Etat, l'opacité dans la gestion quotidienne du pays. Loin de nous l'intention de mener des attaques personnelles , notre combat s'est toujours situé autour de la gestion nébuleuse de ce pays . Ne dit-on pas que le pauvre défend sa patrie pendant que le riche la pille , la vend ? A chaque fois que la gestion calamiteuse , la corruption , le mensonge d'Etat et la complicité du silence voudront s'accorder à ravir pour contrecarrer les velléités de développement de notre pays , nous n'aurons de cesse de dénoncer , de juger ou de tirer sur la sonnette d'alarme . Sans paternalisme aucune , nous nous érigerons en contre-pouvoir pour dénoncer l'angélisme de la philosophie du pouvoir de ceux là qui nous gouvernent aujourd'hui .
Mensonge d'Etat
On a chanté sur tous les toits que le Mali et son PDES marchent ou galopent. Mais la répartition des recettes issues de la vente de la Sotelma et de la BIM-SA en dit long . Pourquoi ne nous a -t-on pas dit :
qu'il était difficile à l'Etat malien d'apurer ses dettes .
que le trésor public était désespéremment à l'étroit .
que la comptabilité publique malienne est dans une situation très grave .
que les secteurs vitaux de la société étaient moribonds , en état de langueur générale .
qu'on avait un besoin pressent de fonds pour insuffler une thérapie de choc à notre économie langoureuse pour la sauver sinon comment expliquer l'octroi tous azimut de ces fonds à des secteurs aussi variés que sont :
1-Assaisnissement des finances publiques
2-Dévéloppement des ressources humaines
3-Enseignement
4-Dévéloppement des infrastructures
5-Amélioration du cadre de vie
6-Soutien au financement au PME-PMI
7-Réforme économique et amélioration de la gouvernance
Attendait-on cette manne céleste inesperée pour insuffler de la vie à tous les secteurs de la société à bout de souffle ?
Le peuple malien avait aussi le droit de savoir sur l'évolution du travail du BVG, de la récupération des pertes frauduleuses , les noms des coupables et les punitions afférentes , la gestion de la dette intérieure de l'Etat (authenticité des factures et leurs paiements ).
Complicite de silence
Bon nombre de transactions de ce genre ont été effectuées au Mali sans traces dans une quelconque loi des finances , sans susciter la hargne de l'opposition à l'Assemblée , l'acrimonie de la Presse ou un quelconque sentiment de déception et de tristesse des politiques . Prenons un seul exemple, celui de la CMDT pour souligner l'illogisme dans ces opérations de privatisation plus que obscures et difficiles à comprendre .
Il y eut l'espace d'une petite année entre " la Nuit de l'Excellence " pour chanter l'hymne de la réussite des bonnes performances de la CMDT et la " Nuit de sa décadence " qui vit son sacrifice sur l'autel de l'intérêt d'une certaine camarilla malienne sans qu'on eut pris soin d'en sonner le glas . Silence complice car personne ne daigna se plaindre .
D'autres société et entreprises d'Etat furent bradées au profit des parents , des amis , de la famille , d'une coterie, des rapaces étrangers _maîtres soudoyeurs _ dans les mêmes conditions brumeuses . Tous les ingrédients étaient réunis au cours de toutes ces opérations douteuses exceptée la transparence . Encore " motus et bouches cousues " .
Il y'a certes une complicité de silence mais il semblerait que l'Etat s'ingénie à formater les esprits en vue de savamment entretenir l'illusion d'un certain mieux -être des maliens et le silence radio sur les " vraies réalités " du pays . C'est pourquoi le travail de formation, d'information et de sensibilisation des partis politiques et de l'intelligentsia s'impose comme un impératif catégorique . Le paradoxe veut que chacun croit être à bon droit de juger quand on parle de politique, on confond son droit social de se prononcer sur ce qui intéresse la société avec celui de dire la vérité sur un fait politique, droit que seuls un certain bagage intellectuel et une bonne formation politique peuvent conférer . Certains , par le vice rédhibitoire de leur éducation , ne sont pas à même de juger correctement . Il faut les aider à comprendre pour qu'ils soient parties prenantes du débat politique .
Conclusion
Sans tomber dans l'autosatisfaction , nous reconnaissons humblement que nous avons réalisé de belles et grandes choses dans la marche démocratique . Nous n'atteindrons la perfection dans cette évolution que si nous acceptons d'être exigeants avec nous mêmes en combattant ensemble la corruption , la concussion , l'impunité et le mensonge d'Etat qui minent dangereusement le développement économique et l'harmonie sociale de notre beau pays , par delà nos appartenances et intérêts de classes , nos grilles de lecture et sensibilités différentes .
Faisons économie de querelles de clocher , d'esprit partisans et de prises de positions tendancieues en sublimant l'intérêt supérieur de la patrie malienne . A quelque niveau que nous soyons, quelques soient nos chapelles et classes idéologiques , faisons preuve de patriotisme , d'élévation intellectuelle , et de grandeur pour poser le primat du mieux être de ce pays qui n'a aucune raison d'échouer . En cas d'échec nous serons tous coupables. La vérité ne saurait être un danger si nous acceptons de combattre à l'unisson le mensonge pour le seul salut de notre pays. La vérité est au mensonge ce que fut l'incadescence du soleil pour Icare . Tel l'âne de Buridan qui mourut entre la paille et l'eau faute d'avoir choisi , accepterons nous de mourir en refusant de choisir entre la vérité et le mensonge, nos intérêts personnels et l'intérêt supérieur de la grande nation malienne ? La reponse est assurément non , les maliens vivront et le Maliba survivra . Comme dans la " Divine Comédie " l'histoire de notre pays finira par la contemplation des étoiles , symboles de l'espoir et de l'espérance .
Fatogoma mohamed ouattara

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