Saturday, May 22, 2010

Vers des dynasties politiques en Afrique?

Vers des dynasties politiques en Afrique?
Pendant que les autocraties et dynasties semblent être le souvenir d'un passé douloureux pour l'Europe , les Etats Unis , notre chère Afrique semble régresser tristement dans le domaine démocratique après les ébauches du début des années '90 . Cette évolution du continent africain nous attriste tragiquement . Le destin de l'Afrique ne saurait être une tragédie permanente, loin s'en faut . Il appartient à l'Afrique de forger son destin comme les autres peuples de l'histoire ont su le faire avec leurs propres moyens :au prix du refus , de la révolte et du sang qui aurait servi a ecrire les plus belles pages de l'histoire de ces peuples . Aucun progres social , aucune avancée démocratique ne saurait être le résultat de génération spontannée .
Le continent africain a souffert pendant de longues années de la gestion catastrophique des autocrates ad vitam aeternam , avec une certaine passivité masochiste . Serait-il encore prêt d'assister les bras croisés à l'avénement de nouvelles dynasties politiques ? Ne devons nous pas avoir honte de nous mêmes en prenant les allures d'ours de cirque ? Arrêtons d'accabler les autres pour nos malheurs . Le reste du monde est compassionnant pour nous , et la compassion n'engendre jamais le respect de l'autre . Nous sommes les artisans de notre destin . Machiavel ne nous a-t-il pas enseigné que les événements assènent les coups les plus efficaces quand la capacité de réagir failli ? A ce moment précis de l'évolution de notre continent , le rôle de l'intelligentsia n'est pas des moindres . Il est à l'image de ce que les Didérot , d'Alembert , Montesquieu.......auraient ete pour la revolution française qui somme toute demeure une référence universelle . Nous serons tous coupables devant ce lugubre tableau politique de notre continent . Un veritable travail d'information , de formation , de conscientisation des masses populaires s'impose . Si chaque intellectuel africain jouait sa partition en travaillant à former les masses et en se formant , notre combat pour une Afrique libre , démocratique et prospère ne serait pas une chimère .
Dans notre souci de clarté discursive , donnons de succintes définitions d'autocratie et dynastie :
" Une autocratie est un régime politique ou un seul individu détient le pouvoir, alors qualifié de pouvoir personnel et absolu. Etymologiquement, autocratie signifie " qui tire son pouvoir (cratie) de lui-même (auto) ". L'autocratie est donc un pouvoir qui n'a d'autre justification et légitimité que lui-même ."
"Dynastie, qui vient du grec dunasteia , succession de souverains qui ont une même famille . Succession de personnes célèbres d'une même famille."
Le scenario togolais
Après trente-huit ( 38 ) ans de pouvoir autocratique , " Papa" Etienne Gnassingbe Eyadéma tire sa révérence à la suite d'une crise cardiaque fatale . Nous avons tels des naïfs cru que le rideau venait de se tirer sur une page de l'histoire de ce peuple togolais qui avait tant souffert de l'unanismisme , du corset idéologique dans lequel Eyadéma l'avait volontairement fourré . Avec la pateline complicité et bénédiction des caciques , des courtisans-profiteurs , de la junte militaro-politique du pouvoir défunt , des anciens dignitaires de tout poils qui n'avaient d'intérêts que les leurs , le lit fut royalement fait pour la succession dynastique du pouvoir au grand damn de l'opposition togolaise qui somme toute mérite respect et admiration . Un bref rappel des faits nous semble être nécessaire . Deux heures après la mort subite d'Eyadéma , le Général Zakhari Nandja , chef d'Etat -major de l'armée togolaise , opêre un coup militaro-constitutionnel à Fambaré Natchaba Ouattara , président de l' Assemblée Nationale à qui revenait le droit constitutionnel de diriger le pays pendant les soixante jours précédant les éléctions présidentielles . Faure fut intronisé . On connait la suite de la comédie qui a été donné au pauvre peuple togolais de vivre .
La démocratie africaine a ainsi reçu un soufflet , les démocrates et aussi le Togo . En histoire il y'a rarement d'originaux mais beaucoup de copies . Nous avons in petto , souhaité que le TOGO de Faure Eyadéma ne soit pas un exemple -modèle . Mais hélas, l'histoire de nos peuples d'Afrique balbutie encore , cette fois ci au Gabon avec des variances . En somme , c'est le même schéma classique : après la mort du président-autocrate , le fils lui succède par le biais constitutionnnel ou anti-constitutionnel au mépris du peuple .
Probable scenario Gabonais
Les rampes de l'actualité politique sont aujourd'hui braquées sur le Gabon de feu Omar Bongo Odimba . Après 41 longues années de pouvoir fait d'unanimisme , Bongo a tire sa révérence non pas volontairement mais parce que la mort a voulu autrement . Deux mois après , en ce jour du 30 Août 2009 , les gabonais iront aux urnes pour se choisir le successeur du défunt président . Ali Ben Bongo , le fils et " l'héritier présomptif " est dans le starting box . Ce qui ne manque pas de faire des mécontents . "Tout sauf Ali Ben Bongo " disaient certains . Dix huit(18) candidats sont en lice après le désistement de Cinq (5) postulants en faveur de l'ex ministre de l' Intérieur André Mba Obame pour seulement 800.000 élécteurs inscrits sur une population officiellement estimée à 1,5 million d'habitants , pour un scrutin à un seul tour . Ali Ben Bongo , ex ministre de la Defense et fils de Bongo part favori . Le véritable enjeu est de lui barrer la route . Mais l'opposition disparate partant en rangs dispersés en aura -t-elle les moyens ?
Il n'est un secret pour personne que le Gabon , petit pays de l'Afrique centrale , puissance pétrolière , quatrième producteur de pétrole de l'Afrique sub-saharienne, troisième producteur mondial de manganèse et deuxième producteur africain de bois , le Gabon est un pays riche , avec un revenu annuel de près de 11 000 dollars par habitant . Le partage de ces richesses est au centre de la campagne, etant donné que + 70% de sa population vit sous le seuil de la pauvreté . La gestion autocratique de ce pays n'a pas profité à ses fils . C'est pourquoi la nécessité d'un changement s'impose . Elire Ali Ben Bongo serait assurer la continuté . Mais quelle arme l'opposition gabonaise dispose t-elle pour battre le fils de Bongo ?
-Opposition disparate
Point n'est besoin d'avoir usé ses fonds de pantalons sur les bans d'une école de science politique pour comprendre les calculs tout simples de l'enjeu des présidentielles au Gabon . Pour un scrutin à un seul tour avec 17 candidats de l'opposition en face du candidat unique du PDG , une union sacrée aurait été le maître-mot . La seule stratégie viable aurait été une candidature unique de l'opposition . Mais hélàs , les égoismes et intérêts personnels des candidats ont prévalu et ne manqueront pas de déboucher sur un échec fort probable . Et une fois de plus le pauvre peuple gabonais serait le dindon de la farce . Jean Eyeghe Ndong a appelé mardi les présidentiables de l'opposition à présenter une " candidature unique " pour battre le candidat du parti au pouvoir , Ali Bongo Ondimba . L'ex-Premier ministre a ainsi déclaré mardi à RFI (radio france internationale) : " Nous ne pouvons pas rester sourds à la demande populaire de candidature unique . Donc j'ai pense qu'il était de mon devoir (.....) de lancer un appel à mes collègues candidats de l'opposition ".
Et l'ex-candidate Anna Claudine Assayi Ayo qui lui emboite le pas et se rallie : " C'est une décision patriote .[...] Nous avons décidé de satisfaire la population gabonaise qui veut en découdre avec le système en place . " Et enfin une organisation appelée " Cri de Femmes " s'est mobilisée pour 'une candidature unique de l'opposition '. Peine perdue . Tous ces bons souhaits ont butte au mur d'égoisme des principaux candidats .
Le changement du système en place , d'une alternance politique passe nécessairement par une victoire de l'opposition . Mais avec beaucoup d'amertume nous savons d'ores et déjà que la cause est entendue eu egard à l'absence de stratégie de l'opposition gabonaise . Ali Ben Bongo sera le nouveau Président du Gabon . Nous connaissons le scenario classique : après la proclamation des résultats , on criera à la fraude massive , aux irrégularités .
Après le Togo , le Gabon , va -t-on assister à l'ébauche de nouvelles dynasties politiques après le temps des autocrates ?
"L'histoire est une galérie de tableaux ou il y a peu d'originaux et beaucoup de copies " disait Alexis de Toqueville qui aimait les formules . Au vu de la donne politique d'ensemble , il y'a tout lieu de craindre que l'épidemie ne se repande . Il y'a eu le cas togolais , apres les condamnations des uns et des autres , Faure Eyadéma se la coule douce . Le cas gabonais resemblerait à coup sur au schéma précédent . Et d'autres suivront si rien n'est fait . La carte démocratique de l'Afrique ne peut se parfaire sans un certain nombre de préalabes: -La rédefinition du rôle de l'armée dans nos pays Vu le niveau de dévéloppement de nos pays , il serait plus sage de supprimer nos armees dispendieuses qui tirent leur raison d'être dans leur obédience et allégeance aux dictateurs dont ils assurent la garde au mépris de la vie du peuple . Il n'est un secret pour personne que le rôle de l'armée en Afrique est loin d'être neutre . Celle qu'on appelle pompeusement la "Grande Muette" fait et défait le jeu politique . Etant hautement politisée , elle est dans nos pays la dernière institution sur laquelle les dictateurs , les autocrates et dictateurs se refugient face aux crises de mauvaises gouvernances et les crises de gestion de succession du pouvoir . Pourquoi ne pas allonger la liste des vingt-huit (28) pays indépendants du monde n'ayant pas d'armée en supprimant purement et simplement nos armées nationales ? En définitive , la cooperation militaire française dans le cadre du pré-carre et nos armées nationales ont constitué de véritables pestes pour le développement politique de notre continent .
-
La disqualification de tout militaire du jeu politique serait à notre sens une avancée notable . Le cas actuel de la Mauritanie , veritable pied de nez à la démocratie , est une source d'inspiration et de reflexion profonde . -
La disqualification des anciens dignitaires de tout régime autocratique, dynastique ou dictatorial : ceux -la qui sont restés dans l'appareil étatique avec les tyrans pour piller et massacrer leurs pays peuvent ils tourner casaque et devenir du coup crédibles ? Sonnons le glas de l'opportunisme politique. Qu'on arrête de faire de la politique une profession . Que les avides de pouvoir apprennent à se reconvertir . On peut servir son pays a tous les niveaux quand la fibre patriotique qui nous anime est réelle .La formation et l' information du citoyen lamda quant à la connaissance de la chose politique est l'une des conditions sine- qua -non du développement politique auquel nous aspirons . Le citoyen bien formé et informé devient une citadelle imprenable devant les vélléïtés d'achat de sa conscience . Il sait que dans le jeu démocratique , il compte , sa voix aussi . Il n'achètera plus le vent mais accordera son suffrage selon le projet de société qu'on lui propose . -
La formation morale et civique de la classe politique : que la politique cesse d'être un tremplin pour assouvir des intérêts personnels et égoistes . Que la politique soit restituée dans son acception originelle : celle de gérer les affaires du pays . Seule doit prévaloir l'intérêt supérieur du pays . Le clientélisme , la corruption , le copinage , le nepotisme , la gabégie ......doivent être condamnés avec la derniêre rigueur .
Que tous les fils d'Afrique , soucieux de sa liberté , de son développement , de son progrès et du bonheur de nos peuples s'éveillent et participent au combat . Le rêve est permis .
Ouattara Fatogoma Mohamed
fouattara2@comcast.net
New Jersey , USA

No comments:

Post a Comment